Une étude a réussi à quantifier le nombre de décès humains causés par la disparition des insectes pollinisateurs. Moins d'insectes mène forcément à une production agricole plus réduite, et les conséquences sur la santé sont déjà alarmantes dans certains pays.


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    La disparition des insectes a déjà des conséquences sur les productions agricoles : moins de pollinisateurs engendre forcément moins de fruits et de légumes, tout en augmentant le risque de maladies chez la population humaine. D'une manière globale, les trois quarts des champs cultivés nécessitent l'intervention des insectes pollinisateurs, mais la population de cette aide indispensable et irremplaçable décroit d'année en année.

    Selon l'étude publiée dans Environmental Health Perspective, il en résulte actuellement une perte de 3 à 5 % de la production de fruits, de légumes et de noix : 4,7 % des fruits, 3,2 % des légumes et 4,7 % des noix. Dans certains pays, ces denrées alimentaires sont les seules disponibles. Selon les scientifiques, 1 % de la mortalité globale annuelle peut déjà être attribuée à cette diminution de nourriture saine : maladies cardiaques, AVCAVC, diabètediabète et certains cancerscancers sont directement liés à une mauvaise alimentation. Ce sont donc environ 427 000 décès par an (et jusqu'à quasiment 700 000, selon certains résultats) qui pourraient être directement liés à cette baisse de production, selon les chercheurs.

    Sans importation possible, l'alimentation s'appauvrit face à la disparition des insectes  

    Pour en déduire de tels chiffres, ils ont analysé les données de centaines de fermes à travers le monde entier. Ils ont rentré dans un modèle informatique ces données de production ainsi que d'autres sur les maladies engendrées par une alimentation appauvrie par la baisse constatée des types de production. D'après les résultats obtenus, la Chine, l'Inde, la Russie et l'Indonésie sont les pays les plus touchés par ce risque de mort précoce liée à une alimentation trop pauvre en fruits et légumes.

    Les pays dont la santé de la population est la plus affectée par la disparition des pollinisateurs. © <em>Environmental Health Perspective</em>
    Les pays dont la santé de la population est la plus affectée par la disparition des pollinisateurs. © Environmental Health Perspective

    Pourquoi ces pays ? Tout simplement car ce sont des nations qui importent très peu leur nourriture et qui n'ont d'autre choix que de s'alimenter avec ce qui est produit sur leur territoire. Plus les pays importent facilement leurs denrées alimentaires, moins ils subissent les conséquences de la disparition des pollinisateurs jusqu'à maintenant. Mais, dans un scénario pessimiste de destruction aggravée de la nature, les autres pays finiront eux aussi par souffrir d'une alimentation appauvrie, et donc d'une moins bonne santé.

    Un impact sur l'économie et donc sur l'inflation

    En Chine, Inde, Russie et Indonésie, la population consomme bien trop de riz, de blé, de maïsmaïs et d'orge, qui sont des productions issues de plantes n'ayant pas besoin des insectes pollinisateurs (le ventvent et l'Homme jouent ce rôle à leur place). La surconsommation de ces aliments mène à des risques de diabète et d'obésitéobésité. À l'inverse, les cerisescerises, les pommes, les framboisesframboises, ou encore les courgescourges, qui nécessitent la présence d'insectes, sont meilleures pour la santé. La perte économique est également importante : 12 à 31 % de revenus en moins en comparaison avec des scénarios intégrant une abondance d'insectes. La diminution de l'offre de ces ressources naturelles fait également augmenter leur prix, et ce sont donc les pays les plus pauvres qui souffriront de cette inflation en premier.   

    Les auteurs de l'étude précisent que ces chiffres alarmants ne sont pas une fatalité : la restauration des habitats naturels, l'augmentation de la surface consacrée aux fleurs, la diminution de l'usage des pesticidespesticides sont autant d'actions qui permettent de reconstituer les populations d'insectes dans les terresterres dégradées.