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Deimos est l'une des deux lunes de Mars qui n'ont été découvertes que dans la seconde moitié du XIXe siècle, plus précisément en 1877 et à quelques jours d'intervalle pendant le mois d'août, par l'astronomeastronome états-unien Asaph Hall. Leurs noms furent initialement suggérés à Hall par Henry Madan, professeur au collège d'Eton, d'après le livre XV de l'Iliade. Hall les appela donc Phobos et Deimos, c'est-à-dire les jumeaux que le dieu Arès (Mars dans la mythologie romaine) eut de la déesse Aphrodite, et qui sont donc des divinités mineures de la mythologie grecque, signifiant respectivement en grec la Peur et la Terreur.
PhobosPhobos et Deimos ont plus de ressemblance avec les astéroïdes qu'avec la Lune de la Terre de par leurs petites tailles, entre 10 et 30 kilomètres environ, leurs formes irrégulières et l'aspect de leurs surfaces. Possédant un spectre bien particulier, on peut même les rapprocher des astéroïdes de type C ou D qui sont vraisemblablement les parents de certaines chondrites carbonées.
Une présentation de Phobos et Deimos. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Dreksler Astral
Phobos et Deimos, une composition et une origine problématique
Toutefois, les caractéristiques orbitales de Phobos et Deimos ne cadrent pas avec l'hypothèse qui en ferait des astéroïdes capturés par Mars. Elles cadrent bien avec celle qui en ferait des objets qui se seraient accrétés à partir d'un anneau de matière produit par une collision entre Mars et un corps céleste. Un scénario analogue à celui proposé pour expliquer l'origine de la Lune par une collision entre la Terre et une petite planètepetite planète de la taille de Mars, baptisée ThéiaThéia, a donc aussi été avancé.
Selon l'astrophysicienne Robin Canup, les nouvelles simulations rendent particulièrement bien compte des caractéristiques de Phobos et Deimos (la très faible inclinaison et excentricitéexcentricité orbitale des orbitesorbites des deux satellites), si l'on imagine un impact avec un corps céleste de moins grande taille qu'initialement considérée. Il suffirait d'une collision entre Mars et un objet dont la taille serait comprise entre celle de Vesta et Cérès, c'est-à-dire entre 500 et 1.000 kilomètres de diamètre environ. Mais cela implique que les deux lunes soient formées pour l'essentiel de matériaux issus de Mars, ce qui ne collerait pas vraiment avec la signature spectrale de Phobos et Deimos. On peut cependant expliquer ce paradoxe en faisant intervenir l'érosion spatiale avec le vent solairevent solaire ou tout simplement en admettant que les chercheurs français ont raison. Ils ont remis en cause les signatures spectrales des deux lunes qui seraient en fait compatibles avec celles de Mars.
Une autre conséquence de l'hypothèse de la collision est que Phobos et Deimos devraient être très pauvres en eau puisqu'elles proviendraient de matériaux chauffés à hautes températures par cette collision. Pour véritablement trancher entre les hypothèses, il faudrait bien mieux connaître la composition des deux lunes.
Et c'est précisément ce que se propose de faire la mission MMX (Martian Moons Exploration)), notamment en rapportant sur Terre un échantillon d'au moins dix grammes du sol de Phobos, prélevé à une profondeur d'au moins deux centimètres sous la surface.