Comment éviter de brûler 200 milliards de dollars ? C'est une question que vont se poser les agences spatiales partenaires du programme de la Station spatiale internationale lorsqu'elles donneront le feu vert à sa désorbitation et à une plongée sans précédent dans l'océan Pacifique. Peut-être en réutilisant cette vaste infrastructure, en partie ou en totalité, pour la transformer en un hôtel autour de la Terre ou en base spatiale près de la Lune.

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    Lorsque qu'en 1998 sont lancés les deux premiers modules russes et américains de la Station spatiale internationale, sa désorbitation n'est pas encore à l'ordre du jour. La fin officielle de la Station n'est d'ailleurs toujours pas officiellement programmée. On s'attend à ce que la Nasa la désorbite avant la fin de la décennie 2020. En effet, bien qu'elle soit financée jusqu’en 2024, il est prévu d'utiliser la Station jusqu'en 2028, sauf panne ou incident significatif.

    Sa destruction n'est cependant pas la seule issue. D'autres scénarios sont à l'étude pour le maintien en orbite de tout ou partie de cette infrastructure. L'agence spatiale russe a dans l'idée de séparer la partie russe de l'ISSISS et d'intégrer de nouveaux modules qui seront utilisés à des fins touristiques, comme chambre d'hôtes. Une activité qui servira à financer le coût d'entretien du complexe orbitalcomplexe orbital et son utilisation à des fins scientifiques. Côté américain, des entrepreneurs privés souhaitent utiliser la partie occidentale de l'ISS également à des fins touristiques et scientifiques.

    Lorsque la Station sera désorbitée, quelque 200 milliards de dollars (près de 190 milliards d'euros) partiront en fumée. Le lendemain, la Nasa aura besoin d'une ligne de crédit d'environ 100 milliards de dollars pour débuter un programme international de remplacement. © ESA, D. Ducros

    Lorsque la Station sera désorbitée, quelque 200 milliards de dollars (près de 190 milliards d'euros) partiront en fumée. Le lendemain, la Nasa aura besoin d'une ligne de crédit d'environ 100 milliards de dollars pour débuter un programme international de remplacement. © ESA, D. Ducros

    Comment éviter la difficile désorbitation de l'ISS ?

    Quant à Boeing, il veut récupérer certains modules et les amener, à l'aide d'un véhicule de service, au point de Lagrange 2 du système Terre-Lune. Une idée pas aussi saugrenue qu'il y paraît. Le Cnes s'y intéresse, et travaille actuellement sur un futur véhicule orbital à propulsion électrique qui pourrait servir de remorqueur spatial. Une étude a démontré qu'il serait capable d'une telle manœuvre. Bien que ce programme ne soit pas officiellement lancé, des concepts de remorqueur spatial électrique, d'une puissance de quelques kilowatts à une centaine de kilowatts, sont à l'étude en Allemagne, en France et en Italie. L'étude du Cnes a permis de réaliser un dimensionnement préliminaire d'un remorqueur spatial capable de réaliser cette manœuvre qui durerait environ un an.

    Ces idées alternatives à la désorbitation de la Station sont surveillées de près par la Nasa qui y trouve un intérêt. D'une part, c'est là un moyen à bon compte de donner une seconde vie à un programme emblématique de la coopération spatialecoopération spatiale internationale. D'autre part, ces solutions réduiraient le nombre de modules à désorbiter. En effet, la rentrée destructive de l'ISS ne sera pas une mince affaire. Sa masse dépasse les 400 tonnes et avec son envergure de 109 m, elle est aussi vaste qu'un terrain de football. « Personne ne sait exactement comment vont se comporter les modules lors de leur désintégration dans l'atmosphèreatmosphère », nous expliquait en février 2015 Massimo Cislaghi, responsable de la mission ATVATV-5 qui devait préparer la rentrée destructive de l'ISS.