Un gigantesque gouffre vient de s'ouvrir dans le sol sibérien, à la suite de l'explosion d'une bulle de méthane géante. Son apparition pourrait être le résultat de la fonte du pergélisol, causée par le réchauffement climatique.
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[EN VIDÉO] La fonte du pergélisol favorise le réchauffement climatique Le pergélisol, ou permafrost en anglais, regroupe les sols de notre planète qui sont gelés...
Les scientifiques ignorent depuis combien de temps la bulle de méthane gonflait sous le pergélisolpergélisol sibérien, mais ce qui est sûr, c'est qu'il est désormais difficile d'ignorer la trace de son passage. Elle laisse en effet derrière elle un immense gouffregouffre de 50 mètres de profondeur, entouré sur plusieurs centaines de mètres des débris de terreterre et de glace projetés par l'explosion.
Des causes à déterminer
Ce n'est pas la première fois qu'un tel événement se produit en Sibérie. Les chercheurs comptent pas moins de 17 puits de ce type dans la région. En 2014, un gouffre similaire avait été découvert dans la péninsulepéninsule de Yamal suite à une succession d'étés chauds. La toundratoundra est déformée par endroits par des poches de méthane gonflant sous la surface, jusqu'à ce que la Terre se craquelle et que les bulles éclatent. Le rôle joué par le réchauffement climatiqueréchauffement climatique dans ces phénomènes n'a pas encore été clairement défini, néanmoins la libération de méthane et de potentielles maladies disparues causée par chacun d'eux offre une raison suffisante pour s'inquiéter et réfléchir à des solutions.
En Sibérie, 7.000 bulles de méthane prêtes à exploser
Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet, publié le 24 mars 2017
Un été particulièrement chaud en ArctiqueArctique a fait fondre en de nombreux endroits le pergélisol de la toundra sibérienne. Pour la première fois, des scientifiques ont pu dénombrer ces zones où le sol menace de s'effondrer, pour former un cratère, et y analyser l'airair. Résultats : il faut revoir à la hausse non seulement le nombre de ces « bulles » mais aussi la quantité de méthane et de gazgaz carbonique qu'elles émettent.
En Sibérie, dans les régions arctiques, d'intrigants cratères se multiplient depuis plusieurs années et sont suivis de près par les scientifiques. Leur origine vient de la fontefonte locale du pergélisol (ou permafrost, en anglais), qui reste généralement gelé durant l'été. Ils naissent probablement de l'effondrementeffondrement du sol quand la glace sous-jacente, fondue, s'échappe par infiltration, ce qui forme un énorme trou.
Depuis 2014, les géologuesgéologues se sont appliqués à compter ces « bulles », qui menacent d'exploser et, surtout, de libérer le CO2 et le méthane retenus dans la terre, deux gaz à effet de serregaz à effet de serre. La palme revient à une région qui fait souvent parler d'elle : la péninsule de Yamal (« le bout du monde » dans la langue des Nenets), au nord-ouest de la Sibérie, sur le 70e méridienméridien Est. On y trouve des mammouths congelés, des boules de glace mystérieuses, des libérations de la bactérie de l'anthrax... et des trous.
En juillet 2016, cette vidéo montrait une de ces « bulles », découverte sur l’île Bely, au nord de la péninsule de Yamal, en mer de Kara. © Alexander Sokolov, Environmental Research Centre, Siberian Times, YouTube
Les bulles de dégel libèrent beaucoup de méthane
Le Siberian Times vient de publier un article rapportant, via l'agence de presse Tass, le premier résultat de cette vaste opération de comptage. Les scientifiques ont dénombré 7.000 « bulles », c'est-à-dire des zones plus ou moins circulaires où le sol mou trahit une fonte de la glace dans le sol. C'est beaucoup plus que prévu.
Les scientifiques ont aussi analysé les gaz exhalés par ces bulles, avant l'effondrement de leur toittoit. Par rapport à l'atmosphèreatmosphère des alentours, ils notent une concentration 25 fois supérieure pour le CO2 et 1.000 fois supérieure pour le méthane. L'émissionémission importante de ce dernier, à l'effet de serre considéré comme 25 fois plus important que celui du gaz carbonique, fait partie des interrogations sur les effets du réchauffement climatique. Selon le Siberian Times, les scientifiques s'attendaient, pour le méthane, à un rapport de 200... L'article souligne que l'été 2016 a été particulièrement chaud dans la péninsule de Yamal, avec des pointes à 35 °C (alors que l'hiverhiver, les minimas passent sous les -50 °C).
Le saviez-vous ?
La richesse du sous-sol sibérien en méthane est aussi une aubaine pour l’industrie. Depuis 2013, une usine géante est en construction dans la péninsule de Yamal pour le récupérer. Baptisée Yamal LNG, elle produira du gaz naturel liquéfié, ou GNL (LNG en anglais).
Ce qu’il faut
retenir
- Le dégel local du pergélisol dans la toundra sibérienne libère des gaz à effet de serre, gaz carbonique et méthane.
- Le sol peut s’effondrer là où la glace fondue s’échappe dans la terre, formant des cratères.
- Cette fonte est due au réchauffement climatique, important dans les régions arctiques, et ce dégagement de gaz à effet de serre est important à évaluer.
- Un gouffre de 50 mètres de profondeur est apparu dans le sol sibérien suite à l'explosion d'une bulle de méthane.