Dans l’ouest de la Sibérie, les scientifiques voient apparaître depuis une dizaine d’années d’étranges trous dans le sol, larges et profonds de plusieurs dizaines de mètres. Une nouvelle étude propose désormais un scénario pour leur formation, qui serait une conséquence du réchauffement climatique actuel.
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Depuis 2012, les habitants de l'ouest de la Sibérie assistent à un étrange spectacle. Des trous béants apparaissent en effet dans le sol habituellement gelé de ces terres arctiques. De forme cylindrique, ils présentent sur leur pourtour des éjectas, couronne de débris qui laisse penser qu'ils ont été formés par une explosion ! Leur origine est pourtant tout à fait naturelle.
Des trous dans le permafrost
À l'heure actuelle, huit trous de ce type, mesurant plusieurs dizaines de mètres de diamètre et plus de 50 mètres de profondeur, ont été découverts dans les péninsules de Yamal et de Gydan, une région riche en hydrocarbureshydrocarbures et où plusieurs champs gaziers sont actuellement exploités. Le sol est également composé de permafrost, un niveau qui est habituellement gelé durant la majeure partie de l'année mais qui souffre du changement climatique actuel.
Les larges trous observés dans le sol seraient-ils dus à la fontefonte du permafrost ? C'est en tout cas ce que suggère un article préliminaire posté sur le site Earth Arxiv.
Une explosion liée à la fonte du permafrost
Le permafrost s'est formé il y a environ 40 000 ans, suite au recul des glaciers, emprisonnant dans la glace des sédiments marins riches en méthane. Ces réservoirs produisent cependant de la chaleurchaleur qui fait fondre graduellement le permafrost par la base, créant ainsi des poches de gaz. Les récentes élévations de la température ont également entraîné une fonte sans précédent du permafrost, en surface cette fois-ci. Aujourd'hui, l'épaisseur de ce niveau gelé varie ainsi entre 500 mètres et quelques dizaines de mètres seulement dans les péninsules de Yamal et de Gydan. Dans les zones les plus touchées par la fonte à la base et à la surface, le permafrost pourrait ainsi finir par s'effondrer, entraînant une libération brutale des gazgaz sous pressionpression et une explosion !
La formation de ces trous serait donc directement associée au réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Un processus qui, en libérant de grandes quantités de méthane dans l'atmosphèreatmosphère, participerait en retour également à la dégradation du climatclimat.
Sibérie : l'explosion d'une bulle de méthane crée un gouffre de 50 m de profondeur
Article de Emma HollenEmma Hollen publié le 6 septembre 2020
Un gigantesque gouffregouffre vient de s'ouvrir dans le sol sibérien, à la suite de l'explosion d'une bulle de méthane géante. Son apparition pourrait être le résultat de la fonte du pergélisolpergélisol, causée par le réchauffement climatique.
Les scientifiques ignorent depuis combien de temps la bulle de méthane gonflait sous le pergélisol sibérien, mais ce qui est sûr, c'est qu'il est désormais difficile d'ignorer la trace de son passage. Elle laisse en effet derrière elle un immense gouffre de 50 mètres de profondeur, entouré sur plusieurs centaines de mètres des débris de terre et de glace projetés par l'explosion.
Des causes à déterminer
Ce n'est pas la première fois qu'un tel événement se produit en Sibérie. Les chercheurs comptent pas moins de 17 puits de ce type dans la région. En 2014, un gouffre similaire avait été découvert dans la péninsule de Yamal suite à une succession d'étés chauds. La toundratoundra est déformée par endroits par des poches de méthane gonflant sous la surface, jusqu'à ce que la Terre se craquelle et que les bulles éclatent. Le rôle joué par le réchauffement climatique dans ces phénomènes n'a pas encore été clairement défini, néanmoins la libération de méthane et de potentielles maladies disparues causée par chacun d'eux offre une raison suffisante pour s'inquiéter et réfléchir à des solutions.
En Sibérie, 7.000 bulles de méthane prêtes à exploser
Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet, publié le 24 mars 2017
Un été particulièrement chaud en Arctique a fait fondre en de nombreux endroits le pergélisol de la toundra sibérienne. Pour la première fois, des scientifiques ont pu dénombrer ces zones où le sol menace de s'effondrer, pour former un cratère, et y analyser l'airair. Résultats : il faut revoir à la hausse non seulement le nombre de ces « bulles » mais aussi la quantité de méthane et de gaz carboniquegaz carbonique qu'elles émettent.
En Sibérie, dans les régions arctiques, d'intrigants cratères se multiplient depuis plusieurs années et sont suivis de près par les scientifiques. Leur origine vient de la fonte locale du pergélisol (ou permafrost, en anglais), qui reste généralement gelé durant l'été. Ils naissent probablement de l'effondrementeffondrement du sol quand la glace sous-jacente, fondue, s'échappe par infiltration, ce qui forme un énorme trou.
Depuis 2014, les géologuesgéologues se sont appliqués à compter ces « bulles », qui menacent d'exploser et, surtout, de libérer le CO2 et le méthane retenus dans la terre, deux gaz à effet de serregaz à effet de serre. La palme revient à une région qui fait souvent parler d'elle : la péninsule de Yamal (« le bout du monde » dans la langue des Nenets), au nord-ouest de la Sibérie, sur le 70e méridienméridien Est. On y trouve des mammouths congelés, des boules de glace mystérieuses, des libérations de la bactérie de l'anthrax... et des trous.
En juillet 2016, cette vidéo montrait une de ces « bulles », découverte sur l’île Bely, au nord de la péninsule de Yamal, en mer de Kara. © Alexander Sokolov, Environmental Research Centre, Siberian Times, YouTube
Les bulles de dégel libèrent beaucoup de méthane
Le Siberian Times vient de publier un article rapportant, via l'agence de presse Tass, le premier résultat de cette vaste opération de comptage. Les scientifiques ont dénombré 7.000 « bulles », c'est-à-dire des zones plus ou moins circulaires où le sol mou trahit une fonte de la glace dans le sol. C'est beaucoup plus que prévu.
Les scientifiques ont aussi analysé les gaz exhalés par ces bulles, avant l'effondrement de leur toittoit. Par rapport à l'atmosphère des alentours, ils notent une concentration 25 fois supérieure pour le CO2 et 1.000 fois supérieure pour le méthane. L'émissionémission importante de ce dernier, à l'effet de serre considéré comme 25 fois plus important que celui du gaz carbonique, fait partie des interrogations sur les effets du réchauffement climatique. Selon le Siberian Times, les scientifiques s'attendaient, pour le méthane, à un rapport de 200... L'article souligne que l'été 2016 a été particulièrement chaud dans la péninsule de Yamal, avec des pointes à 35 °C (alors que l'hiverhiver, les minimas passent sous les -50 °C).
Le saviez-vous ?
La richesse du sous-sol sibérien en méthane est aussi une aubaine pour l’industrie. Depuis 2013, une usine géante est en construction dans la péninsule de Yamal pour le récupérer. Baptisée Yamal LNG, elle produira du gaz naturel liquéfié, ou GNL (LNG en anglais).