C'est le 24 avril 1990 que le télescope spatial Hubble quittait Cap Canaveral à bord de la navette Discovery pour rejoindre son orbite. Retour sur deux décennies de découvertes.


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    Quand on admire les images réalisées par le télescope Hubble aujourd'hui, on a du mal à imaginer que ses débuts furent chaotiques. Lorsqu'il s'envole en avril 1990, cet instrument, dont le miroir a un diamètre de 2,40 mètres, dort depuis 7 ans dans un hangar californien... La catastrophe de la navette ChallengerChallenger en 1986 a en effet retardé tout le programme spatial américain et c'est donc un instrument vieilli que l'on met en orbite. L'évolution technologique permet de fabriquer en 1990 des équipements bien plus efficaces que ceux déjà en place sur le télescope spatialtélescope spatial.

    Mais les astronomesastronomes en sont convaincus : ce télescope de 11 tonnes, nommé en l'honneur de l'astronome Edwin Hubble, leur offrira un bond prodigieux dans le cosmoscosmos. Loin de toute turbulence, à 600 kilomètres d'altitude, il offrira une résolutionrésolution meilleure que 0,1 seconde d'arc. De quoi surpasser tous les instruments existants et observer dans des longueurs d'onde inaccessibles au sol.

    C'est pour cela qu'Américains et Européens n'ont pas hésité à investir près de trois milliards de dollars dans l'opération en choisissant ce qui se fait de mieux : miroir poli à la main dans un berceau qui compense la rotation terrestre, système de pointage permettant de fixer la même cible astronomique pendant 24 heures avec une très grande précision... Rien n'est trop beau pour le télescope Hubble.

    Il a fallu attendre 1993 et la première mission de maintenance assurée par la navette <em>Endeavour</em> pour que le télescope spatial <em>Hubble</em> soit corrigé de sa myopie, trois ans après sa mise en orbite. (Cliquer sur l'image pour l'angrandir.) Crédit Nasa
    Il a fallu attendre 1993 et la première mission de maintenance assurée par la navette Endeavour pour que le télescope spatial Hubble soit corrigé de sa myopie, trois ans après sa mise en orbite. (Cliquer sur l'image pour l'angrandir.) Crédit Nasa

    Il faut sauver le soldat Hubble

    Pourtant les astronomes vont vite déchanter : les premières images réalisées en orbite sont floues ! Pour faire une petite économie, chaque partie optique a été testée sur Terre, mais pas l'ensemble monté. Résultat, le télescope est myope : Hubble a besoin de lunettes. En attendant une mission de maintenance on le cantonne à des observations dans l'infrarougeinfrarouge et l'ultravioletultraviolet.

    En décembre 1993, une navette le rejoint avec à son bord une équipe d'astronautesastronautes chargés d'installer différents instruments sur Hubble, dont Costar, un correcteur optique. La mission est un succès. Le télescope délivre enfin les images qu'on en attendait. Quatre autres missions de maintenance auront lieu en 1997, 1999, 2002 et la toute dernière en 2009, STS-125. A chaque fois des équipements vieillissants sont remplacés par les astronautes : caméras, spectrographesspectrographes, gyroscopesgyroscopes, senseurssenseurs de guidage, ordinateursordinateurs, panneaux solaires...

    Au cours de l'été 1994, le télescope <em>Hubble</em> observe les cicatrices laissées sur Jupiter par les morceaux de la comète Shoemaker-Levy 9. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir.) Crédit Nasa/HST
    Au cours de l'été 1994, le télescope Hubble observe les cicatrices laissées sur Jupiter par les morceaux de la comète Shoemaker-Levy 9. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir.) Crédit Nasa/HST

    Quelques découvertes majeures

    Ces vingt années d'observations ont permis la réalisation de très nombreuses images avec le télescope Hubble dont la NasaNasa se sert habilement pour communiquer. Le site du télescope Hubble en regorge. Au-delà de leur beauté, ces clichés sont avant tout des documents scientifiques à l'origine de nombreuses découvertes.

    Souvenez-vous : en 1994, les astronomes assistent à l'impact sur JupiterJupiter de la comètecomète Shoemaker-Levy 9Shoemaker-Levy 9. Du 16 au 22 juillet, les fragments de la comète percutent l'un après l'autre l'atmosphèreatmosphère jovienne, provoquant de gigantesques explosions suivies en direct grâce au télescope Hubble.

    En 1995, 1998 et 2004 les astronomes mobilisent l'instrument pour faire trois sondages profonds dans l'UniversUnivers. De très longues poses, durant plusieurs jours, révélent l'uniformité du cosmos, peuplé de centaines de milliards de galaxiesgalaxies observables dans toutes les directions.

    Ce champ ultra-profond réalisé par <em>Hubble</em> en 2004 est la plongée la plus lointaine jamais réalisée dans l'Univers (cliquer sur l'image pour agrandir). Les galaxies les plus jeunes de ce petit coin de la Grande Ourse ont 800 millions d'années seulement. Crédit Nasa/Esa/S. Beckwith/<em>HUDF Team</em>
    Ce champ ultra-profond réalisé par Hubble en 2004 est la plongée la plus lointaine jamais réalisée dans l'Univers (cliquer sur l'image pour agrandir). Les galaxies les plus jeunes de ce petit coin de la Grande Ourse ont 800 millions d'années seulement. Crédit Nasa/Esa/S. Beckwith/HUDF Team

    En 2006, c'est l'étude de la collision entre deux amas de galaxiesamas de galaxies par le télescope Hubble qui apporte l'une des preuves les plus solidessolides de l'existence de la matière noire. On pourrait poursuivre l'énumération encore longtemps : planètes du Système solaireSystème solaire, comètes, astéroïdesastéroïdes, supernovaesupernovae, galaxies ordinaires ou rares, rien n'a échappé à l'œilœil perçant du télescope Hubble depuis 20 ans.

    En attendant que le James Webb Telescope ne prenne la relève, Hubble continuera à nous faire rêver par ses images, dont nous avons rassemblé les plus emblématiques dans une galerie photos.