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    L'âge du bronze peut se diviser en trois parties : le bronze ancien, le bronze moyen et le bronze final. L'âge de bronze est la période qui suit l'âge de cuivre et qui précède l'âge de fer.

    Ustensiles de cuisine en cuivre. © Ankitasiddiqui, Pixabay, DP
    Ustensiles de cuisine en cuivre. © Ankitasiddiqui, Pixabay, DP

    L'âge du cuivre 

    Il correspond au Chalcolithique des préhistoriens français, c'est l'Éonéolithique des Italiens. Il désigne l'industrie métallurgique naissante. La production demeure en pierre et en os même si on travaille déjà quelques métauxmétaux : le cuivre, l'or et l'argent natifs. L'âge du cuivre n'étant pas une période historique reconnue, il est exclu d'en donner une chronologie, on peut dire cependant que le chalcolithique se situe vers 3000 -2500 av. J.-C. en zone tempérée, même si la première production métallurgique de la façade atlantique est celle de l'or suivi directement par le bronze, sans passer par le cuivre. Les populations ont d'abord utilisé les ressources de cuivre et d'or natifs, le précieux métal étant destiné aux objets de parure et le cuivre employé principalement pour les outils.

    L'évolution des grands groupes culturels du Chalcolithique, beaucoup plus anciens : Vinca, Gumelnita, Cucuteni, Varna a généré l'apparition de centres métallurgiques individualisés. Pour l'Europe mentionnons le sanctuaire d'art rupestre du Mont Bego en France, la découverte d'Otzi, l'homme des glaces, dans les Alpes, et la citadelle de Los Minares dans la péninsulepéninsule ibérique.

    Céramique campaniforme.
    Céramique campaniforme.

    À la différence du bronze et du fer, le cuivre semble avoir coexisté avec la pierre, sans amener de bouleversements dans les civilisations : recueilli à l'état naturel, il est martelé, puis fondu et moulé vers 1.000 °C, on ne savait pas faire des fours dont la température était plus élevée. Quelques points valent la peine d'être soulignés :

    • la « retouche par pression » détachement successif de petits éclats de la pierre taillée ;
    • la céramiquecéramique campaniforme dite « cordée » des régions du Jutland, de l'Allemagne et de la Hollande ;
    • les mégalithes de la façade atlantique, Carnac, Stonehenge ;
    • les stèles anthropomorphes (Sardaigne).
    Carte du développement de la métallurgie du cuivre : la métallurgie du cuivre est probablement apparue en Anatolie vers - 5000. Elle se diffuse en deux temps. Un premier par l'Europe centrale jusqu'à la Suisse autour de -4000, mais ce courant sera brutalement interrompu, et vers -3000 un deuxième courant, maritime, atteint la Méditerranée occidentale, puis le nord de l'Europe.
    Carte du développement de la métallurgie du cuivre : la métallurgie du cuivre est probablement apparue en Anatolie vers - 5000. Elle se diffuse en deux temps. Un premier par l'Europe centrale jusqu'à la Suisse autour de -4000, mais ce courant sera brutalement interrompu, et vers -3000 un deuxième courant, maritime, atteint la Méditerranée occidentale, puis le nord de l'Europe.

    En Égypte, on trouve des objets en cuivre depuis -4000 : haches et épingles par exemple. En Inde, c'est -2500 et à Troies -2300, alors qu'en Bulgarie c'est comme pour l’or vers -4000. En Amérique cependant, l'arrivée de la métallurgie du cuivre est tardive. Tout ceci est indicatif.

    L'écriture, apparue presque simultanément en Mésopotamie et en Chine, 3.000 à 4.000 ans avant notre ère, engendre les premiers États avec un embryonembryon d'administration. L'humanité entre dans l'Histoire...

    Le bassin danubien et la culture de Vinca : on sait que la métallurgie s'est développée dans le bassin danubien dès le Ve millénaire de manière autonome. Il s'agit de la culture Vinca dans le bassin éruptiféruptif du Timok. Les mineurs y extrayaient uniquement des carbonates de cuivre, malachite et azurite, qui sont les premiers minérauxminéraux à avoir été utilisés dans toute culture préhistorique. L'apparition des premiers outils massifs en cuivre est attestée sur de nombreux sites de la culture de Vinca dans la partie centrale des Balkans ainsi qu'en Thrace et en Pannonie. Il y avait d'ailleurs déjà un commerce de métaux puisque les objets en cuivre des cultures de Cucuteni et Tripolie, plus loin à l'est, au-delà du deltadelta du Danube ont été confectionnés avec du cuivre provenant de Thrace ou des Carpathes. La métallurgie des contrées danubiennes du centre des Balkans a contribué à une révision des thèses concernant l'origine, le développement et le rôle joués par l'industrie minière et la métallurgie préhistoriques dans cette partie de l'ancienne Europe. Il apparaît ainsi une longue période d'introduction des techniques : ce processus n'est pas uniforme et ne dénote pas une découverte unique et capitale. Il ne comporte pas non plus de voies de diffusiondiffusion et d'échanges économiques intensifs et caractérisés.

    L’âge du bronze

    Les progrès dans la constructionconstruction des fours rendirent les hommes capables de faire fondre des mineraisminerais métalliques, la maîtrise des températures élevées rendit l'homme capable de fondre des métaux de plus en plus résistants. Sur le plan social, l'âge des métaux semble marqué par une accélération de la hiérarchisation de la société. Les guerres de l'époque néolithique deviennent plus fréquentes et la course aux armements est, déjà permise par la maîtrise du métal. D'abord les poignards en cuivre martelés, puis les épées de bronze que supplanteront, plus tard, les armes en fer.

    Différentes haches en bronze de différentes époques.
    Différentes haches en bronze de différentes époques.

    1. Le bronze ancien 2500-1600 ans av. J.-C.

    L'extraction du cuivre et de l'étainétain se fait en mines à ciel ouvert ou en galeries. En chauffant la roche et en la refroidissant brutalement, elle éclate, on recueille le minerai, fondu et stocké en lingots.

    Ce commerce permit au monde occidental d'avoir des contacts avec la civilisation d'Asie Mineure. Encore attachés au travail du silex, les hommes du bronze ancien façonnèrent de très beaux objets en pierre polie. Leurs sépulturessépultures évoluent bientôt en tumulustumulus. C'est donc en bronze que sont coulés les fines épées, les poignards triangulaires, les pointes de lance, les haches mais aussi les épingles, les alènes, les bracelets, etc. que l'on trouve dans les tombes. L'étude des dépôts de fondeurs permet aussi de préciser les subdivisions chronologiques et des influences.

    En Crète, c'est la civilisation minoenne, mais c'est aussi la culture d'El Argar du côté de GrenadeGrenade et l'essor des princes d'Armorique et du Wessex et des phases tardives de Stonehenge.

    En Bretagne, les tumulus du bronze ancien (sur la côte) amènent à penser que ce peuplement est d'origine nordique. Dans le Jura et la vallée du Rhône, le bronze ancien est proche de celui de la Suisse. En dehors, la France recèle de nombreux vestiges isolés.

    La Sardaigne : avec l'âge du cuivre (2.500 ans avant J.-C.), on assiste au passage graduel de la culture Ozieri à celle de Filigosa et Abelazu, avec un appauvrissement notable par rapport à la phase Ozieri, à cause d'une agressivité progressive entre les populations ? Agressivité sévissant à la même époque dans tout le bassin méditerranéen. Entre l'âge du cuivre et l'âge du bronze on trouve dans l'île la culture du « vase campaniforme » : un courant culturel présent ailleurs en Europe.

    L'âge du bronze, dans sa phase antique, c'est la culture de Bonnanaro, caractérisée par une céramique à ansesanses particulières. À cette période les sépultures mégalithiques évoluent vers la « tombe des géants ». C'est dans la phase finale de la culture de Bonnanaro que l'on situe le début de la civilisation Nuragique. Cette dernière subsistera, par endroits, jusqu'à la conquête romaine.

    On date de l'âge du fer, seulement, les célèbres « petits bronzes » : ex-voto figurant des personnages, des animaux du riche monde nuragique.

    Image du site Futura Sciences

    L'exploitation des minerais fait partie des ressources de cette période et, à côté des bronzes figurés, l'on trouve une production d'armes, d'ustensiles et d'objets divers coulés dans du bronze dont la qualité n'a pas son égal dans le reste du monde méditerranéen. Le métal de l'île poussa les marchands crétois, mycéniens, chypriotes puis phéniciens à fréquenter la Sardaigne, très tôt, y établissant des escales, qui devinrent des villes comme Karalis, Tharros, Sulci, Nora et Bithia.

    2. Le bronze moyen 1600-1300

    Au bronze moyen, la métallurgie du bronze connaît un grand essor, surtout à l'embouchure des grands fleuves, ce qui facilite le commerce. L'apogéeapogée de l'âge du bronze à Mycènes ne doit pas occulter la culture des tumulus d'Europe centrale ni les impressionnantes tombes du Jutland danois qui datent de 1400 environ. Une des plus remarquables découvertes de cette époque est celle du chariot solaire de Trundholm (Danemark) ; le disque solaire en bronze placé verticalement est revêtu d'une mince plaque d'or estampée. En Alsace, Haguenau a fourni un très abondant mobilier : épingles, épées à languettes à rivets, jambières...

    Détail d'un objet en bronze 1200 av. J.-C.
    Détail d'un objet en bronze 1200 av. J.-C.

    Chypre : dans l'Antiquité, l'île de Chypre appartient à un large monde hellénistique. Vers 1450 av. J.-C., les Mycéniens y fondent une colonie. Dès le 14e av. J.-C., le cuivre de Chypre fait l'objet d'un commerce maritime (épaves du Cap Gelidonya, d'Ulu Burun), déjà transméditerranéen, comme le montrent les lingots en forme de peau de bœuf transportés jusqu'en Sardaigne et peut-être aux Baléares. Et c'est à partir de 1200 av. J.-C. que sont fondées les cités-royaumes grecques de Chypre. Vers 1000 av. J.-C., s'était établie, à Kition, une colonie de Phéniciens. On y extrait du cuivre, que les Romains appellent aes cyprium qui deviendra cuivre en français. Chypre est ensuite incluse dans l'Empire romain...

    Les grandes lignes du consensus actuel se fondent sur les conclusions d'analyses isotopiques du plombplomb provenant d'études sur l'origine du métal et sur les indications qu'apporte la structure du commerce du cuivre pendant l'âge de bronze en Méditerranée, en retenant spécialement les lingots de cuivre « peau de bœuf » de Chypre. Plusieurs approches erronées (Knapp 1999, 2000) sont revues. On a démontré qu'il y a une corrélation isotopique entre ces lingots et les dépôts de minerais de la région d'Apliki sur l'île de Chypre, donc pas de regroupement, direct ou indirect des minerais de Chypre, ni un recyclagerecyclage général des métaux au niveau de la Méditerranée.

    La route de l'étain nécessaire au bronze : c'était une organisation commerciale internationale assurant l'épanouissement des civilisations méditerranéennes de l'Antiquité. Les Phéniciens se sont associés aux Gaulois (et à leurs prédécesseurs) pour convoyer le précieux minerai d'étain d'Armorique et de Cornouailles jusqu'à la Loire et donc jusqu'à Roanne. Le minerai qui assurait la production de bronze pour l'ensemble des civilisations méditerranéennes, était transbordé par voie de terre jusqu'à la vallée du Rhône. Les Ségusiaves, tribu gauloise installée entre Loire et Rhône, ont entretenu une relation privilégiée avec les Phéniciens. La route de l'étain - Loire-Rhône - a été l'unique voie d'approvisionnement en minerai d'étain pendant l'âge du bronze. Les Gaulois préféraient la Loire car ils devaient partager la Garonne et la Seine avec leurs voisins aquitains et belges.

    Route de l’étain.
    Route de l’étain.

    Les Phéniciens avaient développé un système de navigation en se repérant sur l'étoile polaire ; s'ils avaient pratiqué une navigation régulière le long des côtes, la position des Cornouailles aurait été connue depuis l'âge du bronze ! Vers le milieu du dernier millénaire avant l'ère chrétienne, le fer est venu chambarder l'économie. Les Phéniciens ont dû renoncer à la suprématie des mers. Des routes parallèles se sont développées : Seine ou Toulouse-Narbonne pour les Étrusques. Les Phéniciens ont cherché de nouvelles sources d'approvisionnement. Les alluvions de certaines rivières d'Ibérie occidentale ont fourni de l'étain à Carthage via Cadiz à l'embouchure du Guadalquivir.

    D'autres Gaulois, sous l'impulsion des Bituriges, vont pallier la crise de l'étain en explorant d'autres routes comme celle de l'ambre. Mais l'indiscipline et l'individualisme des Gaulois (déjà !) ont transformé ces entreprises commerciales en vulgaires hordes de pillards.

    3. Le bronze final 1300-900 av. J.-C.

    La période du bronze final est marquée par des guerres et des invasions. En Asie Mineure et en Europe orientale ces troubles entraînent l'effondrementeffondrement de l'Empire hittite, la disparition de la civilisation mycénienne : les peuples de la mer. En Europe centrale, les peuples adoptent le rite de l'incinération (civilisation des champs d'urnes). On y voit la civilisation des palafittespalafittes émerger. La vénération de l'eau est attestée par de nombreux lieux cultuels à cette époque (Saint-Moritz dans les Grisons en Suisse, par exemple). Les roues de Coulon, en Charentes semblent avoir été coulées d'une seule pièce, ce qui représente un prodige métallurgique ! C'est aussi l'époque de la domesticationdomestication du cheval, le triomphe de l'or et l'achèvement de Stonehenge... C'est encore l'époque dont parle Homère !

    On considère ces peuples comme étant les premiers Celtes qui se sont répandus vers l'ouest de l'Europe. La délicatesse de certains objets de bronze montre que ceux-ci ont été coulés par le procédé de la cire perdue. Cette période est, à certains endroits, contemporaine du début du premier âge du fer (Hallstatt), comme en Languedoc, en Roussillon, en Catalogne. D'autres régions n'ont pas subi l'influence des Champs d'urnes ; c'est le cas de la zone atlantique (voir ci-dessous).

    Âge du bronze, dates finales.
    Âge du bronze, dates finales.

    La façade atlantique : dans cette dernière se multiplient les dépôts de fondeurs. Les relations commerciales sont très actives ; ainsi, certaines haches fabriquées dans le nord-ouest de l'Espagne sont exportées en Bretagne, en Angleterre et dans les pays scandinaves, et aussi en Sardaigne. L'épée en bronze, dite en langue de carpecarpe, est fort répandue. Il est normal de trouver en Touraine ou en Charente, à la fois des éléments « Champs d'urnes » et d'autres « atlantiques ». En Bretagne, les haches en bronze ont une douille de section carrée et ont été exportées jusqu'en Belgique et en Allemagne.

    Les épées sont largement réparties dans la partie la plus occidentale de l'Europe, appelée Complexe atlantique, mais aussi dans les régions limitrophes. Le Complexe atlantique regroupe plusieurs cultures, dont les affinités et les modes de vie sont analogues. Près de 4.000 épées de ce type, datant de 1350-800 avant J.-C. environ, sont recensées. Elles proviennent de dépôts et de découvertes isolées et ont été trouvées enterrées ou immergées. Les découvertes dans des sépultures ou des lieux habités sont peu nombreuses. À l'extrême fin du bronze final, quatre dynamiques d'échanges peuvent être mises en évidence :

    1. Les choix techniques de fabrication sont différents entre la zone cœur du Complexe atlantique (de part et d'autre de la Manche) et les régions les plus éloignées. Les actions de destruction et d'enfouissement des objets sont interprétées, du fait de leur caractère systématique, comme des pratiques rituelles, des actes culturels.
    2. L'opposition nord-sud réapparaît à la fin du bronze final, avec l'adoption par les groupes de types d'épées différents : différences de forme (lame à bords droits ou courbes), de décor et de fabrication. Ceci témoigne d'une identité mais aussi de techniques de combat différentes.
    3. Les zones périphériques nord et sud échangent aussi l'une avec l'autre. Malgré des différences dans la forme des épées, une circulation directe existe.
    4. Enfin, des contacts avec les régions limitrophes du complexe atlantique sont identifiables. Ces interfaces correspondent à des zones de passage, de contact, dans des milieux géographiques privilégiés (fleuves, plaines, vallées) où s'exercent une concurrence et des influences mutuelles soutenues.
    5. Il existe donc en Europe occidentale des groupes qui, sans être proches, ont des pratiques communes. Même dans les régions les plus éloignées, les hommes ont des habitudes culturelles ou artisanales similaires. Ceci montre l'existence de circulations sur de longues distances, avec ou sans intermédiaires. Les mers et les fleuves sont des voies naturelles de circulations utilisées depuis longtemps.