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Calanques, arches, grottes, dolines et poljés façonnent le paysage sous-marin de la côte méditerranéenne, faisant de la Provence un site géologique privilégié de la plongée.
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Calanques, arches, grottes, dolines et poljés façonnent le paysage sous-marin de la côte méditerranéenne, faisant de la Provence un site géologique privilégié de la plongée.
Les célèbres paysages des calanques apparaissent comme la résultante de deux facteurs, l'ingression marine des littoraux à la fin de la dernière glaciation et la surimposition des vallées littorales aux zones broyées par les failles et les fractures. Sous la mer, la verticalité des tombants est interrompue par des replats d'érosion (Figure 22 et 23).
Cette morphologie en escalier est une autre composante des paysages sous-marins. L'étude statistique de cet étagement à été conduit en Provence, en Corse et sur l'île d'Elbe en mettant en évidence une séquence type avec des replats centrés autour des profondeurs suivantes : -11 m, -17 m, -25 m, -35/-36 m, -41 m, -46 m, -50/55 m.
Cet étagement (Figure 24) a été interprété comme une séquence de paléorivages creusés lors de la transgression finiglaciaire et holocène, initiée à Marseille par un cordon littoral carotté à -100 m au sud de l'île de Planier. Ce cordon littoral a été daté, au carbone 14, de 13.800 ans BP (avant le présent) à partir de coquilles de moules. Une séquence d'encoches littorales étagée a été observée près de Bandol (port d'Alon) par le biologiste Jacques Laborel à -7 m, -25 m et -35 m (Figure 25).
Au cap Morgiou, la grotte Cosquer, semi-immergée, et seulement accessible en plongée, doit sa célébrité à des dessins au fusain et des gravures. Les animaux représentés, chevaux, bouquetins, bisons, aurochs, antilopes saïgas et cervidés, renvoient aux collines et aux plaines englouties du Dernier Maximum glaciaire (18.000 BP, avant le présent) mais aussi aux paysages littoraux (phoques et pingouins) qui s'étendaient à une quinzaine de kilomètres vers le sud. L'archéologie nous montre que dans la région, l'exploitation des poissons et des coquillages remonte au moins au Paléolithique supérieur (abri de Carry-le-Rouet) et se poursuit au Néolithique (sablière de l'île de Riou et fouilles de la butte Saint Charles à Marseille).
Les facteurs géologiques déterminent l'essentiel du paysage littoral et sous-marin. Ces paysages sont aussi perçus à travers des facteurs plus fluctuants comme le régime des vents et des courants marins. Si ces facteurs atmosphériques influencent, à une échelle très courte, la perception immédiate de l'observateur (lumière, hygrométrie, couverture nuageuse), les rythmes climatiques saisonniers et cycliques y ajoutent, pour leur part, une touche temporelle.