Partir sur Mars a toujours été l’objectif des États-Unis depuis qu’ils ont marché sur la Lune. Mais depuis l’épopée Apollo, les programmes martiens coûteux de la Nasa n’ont jamais pu être financés. Avec la fin annoncée de l’ISS, la Nasa devrait retrouver une certaine aisance financière qui pourrait bien lui ouvrir la porte de Mars. Un rapport de la Planetray Society fait le point sur cette question.

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    Dans son dernier rapport sur l'opportunité et la faisabilité technique et financière d'envoyer des humains à destination de Mars, la Planetary Society se dit convaincue qu'une mission habitée est du domaine du possible à l'horizon de la décennie 2030. Ce rapport sera rendu public dans le courant de l'année.

    Pour cette association américaine de soutien à la recherche spatiale, avec la fin annoncée de l'exploitation de la Station spatiale internationale (ISS) vers 2024, la Nasa devrait retrouver une certaine aisance financière qui lui permettra d'envoyer des Hommes à destination de la Planète rouge et de mener à bien sa mission de capture d'un astéroïde. Les précédents projets, notamment la Space Exploration Initiative (en 1992) et la Vision for Space Exploration (en 2004), se sont heurtés à des difficultés financières inattendues et considérables. En effet, en 1992, Georges Bush père fut confronté à la première guerre du Golfe, et près de 10 ans plus tard, son fils Georges W. mena les guerres post-11 septembre en Irak et en Afghanistan. Quant à son successeur, Barack Obama, ses ambitions spatiales furent freinées par la plus grande crise économique et financière depuis celle de 1929.

    Aujourd'hui, l'horizon américain se dégage et le patron de la Nasa, Charles Bolden, ne cesse de répéter qu'une mission habitée vers Mars est une priorité pour l'agence spatiale. Cela dit, souligne ce rapport, les obstacles sont nombreux. Si la crise financière s'estompe aux États-Unis, les difficultés techniques et d'ingénierie sont bien présentes. Les trois points durs sont la phase de la rentrée atmosphérique martienne, le décollage depuis Mars pour le voyage du retour et les effets biologiques et psychologiques qui affecteront les astronautes lors de leur voyage aller-retour.

    C'est pourquoi la Planetary Society recommande une première mission qui se contentera de seulement tourner autour de la planète et de ses luneslunes sans y atterrir. L'idée est de limiter les risques technologiques d'une mission sur Mars en acquérant une certaine expérience d'un voyage interplanétaire afin de préparer au mieux celle prévue en 2039 qui atterrira sur la Planète rouge avec un autre équipage. À ce besoin technique indispensable, la Nasa greffera un important programme scientifique d'étude de Mars et de ses deux satellites, Phobos et DeimosDeimos. Un retour d'échantillons sera possible étant donné qu'à cette époque les technologies nécessaires auront été mises au point pour la mission de capture d’un morceau d’astéroïde.

    Si l’exploitation de la Station spatiale internationale empêche le financement d’une mission humaine à destination de Mars, sans ce complexe orbital la Planète rouge serait toutefois difficilement atteignable. C’est pourquoi jusqu’à la fin de sa vie, l’ISS sera notamment utilisée pour tester des technologies nécessaires aux voyages martiens et comprendre les effets sur la santé des astronautes. © Nasa

    Si l’exploitation de la Station spatiale internationale empêche le financement d’une mission humaine à destination de Mars, sans ce complexe orbital la Planète rouge serait toutefois difficilement atteignable. C’est pourquoi jusqu’à la fin de sa vie, l’ISS sera notamment utilisée pour tester des technologies nécessaires aux voyages martiens et comprendre les effets sur la santé des astronautes. © Nasa

    Un centre d’intérêt commun à d’autres pays

    Étant donné l'intérêt que cette destination suscite chez d'autres nations et que Mars n'est ni un enjeu militaire, ni un enjeu économique, mais un formidable objectif scientifique et un moyen à bon compte de rapprocher les peuples, ce programme devra être réalisé dans le cadre d'un partenariat ouvert à un très grand nombre de pays étrangers. Il sera évidemment réalisé sous le leadership des États-Unis qui, sans surprise, supporteront la plus grande partie des coûts et apporteront l'essentiel des technologies nécessaires.

    Ce programme devrait également s'ouvrir au secteur privé bien plus qu'aucun autre de cette envergure ne l'a fait auparavant. Dans le cadre de partenariats publics-privés, des entreprises seront amenées à prendre des risques financiers sans garantie de retour sur investissement à très court terme.

    Certes, un voyage humain vers Mars nécessite de nombreuses technologies non encore maîtrisées et des données sur la santé des astronautes que l'on ne possède pas encore et 2030 peut paraître un objectif trop court (c'est dans seulement quinze ans), mais les milliards de dollars dépensés lors des précédents programmes martiens ne l'ont pas été inutilement. Les innovations et les avancées technologiques qui en ont découlé sont éparpillées un peu partout aux États-Unis, dans des universités, des laboratoires privés et publics et jusque dans des centres de la Nasa. Le jour où l'agence spatiale américaine décidera de rassembler et d'organiser ces briques technologiques autour d'un même but, le développement du programme devrait être bien plus rapide qu'on ne le pense.

    Enfin, si la Planetary Society pourrait se réjouir de la fin annoncée de la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale, elle souligne que ce complexe orbital est également une des pièces maîtresses du programme pour atteindre Mars. Au cours des dix prochaines années, l'ISS sera notamment utilisée pour tester et évaluer de nombreuses technologies nécessaires aux voyages humains vers Mars et étudier les effets biologiques et psychologiques des voyages spatiaux dans le cadre de séjours de longues durées, à l'instar de celui d'un an qui vient tout juste de débuter.