Malgré un rapport pessimiste sur les capacités de la Nasa à envoyer des humains fouler le sol martien dès 2033, Jim Bridenstine, l’administrateur de la Nasa se veut bien plus optimiste. Lors d'un discours prononcé à l'occasion des 50 ans d'Apollo 11, il a une nouvelle fois fixé 2033 comme objectif pour envoyer une mission vers la Planète rouge.

 


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    L'administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine, a profité des 50 ans d'Apollo 11Apollo 11 pour faire le point sur les programmes habités de la Nasa à destination de la Lune et de Mars. Bien que certains experts doutent que la Nasa soit en mesure de garantir un atterrissage d'astronautes sur la Lune d'ici cinq ans comme le veut le président Trump, la mission Artemis visant un retour sur la Lune en 2024 est sur les rails, et 2033 est l'objectif de la Nasa pour envoyer des Hommes sur Mars.

    Ce n'est pas la première fois que le boss de la Nasa annonce qu'un premier pas sur Mars à cette date est possible. L'annonce d'aujourd'hui à cela d'intéressant qu'elle arrive après la publication d’un rapport du Science and Technology Policy Institute qui conclu que l'agence n'a aucune chance d'envoyer des humains sur Mars à cet horizon. Au mieux, une première mission habitée pourrait être réalisée avant la fin de la décennie 2030, peut-être lors de la fenêtrefenêtre de tir de 2037, mais de façon plus réaliste en 2039. Et ce n'est pas qu'une question budgétaire qui pose souci, Science and Technology Policy Institute souligne que « même sans contraintes budgétaires, une mission orbitale pour Mars 2033 ne peut pas être programmée de manière réaliste dans le plan actuel et théorique de la Nasa, qui ne peut évidemment pas tout faire ». Nombre de personnes estime qu'à moins d'un effort de l'ampleur du programme Apollo, la Nasa ne pourra pas y arriver.

    « La Lune est notre banc d’essai pour notre future mission vers Mars. C’est pour cela que nous allons sur la Lune ». Jim Bridenstine, patron de la Nasa

    La Lune, tremplin pour marcher sur Mars

    Loin de décourager Jim Bridenstine, et même si aucun programme a officiellement été approuvé, le patron de la Nasa rappelle que l'agence «  travaille à l'élaboration d'un plan détaillé sur la manière de mener une mission sur Mars à l'aide des technologies qu'[elle va] prouver sur la Lune ». Concernant le rapport du Science and Technology Policy Institute, Bridenstine veut croire qu'il y a des «  hypothèses dans ce rapport avec lesquelles tout le monde n'est peut-être pas d'accord » et qu'il existe des « alternatives qui permettent une mission sur Mars en 2033 », a-t-il déclaré. 

    Si la fenêtre de tir de 2033 intéresse la Nasa, c'est que toutes les fenêtres de tir pour rejoindre Mars ne se valent pas. Tous les « vingt-cinq mois et demi, il y a de bonnes fenêtres et de mauvaises fenêtres » explique Francis RocardFrancis Rocard, responsable du programme d'exploration du Système solaire au Cnes, dans une interview accordée à Courrier International (septembre 2018). Concrètement, les « bonnes fenêtres ont lieu tous les quinze ans ». C'est le cas, par exemple des fenêtres de tir de 2003, celle qu'a utilisée Mars Express, celle de 2018 utilisée par Insight, et celle de 2033, précise l'astrophysicienastrophysicien du Cnes : « Tous les quinze ans, vous avez une fenêtre intéressante sur le plan énergétique qui permet à la sonde que vous envoyez d'être un peu plus lourde, à fuséefusée égale ».


    La Nasa promet la Lune dans 5 ans et Mars en 2033 !

    Article de Futura avec AFP-Relaxnews, publié le 03/04/2019

    Probablement secoué par la mise au point du président Trump, Jim Bridenstine, l'administrateur de la Nasa, vient de confirmer que l'agence s'est fixée pour objectif de poser un Homme sur Mars d'ici 2033.

    « Le retour d'astronautes américains sur la Lune vise à préparer l'arrivée du premier humain sur Mars en 2033, a déclaré ce mardi l'administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine, lors d'une audition au Congrès américain. En avançant l'atterrissage sur la Lune, nous pouvons avancer l'atterrissage sur Mars. La Lune constitue pour nous le banc d'essai ».

    La Nasa compte en effet apprendre à extraire et exploiter les tonnes de glace présentes au pôle sud de la Lune. « La glace d'eau représente de l'airair à respirer, de l'eau à boire, du carburant, a indiqué le patron de l'Agence spatiale. L'objectif n'est pas seulement de ramener des humains sur la surface lunaire mais de prouver que nous pouvons travailler et vivre sur un autre monde ».

    Pour répondre à la présidente de la commission des sciences de la Chambre des représentants qui demandait combien cela coûtera d’envoyer des Hommes sur Mars dès 2033, le patron de la Nasa a annoncé qu’il mettra à jour sa demande de budget avant le 15 avril. © AlexAntropov86, Pixabay License
    Pour répondre à la présidente de la commission des sciences de la Chambre des représentants qui demandait combien cela coûtera d’envoyer des Hommes sur Mars dès 2033, le patron de la Nasa a annoncé qu’il mettra à jour sa demande de budget avant le 15 avril. © AlexAntropov86, Pixabay License

    De la Lune à Mars

    Rappelons que l'Agence spatiale américaine est plongée dans l'urgence depuis la semaine dernière, quand le président Trump a raboté de quatre ans le calendrier du retour sur la Lune. Il a porté l'échéance de 2028 à 2024. Mais beaucoup d'experts et d'élus doutent de la capacité de la Nasa à tenir cette nouvelle date butoir, en raison des retards du développement de la fusée qui doit servir pour les missions lunaires, le Space Launch System (SLS) construit par Boeing.

    Loin des trois jours qu'il faut pour aller sur la Lune, une mission pour Mars durera au moins deux ans, en raison de la distance. Le trajet aller prendra à lui seul six mois. L'aller et le retour vers Mars ne peuvent par ailleurs se faire que lorsque la planète rouge se situe du même côté du SoleilSoleil que la Terre, soit tous les 26 mois environ, ce qui tombera en 2031, 2033, etc.

    Voyage vers Mars : combien de temps faut-il pour y aller ?


    La Nasa veut envoyer des Hommes sur Mars via la Lune

    Entre mars et avril, la Nasa a dévoilé ses plans pour l'exploration humaine de la Lune et du système martien. Elle a rendu publics le calendrier des missions d'assemblage et de logistique ainsi que celui des missions habitées. Objectif final : aller sur Mars au cours de la décennie 2030.

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt paru le 24/04/2018

    La Nasa veut envoyer des Hommes sur Mars via la Lune dès 2033. En 1993, l'Homme réfléchissait déjà à des habitats martiens. © Nasa
    La Nasa veut envoyer des Hommes sur Mars via la Lune dès 2033. En 1993, l'Homme réfléchissait déjà à des habitats martiens. © Nasa

    Aux États-Unis, chaque nouveau président a sa vision personnelle du programme d'exploration humaine de l'espace. En 2010, Barack Obama avait abandonné le programme ConstellationConstellation, mis en place en 2004 par George W. Bush, qui prévoyait le retour sur la Lune et les premières missions habitées vers Mars. Il avait préféré donner la priorité à des missions habitées vers des astéroïdesastéroïdes et les lunes de Mars, qui pourraient être utilisées pour préparer l'envoi d'un équipage international sur la Planète rouge. Il avait également décidé de confier au secteur privé la desserte de l'orbiteorbite basse, que ce soit pour transporter du fret ou des Hommes, avec les taxis de l'espace de Boeing et SpaceXSpaceX. Obama a aussi chargé la Nasa de concevoir un système de transport pour l'exploration. Ce sera le lanceurlanceur SLS (Space Launch System) et le véhicule Orion, que Donald Trump n'a pas remis en cause.

    Bien qu'il ait fait de Mars un objectif, le président actuel des États-Unis veut quant à lui d'abord retourner sur la Lune et se servir de notre satellite naturel comme tremplin pour atteindre la Planète rouge. Début mars, la Nasa a rendu publique une feuille de route avec l'objectif final d'une mission habitée vers Mars au cours de la décennie 2030.

    D'ici là, il est prévu la réalisation de missions dans l'environnement lunaire, l'assemblage de la passerelle vers l'espace profond (Deep Space Gateway), qui nécessitera quatre missions, et la constructionconstruction, en orbite, du système de transport pour l'espace profond. Ce dernier est un véhicule de plus de 41 tonnes qui servira aux voyages allers-retours à destination de Mars ; il est dimensionné pour trois missions martiennesmissions martiennes et supportera, pour chaque mission, un équipage de quatre astronautes pendant 1.000 jours. 

    Le <em>Deep Space Gateway</em> est un projet de station proche de la Lune. © Nasa
    Le Deep Space Gateway est un projet de station proche de la Lune. © Nasa

    Cinq phases pour amener la Nasa et ses partenaires sur Mars

    Cette passerellepasserelle vers l'espace profond est l'élément central de stratégie lunaire de la Nasa. Il s'agit de la structure orbitale qui doit succéder à la Station spatiale internationale (ISS), dont le financement sera terminé en 2024, voire 2028. La Station ne sera évidemment pas désorbitée du jour au lendemain. La Nasa et ses partenaires étudient des solutions alternatives, comme la céder en partie à des entreprises privées, l'utiliser à d'autres fins ou, autre exemple, séparer la partie russe, comme l'étudie Roscosmos.

    Fin mars, était rendue publique la feuille de route des missions du lanceur SLS et du véhicule OrionOrion. Cinq phases sont prévues :

    • Phase 1 : utilisation de la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale comme banc de test et recensement des ressources lunaires disponibles susceptibles d'être exploitées et utilisées pour les étapes suivantes de l'exploration.
    • Phase 2 : missions et activités humaines à proximité et autour de la Lune. Début de l'assemblage du Deep Space Gateway et du système de transport pour l'espace profond.
    • Phase 3 : fin de la construction du système de transport pour l'espace profond et conduite des premières missions martiennes de test, c'est-à-dire qu'elles seront réalisées à proximité de la Lune.
    • Phases 4 et 5 : premières missions à destination du système martien et à la surface de Mars. La lune PhobosPhobos pourrait être la première destination.

    Téléchargez le planning des missions (PDF en anglais) d'assemblage et des vols habitésvols habités prévus, d'aujourd'hui jusqu'à la première mission à destination de Mars.


    La Nasa n'arrivera pas à envoyer des Hommes sur Mars, dit le NRC

    Article de Rémy Decourt publié le 15/06/2014

    Envoyer des Hommes fouler le sol de Mars restera un rêve durant de nombreuses décennies si le programme martien de la Nasa reste en l'état. C'est la conclusion du dernier rapport du Conseil national de la recherche des États-Unis, pour qui la stratégie de l'agence spatiale pour envoyer des humains sur Mars en 2035 est vouée à l'échec.

    Les enfants qui en 1969 se sont émerveillés des exploits des astronautes des missions Apollo débarquant sur la Lune n'ont guère de chances de voir des humains fouler le sol rouge de la planète Mars. C'est en substance la conclusion à laquelle nous incite à penser le dernier rapport du Conseil national de la recherche (NRC pour National Research Council) des États-Unis sur la stratégie de la Nasa pour envoyer des humains sur Mars.

    Pour les experts qui ont planché pendant 18 mois sur ce sujet, il ne fait guère de doute qu'en l'état, le programme martien de la Nasa ne parviendra pas envoyer des humains sur Mars. Cela s'explique par un budget contraint, une incohérence dans les orientations en matièrematière de développement des technologies nécessaires à la réalisation de cette mission et l'absence d'une volonté politique forte. En effet, si tous les points durs sont connus et identifiés, force est de constater que la Nasa se cantonne à développer les seules technologies nécessaires à ses besoins de court terme.

    Les conclusions de ce rapport, rédigé à la demande du Congrès, ne sont évidemment pas à prendre à la légère. Pour comprendre sa portée, il faut savoir que le NRC est un organisme chargé de conseiller le gouvernement en matière d'éducation, d'acquisition et de diffusiondiffusion des connaissances dans les domaines des sciences, de l'ingénierie, de la technologie et de la santé. Ses avis sont souvent suivis d'effets et influencent les décisions politiques.

    Juillet 1969 : premier débarquement humain sur la Lune. Alors que le cinquantième anniversaire de cet événement majeur de la conquête spatial se profile, d'aucuns se demandent si Mars sera atteinte ces cinquante prochaines années. © Nasa
    Juillet 1969 : premier débarquement humain sur la Lune. Alors que le cinquantième anniversaire de cet événement majeur de la conquête spatial se profile, d'aucuns se demandent si Mars sera atteinte ces cinquante prochaines années. © Nasa

    Trois scénarios pour atteindre Mars

    Pour parvenir à l'objectif d'envoyer des humains sur cette planète, il préconise de le faire par étape et propose trois scénarios. En parallèle, il suggère d'augmenter le budget de la Nasa dédié à l'exploration humaine d'au moins 5 % chaque année et d'élargir la coopération internationale à la Chine et à de nouveaux entrants, comme l'Inde par exemple, et la renforcer avec la Russie et l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne. Enfin, si les membres de ce rapport ne sont pas convaincus par les initiatives privées d'y aller seul, il recommande néanmoins d'associer le privé, sous une forme à trouver.

    Les deux premiers scénarios envisagent de renvoyer des astronautes sur la Lune, une destination abandonnée par le président Obama dès sa prise de fonction lors de son premier mandat. L'idée est d'utiliser et d'adapter à Mars les technologies qui seraient développées pour rejoindre la Lune et y habiter.

    Le troisième scénario est celui sur lequel travaille actuellement la Nasa. Il consiste à capturer et rediriger l'astéroïde entre la Terre et la Lune afin de faciliter son exploration et son utilisation. C'est celui que le NRC préfère le moins, jugé comme une impasse car la plupart des technologies développées ne seront d'aucune utilité, notamment pour habiter et travailler sur Mars.