Comment faire pour continuer de voyager sans détruire la Planète ? Le secteur du tourisme utilise majoritairement des carburants fossiles pour les trajets longue distance. Le train est la solution bas carbone la plus résiliente pour transformer en profondeur nos habitudes de voyage dans le contexte du réchauffement climatique. L'association The Shift Project propose quelques pistes de réflexion pour moderniser le train.
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L'association The Shift Project vient de publier un rapport sur la décarbonation de la mobilité longue distance. L'idée est de favoriser les transports utilisant de l'énergie propre au détriment de ceux dépendant de sources fossiles afin de tendre, d'ici 2050, vers la neutralité carbone. Aujourd'hui, les Français effectuent en moyenne chaque année 6,3 voyages de plus de 80 km à vol d'oiseau, pour un total de 7.620 km. À noter que plus les revenus sont élevés, plus le nombre et le kilométrage de ces déplacements sont importants. Il s'agit essentiellement de visites à des proches (33 %), de vacances (26 %) et de déplacements professionnels (20 %).
Dans le cadre de ces déplacements longue distance, le moyen de transport privilégié est la voiture (72 %), loin devant le train (14 %), l'avion (9 %) et l'autocar (3 %). Au final, près de 90 % des distances ainsi parcourues sont dépendantes des énergies fossiles. Il va donc falloir effectuer une grande bascule pour tenir ces engagements en matière de décarbonisation de ces voyages. Réduire sa dépendance au pétrole passe d'abord par des reports modaux, de la voiture et de l'avion vers le train par exemple. Il sera aussi primordial de développer des véhicules électriques toujours plus sobres, moins puissants et moins énergivores qu'aujourd'hui.
The Shift Project propose quelques solutions pour pouvoir opérer ce basculement. Ainsi, les déplacements longs professionnels devront être considérablement réduits, au bénéfice des visioconférences lorsque c'est possible. Quand le déplacement est justifié, il faudra privilégier le train à l'avion, mais aussi penser à convertir les flottes automobiles vers des véhicules électriques (voitures ou vélos) plus sobres.
Restructurer le réseau ferroviaire
Inciter les gens à prendre le train, au quotidien ou pour partir en vacances, nécessite quelques aménagements, comme développer des services de navettes, la location de voitures électriques, etc. Cela passe aussi par le développement d'une offre ferroviaire en proposant plus de trains, de jour comme de nuit, desservir davantage de gares, favoriser les tarifs sociaux pour baisser les prix.
Pour basculer de l'avion vers le train, il faudrait aussi pouvoir investir dans un réseau ferroviaire trans-européen performant avec, là aussi, une offre forte de jour comme de nuit, avec des lignes à haute vitesse. Quant au réseau, il conviendra de le moderniser et de planifier la construction de nouvelles lignes en cas de saturation.
Au niveau des vacances, il faudra aussi que les Français repensent leur façon de voyager, en privilégiant des activités de proximité. Il faudra penser à des alternatives aux voyages longs avec, par exemple, des trajets en train faits de différentes étapes et d'attractions plébiscitées par un public d'ordinaire porté vers les déplacements à l'autre bout du monde, y compris hors saison. Il faudra également promouvoir de nouvelles formes de tourisme, y compris à vélo dans certaines régions.
Même si la plupart de ces mesures sont inscrites dans le temps long, à l'horizon 2050, certaines de ces propositions pourraient être applicables dès le prochain quinquennat. C'est le cas de la réduction de la vitesse sur autoroutes ou encore de la rationalisation des transports aériens professionnels.
The Shift Project est un think tank créé en 2010 qui œuvre en faveur d'une économie post-carbone. Son but est de pouvoir influencer le débat sur la transition énergétique en France et en Europe.
L’Indian Pacific, l’immensité du vide L’Indian Pacific est la ligne de chemin de fer qui traverse l’Australie, d’est en ouest, de l’océan Indien à l’océan Pacifique, soit une longueur de 4.352 kilomètres. Terminée en 1917, la voie de chemin de fer de l’Indian Pacific passe à travers trois États et sa particularité est d’avoir, à partir de la gare ferroviaire de Cook, la plus longue ligne droite au monde : 479 km ! Autrefois habitée, cette ville a été désertée et ne compte plus, officiellement que deux habitants. Longeant parallèlement à la côte sud, elle relie les villes de Perth et Sydney en 4 jours et 3 nuits, avec la possibilité de faire escale dans les principales villes touristiques du pays-continent. De quoi laisser son esprit, gagné par l’indolence, vagabonder à perte de vue.En quittant les plages, au départ de Perth, plus proche de Singapour que de Sydney, on s’élance pour une course de 68 heures avant la première étape en plein cœur du bush australien, à Kalgoorlie. Cette ville, célèbre pour ses gisements aurifères, nous rappelle que l’Australie est le deuxième producteur d’or dans le monde. Au milieu du XIXe siècle, la ruée vers l’or a provoqué une déferlante de chercheurs de fortune contribuant à peupler cette île-continent : en 1858, une pépite de 69 kg a été trouvée et qu’en 1869, la plus grosse pépite jamais trouvée dans le monde, la « Welcome Stranger » pesait 72 kg.Avant d’arriver dans l’autre ancienne ville minière de Broken Hill à l’architecture victorienne, dans l’Outback, il faut traverser un millier de kilomètres dans le désert Nullarbor brûlé par le soleil. Poursuivant vers Sydney, peu à peu le paysage se transforme en vallées boisées et c’est l’arrivée vers les forêts d’eucalyptus des Blue Mountains et leur faune si particulière peuplée d'oiseaux-lyres, de koalas et de wombats.L’Australie a toujours fasciné les botanistes et les géologues. Vous verrez, certes, beaucoup de kangourous dans ce pays qui ne compte que 3 habitants au kilomètre carré, concentrés dans les grandes villes côtières, mais aussi pas moins de 500 parcs nationaux et 16 sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.© Simon Yeo CC by-nc 2.0
Le Bernina Express, un train en hiver Des wagons panoramiques, quelque 144 kilomètres de décors féériques, 4 heures de magie, au rythme paisible de 35 km/h, à travers les Alpes suisses et ses sommets enneigés, jusqu’aux palmiers de la Lombardie, en Italie. Entre cimes scintillantes et lacs gelés, le Bernina Express grimpe, sans crémaillère, jusqu’à 2.253 mètres d’altitude, sur la ligne de l'Albula. Il s’engouffre dans 55 tunnels et s’élance sur 196 ponts dont l’impressionnant viaduc de la Landwasser. L'ouvrage, dont la maçonnerie représente 9.200 m3, s'appuie sur cinq travées distantes de 20 mètres et suit un arc de cercle d'un rayon de 100 mètres. Il a été construit entre 1901 et 1903 et fait 136 mètres de longueur.Cet emblème des Chemins de fer rhétiques est perché à 65 mètres de hauteur. Desservant 15 gares, le parcours du Bernina Express est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et suscite quelques belles émotions comme l’entrée sur l’impressionnant viaduc hélicoïdal de Brusio, un ouvrage d’art circulaire, unique au monde, s’enroulant en spirale, sur deux boucles de 100 mètres de diamètre qui rattrapent ainsi un dénivelé de 7 % (dix mètres pour un rayon de 70 mètres).Le virage du Montebello est l’un des endroits les plus spectaculaires : ici, le petit train rouge négocie un virage à 180 degrés et permet d’admirer, spectacle ô combien majestueux ! le glacier de Morteratsch, les trois lacs de Lej Pitschen, Lej Nair et Lago Bianco. Construite au début du XXe siècle, la ligne prend son départ au pied du mont Bernina, à Coire dans le canton des Grisons, et s’achève à Tirano, dans la douceur italienne. Elle est en service toute l’année, touristes et sportifs l’empruntent, été comme hiver, pour descendre à la station Saint-Moritz.© Kabelleger, David Gubler GFDL
Le Canadian Pacific, sur les rails du « rêve national » des pionniers Sur le quai, les croisiéristes qui attendent d’embarquer à bord du Canadian Pacific, ont le regard émerveillé d’un enfant devant le sapin de Noël. Ils ont rendez-vous avec l’histoire des pionniers partis à la conquête du Grand Nord. Durant quatre jours, le Toronto-Vancouver, autre nom de ce train de légende, remonte le temps au rythme de 60 km/h, traverse trois fuseaux horaires, cinq provinces, neuf villes dont Jasper. Il fait escale ici, à Blue River, le plus vieux magasin général de Colombie-Britannique, resté intact en bordure de voie ferrée.Dans ce pays qui ne compte que quatre habitants au kilomètre carré, le voyage est dans le voyage : on sait quand on part, on ne sait pas quand on arrive, les trains de marchandises étant prioritaires sur le réseau ferré. Pas de Wi-Fi, pas de téléphone, ni d’écran de télé, juste des voyageurs qui partagent leurs émotions devant les paysages incroyables des puissantes Rocheuses. La quiétude se savoure au fil des 4.466 kilomètres de paysages qui défilent, en constante évolution, interrompue par quelques sérénades de musiciens qui s’acquittent ainsi du paiement de leur billet. « D’un océan à l’autre » (la devise du Canada), l’immensité et la quintessence du paysage se dévoilent confortablement installé dans les voitures Skyline (dôme) aux immenses baies vitrées offrant une vision panoramique sur les vastes prairies.Le Canadian Pacifique, aujourd’hui géré par la compagnie VIA Rail Canada, emprunte la même ligne ferroviaire que les premiers colons européens. L’histoire de ce train mythique est indissociable du parcours des pionniers qui s’installèrent sur ces immenses territoires. En 1867, naissait le Canada de l'union des provinces du Québec, de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. La Colombie-Britannique, province la plus à l’ouest, rejoint en 1871 cette confédération, ayant obtenu l’assurance de voir la création d’un réseau ferroviaire transcontinental. En 1881, le Canadian pacifique devint le premier réseau de ferré transcontinental et disposait, presque vingt ans plus tard, en 1899, d'un réseau de 16.000 km de voies. Le Canadian Pacific fut un véritable outil politique pour le gouvernement de l’époque, permettant la croissance industrielle, le développement social et économique du pays, d’est en ouest.© Timothy Stevens GFDL
White Pass and Yukon Route : l’épopée sur les traces de Jack London « Donnez-moi de la dynamite [...] et je vous construis une voie jusqu’en enfer ». Pari tenu pour Mike Heney, entrepreneur de chemin de fer, et Sir Thomas Tancrède, un investisseur. En une soirée, ils élaborèrent ce projet titanesque qui prit naissance en 1898. L’histoire du légendaire train, le White Pas and Yukon Route, est indissociable de celle des pionniers, bâtisseurs des États-Unis.Si son trajet est relativement court de 170 kilomètres, le White Pass and Yukon Route raconte l’incroyable et périlleuse épopée des chercheurs d’or dans le nord de l’Amérique. Cette quête, immortalisée par Charlie Chaplin dans le film La ruée vers l’or, et retracée par Jack London (L’appel de la forêt) avait débuté en Californie, à Sacramento, attirant plusieurs centaines de milliers de prospecteurs. Une fois les filons taris, ils se rabattirent vers le Grand Nord. Débuta alors, dès 1896, la Ruée vers l’or du Klondike, à Dawson City, dans le Yukon, en territoire canadien, à la frontière de l'Alaska. Des villes champignons, aujourd’hui fantomatiques, poussèrent anarchiquement.À l'aube du XXe siècle, le White Pass and Yukon Route fut construit entre Skagway et Whitehorse, mettant à contribution 35.000 hommes. Une merveille d’ingénierie creusée dans la montagne, traversant les glaciers, se déjouant des gorges, cascades, viaducs sur tréteaux et autres tunnels qui ne sont pas sans rappeler les pâles imitations de certains parcs d’attractions. Le tout premier train à circuler en Alaska fut inauguré en 1900 alors que l’économie aurifère du Klondike déclinait pour continuer de se développer ailleurs, en Alaska.Aujourd’hui, certains de ces villages fantômes, désertés à la fin de la ruée vers l’or, sont devenus des pôles touristiques comme le Parc historique national de la ruée vers l’or du Klondike et la célèbre piste Chilkoot. Cette ligne de chemin de fer étroite, circulant à flanc de montagnes, est isolée, et sans aucune connexion avec d’autres voies. C’est une ligne touristique depuis 1988 qui emprunte, de mai à septembre, les mêmes décors de western, les mêmes cols escarpés à flanc de montagnes, franchissant le col White Pass à 873 mètres d’altitude. Une émouvante balade de 2 h 50 à la mémoire de ces explorateurs, dont finalement peu d’entre eux ont fait fortune, mais beaucoup y ont trouvé la mort.© Kevin Harbe CC by-nc 2.0
L’Orient Express, le roi des trains C’est le plus romanesque des trains. L’Orient Express inspira romans, films, folles aventures rocambolesques. Celui qui symbolise encore une époque, synonyme de luxe à la française, a été conçu pour rivaliser avec le concept novateur des trains américains, le « sleeping-cars », le wagon-lit très inconfortable. Rien n’est de trop pour le surpasser et rien ne surpassera sa légende : l’armistice de la première guerre mondiale fut signée par le général Foch dans la voiture n° 2419 de l’Orient Express. En juin 1940, dans ce même wagon, la France signait l’armistice avec l’Allemagne.Le premier voyage inaugural de l'Orient Express eut lieu le 4 octobre 1883, avec un départ en gare de Strasbourg, ancien nom de la gare de l’Est. Il reliait, en quatre jours, les 3.094 kilomètres séparant Paris à Constantinople — aujourd’hui Istanbul — en Turquie, en passant par Strasbourg, Munich (Allemagne) et Vienne (Autriche), Budapest (Hongrie) et Bucarest (Roumanie) : draps de soie et sanitaires en marbre, coupes en cristal et couverts en argent, alcools et mets raffinés.L’ingénieur belge, Georges Nagelmackers, réussit à combiner innovation, confort et luxe sur cet axe de communication majeur entre l’Orient et l’Occident. Tout a été pensé : chauffage central, eau chaude et éclairage au gaz dans les vingt cabines qui se transforment en salon durant la journée dans un décor de velours, cuirs et bois précieux. Au rythme de 50 km/h, on mène grand train dans le roi des trains ! Mais plus encore dans l’entre-deux-guerres : Lalique, le maître verrier, ira de sa pâte de verre pour décorer de ses panneaux les murs de marqueterie en bois précieux de René Prou.La liste des artistes, personnalités politiques, têtes couronnées, agents secrets, qui ont circulé à bord est trop longue. Le dernier voyage de l'Orient Express eut lieu en 1977, concurrencé par d’autres moyens de transport plus rapides.Ne circulant que pour des événements particuliers, seules sept voitures, classées au titre de Monuments historiques, sont conservées et sont de véritables bijoux de l’Art déco. Mais que les nostalgiques se rassurent, la SNCF et le groupe AccorHôtels, propriétaires de la marque, se sont lancés dans la reconquête des voitures, dont bon nombre se sont vendues aux enchères en 1977, avec l’objectif de faire renaître l’Orient Express d’ici 2022. Petit bémol, cette croisière sur rails sera un rêve qui ne sera pas à la portée de tous.© Didiaszerman CC by-sa 3.0
La Milwaukee Road, un symbole toujours vivant Surnommée la Milwaukee Road, cette ligne de chemin de fer américain rayonnait, dès 1847, à partir de Chicago, dans l’état du Wisconsin, et aux environs des Grands Lacs. De tronçon en tronçon, elle atteignit Kansas City, dans le Missouri et Omaha, dans le Nebraska. Au début du XXe siècle, cette ligne effectuait le transport à travers le centre et le nord des États-Unis, dans le Michigan. En 1890, ressentant la nécessité d’étendre le réseau vers l’Ouest et le Pacifique, la compagnie Chicago, Milwaukee and St. Paul Railway, entreprit les premiers travaux qui s’achevèrent en 1909. La réalisation des 3.680 km de voie en seulement trois ans fut une prouesse technique. Pour atteindre Seattle, il fallut traverser cinq chaînes de montagnes et mettre en œuvre d'importants travaux de génie civil. Avec des températures hivernales pouvant atteindre -40 °C, les locomotives à vapeur ne faisaient pas le poids pour traverser les cols des montagnes. Les richesses naturelles du parcours, grâce à l’abondance de l'énergie hydroélectrique dans les montagnes et des mines de cuivre directement exploitables dans le Montana, permirent la mise en œuvre de l’électrification de la ligne. En 1915, la première locomotive électrique circula dans le Montana. Ce fut la naissance du plus grand chemin de fer électrifié des États-Unis, avec un total de 1.056 km de voies, prolongées ensuite jusqu'à Seattle. Ce succès, malgré tout, fit exploser le budget initialement prévu de 45 millions de dollars ; le coût final s’éleva à 245 millions. Entre-temps, la compagnie, rebaptisée la Chicago, Milwaukee St Paul and Pacific Railroad, adopta définitivement la dénomination de Milwaukee Road.Malgré les dettes et à l’aube de la Grande Dépression, la compagnie se lança dans les trains de luxe : la courte vie de la série des Olympiens s’éteignit en 1971, l'industrie ferroviaire commençant à décliner dans son ensemble dans les années 1950. Elle fut pourtant la vitrine d'innovations technologiques en filant déjà à 160 km/h et proposant, en 1940, des voitures d’observation les plus abouties à l’époque.Une troisième faillite, en 1977, restructura la Milwaukee Road en un simple petit réseau régional. Soo Line Railroad, en 1985, le racheta mais la Milwaukee Road cessa d'exister en janvier 1986. Cette compagnie posséda les locomotives les plus puissantes et reste, à ce titre, un symbole fort aux yeux des États-Uniens. Les nostalgiques continuent d’arpenter certaines portions du réseau, désormais transformés en sentiers de randonnée ou en parcs. Citons la route de l’Olympien ou la route du Hiawatha.© Ben Franske GFDL
El Nariz del Diablo, sensations fortes garanties Pour relier la capitale de l’Équateur, Quito, située à 2.800 mètres d’altitude, à Guayaquil, ville portuaire équatorienne, sur de la côte ouest de l’océan Pacifique, il fallait autrefois compter cinq jours à dos de mulet. Avec la compagnie Tren Ecuador, le périple dans la cordillère des Andes, jusqu’à Quito, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, se fait toujours en quatre jours, mais dans de luxueuses conditions, avec le Crucero dont les quatre wagons ont été restaurés dans un style baroque espagnol, emmené par une authentique locomotive à vapeur. Dans sa première partie, le circuit découvre des paysages contrastés de plaines fertiles où poussent fruits exotiques jusqu’aux plantations de café enveloppées de nuages, le train s’approche des colossales montagnes andines, en passant par l’avenue des volcans équatoriens qui font partie de la ceinture de feu du Pacifique. Ce circuit comprend l’excursion jusqu’au redoutable col El Nariz del Diablo, qui ne peut s’effectuer que d’Alausí à Riombamba.C’est un tortillard qui s’affranchit du redoutable passage : plus de 100 mètres de dénivelé en une dizaine de kilomètres. C’est l’un des parcours réputés des plus difficiles, construit en 1899 pour rallier la capitale et désenclaver des régions inaccessibles. En se heurtant à l’infranchissable et vertical rocher El Nariz del Diablo, les ingénieurs de l’époque ont réalisé une prouesse technique, au prix de nombreux sacrifices de vies humaines. À force d’acharnement, ce fameux tronçon a été réalisé grâce à un astucieux système de changement d’aiguillage effectué de marche avant en marche arrière, faisant ainsi monter le train d'impasse en cul-de-sac, puis repartant à chaque changement d’aiguillage sur une autre voie. Le train monte donc en zigzag.Étant donné la vétusté du circuit, et les dégâts causés par l’ouragan El Niño, l’État a engagé d’importants travaux de réhabilitation, achevés en 2013. L’ascension mène aussi aux ruines d'Ingapirca, un complexe archéologique avec son temple du soleil, témoignage et terre sacrée des Incas. S’il n’est guère plus possible de faire le trajet sur le toit du train, la balade touristique offre, outre les sueurs froides, des paysages à couper le souffle, passe sur d’impressionnants ponts en bois et sillonne entre gorges vertigineuses et étroites de la rivière Chanchán. Le périple permet de faire une randonnée dans le parc national, à la lagune Limpiopungo, au pied du volcan Cotopaxi culminant à 5897 mètres. Sa dernière éruption remonte à 2015. On dit que l’on peut y voir planer le beau et majestueux condor.© Roy & Danielle CC by-sa 2.0
Le Rocky Moutaineer, l’appel du caribou L’appel des wapitis et autres caribous résonne fort en vous ? Vous rêvez de cabane au Canada, de ranchs perdus au milieu de prairies à perte de vue, de lacs scintillants d’eaux limpides, et d’admirer les canyons escarpés, les rivières tumultueuses où taquiner le brochet… Pour autant, un peu de confort ne vous déplaira pas et retrouver un bon lit le soir dans l’atmosphère vibrante des cités cosmopolites canadiennes comblerait vos envies de dépaysement. Pour se frayer un chemin au travers des rocheuses Canadiennes et découvrir les parcs nationaux, dont le site forestier de la ville de Jasper classé au patrimoine mondial de l’Unesco, la compagnie Rocky Mountaineer est tout indiquée.Selon la formule choisie, de quatre à quatorze nuits, elle propose quatre grandes et principales thématiques, de mai à octobre : le Premier passage à l’Ouest, le seul itinéraire autorisé à passer par ce dernier tronçon qui relia, en 1925, le pays d’est en ouest ; un Voyage à travers les nuages qui longe le fleuve Fraser, passe par le glacier Albreda et les chutes Pyramid ; Rainforest to Gold Rush parcourt la fosse des Rocheuses, le mont Robson, le plus haut sommet des montagnes canadiennes ; et un Passage côtier, transfrontalier, de Seattle à Vancouver, à travers les forêts et les Rocheuses.Créée en 1990, la compagnie Rocky Moutaineer a été récompensée par de nombreuses distinctions dont sept fois par le World Travel Awards pour ses prestations haut de gamme et, en 2007, par le National Geographic Magazine comme l'un des meilleurs voyages au monde. Ses services GoldLeaf et SilverLeaf sont particulièrement réputés pour ses wagons à deux étages dont le supérieur est un dôme entièrement vitré, équipés de sièges inclinables et pivotants, dans lesquels sont distribuées des collations gastronomiques. Laissez-vous aller, de l’Alberta à la Colombie-Britannique, le Canada vient à vous.© Roger Smith CC by-nc 2.0
Les Trans-Europe-Express, l'Europe avant l'heure Les Trans-Europ-Express étaient de grands trains de prestige, mis en service en 1957 et traversant l’Europe. À la fin de la seconde guerre mondiale, les voitures Pullman présentent des signes de vieillissement. Pour contrer l’essor de l’automobile et de l’aviation, plusieurs pays européens se regroupent et créent une co-entreprise des différentes compagnies ferroviaires nationales. La France, les Pays-Bas, l’Allemagne de l’Ouest, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse, l’Italie, puis l’Autriche et l’Espagne harmonisent leurs frontières électriques. Les particularités des TEE étaient de circuler de jour, d’être des trains rapides et d’effectuer des contrôles simplifiés aux frontières ou en cours de route. Ces trains de luxe ne proposaient qu’exclusivement des premières classes pour une clientèle haut de gamme ou de voyage d’affaires.Ces Trans-Europ-Express répondaient à une forte demande et connurent un grand succès, équipés de climatisation et de matériels automoteurs diesel, ils atteignaient les 140 km/h au début de leur mise en service ; puis les 200 km/h en 1971, sur la ligne Paris-Bordeaux, effectuant les quelque 500 kilomètres en quatre heures. Dès 1972, le réseau des TEE desservait 200 villes européennes.Les deux chocs pétroliers de 1972 et 1973 ont porté un coup presque fatal aux TEE qui ne conservèrent que les villes rentables. Le réseau s’est éteint en 1982. Mais cette coopération européenne a ouvert la voie à d’autres comme l’Eurostar et le Thalys. En France, les TEE sont aujourd'hui remplacés par les trains InterCités (IC) et les TGV, fleuron de l'industrie ferroviaire française, mis en service en 1981.Le Trans-Europ-Express a inspiré le cinéaste, Alain Robbe-Gillet qui plante, ici, la totalité du décor de son film éponyme, en 1967, ainsi que ses acteurs, Jean-Louis Trintignant et Marie-France Pisier, entre Paris et Anvers.© B.Zsolt CC by-sa 3.0
Le Ghan pour traverser l'Australie de haut en bas Le train qui traverse aujourd’hui l’Australie, du nord au sud, s’appelle le Ghan, en référence et en hommage aux chameliers afghans qui furent envoyés pour aider les premiers explorateurs à coloniser la région de l'Outback, cet immense centre désertique. Le chameau est d’ailleurs l’emblème du train. La traversée totale de ce pays-continent est récente car le dernier tronçon reliant les deux extrémités du pays, de Darwin au nord, à Adélaïde au sud, a été terminé en 2004. Il file aujourd’hui sur 3.000 kilomètres. Jusqu’à cette date, le Ghan prenait son départ à Darwin, avant-poste des premiers colons hollandais dans les années 1600, et s’arrêtait à Alice Springs, en plein milieu du continent australien, dans le Red center, appelé ainsi en raison de la couleur de la terre brûlée.C’est en 1924 que la première voie de chemin de fer ligne a été construite suivant presque parallèlement le tracé de l'unique ligne télégraphique transaustralienne (overland telegraphic line). Elle fut élaborée en 1872 par l’explorateur, John McDouall Stuart, qui conçut et établit les premiers réseaux de transport et de communication, pour relier de l’Angleterre jusqu’à Alice-Springs, le poste-relais au centre de cette ligne. Celle-ci comptait 12 stations-relais et 40.000 poteaux reliant l’Australie au reste du monde.Faire étape ici, à Alice Springs, c’est comprendre comment, à la fin du XIXe siècle, une mini-communauté s’est constituée, perdue au milieu d'un désert hostile ; elle comprenait un chef de station, quatre télégraphistes, une gouvernante-institutrice, un cuisinier et un maréchal-ferrant. Elle a fonctionné jusqu'en 1932. Un musée retrace l’épopée de ces pionniers en territoire sacré des aborigènes. On peut profiter de quelques autres arrêts pour visiter Katherine et admirer les fameuses gorges du Nitmiluk National Park, ou encore Coober Pedy et ses habitations troglodytiques. Le voyage avec le Ghan se fait en trois jours et deux nuits, dans des conditions très confortables, entre collines verdoyantes au sud et climat tropical au nord, la traversée du bush australien est hypnotisante.Comble du voyage, au cas où l’ennui s’installerait, un casino est installé à bord du train. © Simon Yeo CC by-nc 2.0
Le train jaune, une prouesse technique Ce petit Train jaune, aux couleurs de la Catalogne, traverse la Cerdagne, située à cheval entre l’Espagne et la France, dans les Pyrénées orientales. Il serpente durant 62 kilomètres, entre les hautes plaines, à 1.200 mètres d’altitude, et relie Villefranche-de-Conflent à Latour-de-Carol. Il suit la vallée de la Têt, classée Pays d’art et d’histoire. Les premiers travaux débutèrent en 1903 et s’achevèrent en 1927. Pour contourner le relief montagneux, le tracé a nécessité la construction de 650 ouvrages d’art, dont 19 tunnels et deux ponts techniquement remarquables, tous deux inscrits aux Monuments historiques : le Viaduc Séjourné (ou pont de Fontpédrouse), à 2 étages et d’une hauteur de 65 mètres, porte le nom de son concepteur, l’ingénieur des Ponts et Chaussées, Paul Séjourné ; et le Pont Cassagne, conçu par Albert Gisclard, commandant du Génie des ponts suspendus, est perché à 80 mètres de hauteur.Cette ligne, le « Chemin de fer de Cerdagne », est inscrite sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’Unesco. Ce chemin de fer, à voie étroite (voies métriques) et à traction électrique, est autoalimenté par un complexe d’ouvrages hydro-électriques, desservant sept sous-stations. Ce système hydraulique s'appuie sur le barrage des Bouillouses spécifiquement construit pour l'alimentation de la ligne. Il est le fruit de la volonté de deux hommes, Jules Lax et Emmanuel Brousse, qui ont imposé ces choix, tant techniques que politiques.À l’allure de 55 km/h, le canari dessert 22 gares, et l’une d’elles, Bolquère-Eyne, la plus haute gare de la SNCF, bat un record en se situant à 1.592 mètres d’altitude. Aujourd’hui, le Train jaune est une véritable attraction touristique, fonctionnant tout au long de l’année. Il a gardé son tracé original et en été, les voyageurs peuvent faire cette promenade en wagon à découvert et admirer les somptueux paysages catalans. Chaque année, il transporte 400.000 passagers qui découvrent 60 kilomètres de chefs-d’œuvre architecturaux, comme à Montlouis où les onze fortifications de Vauban sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco.© Aleix Cortés CC by-nc 2.0
L’Eastern & Oriental Express, au cœur de l'Asie Embarquons à bord de l'Eastern & Oriental Express, direction l’Asie du Sud-Est pour en saisir les mystères ; de la Thaïlande à la Malaisie jusqu’au Laos, « ici, tout n’est qu’ordre, et beauté, luxe, calme et volupté », comme aimait à le rêver Beaudelaire. Selon les formules choisies, l’Eastern & Oriental Express propose trois circuits, au cœur de l'Asie, de sept à deux jours ; leurs itinéraires conduisent tous vers les étapes incontournables qui donnent le temps d'admirer la splendeur mauresque de la station de Kuala Lumpur ; ou encore la capitale du Laos, Vientiane, dont les temples bouddhistes dorés côtoient l'architecture coloniale française.Ce train de luxe permet de découvrir la superbe ville de Luang Prabang, au Laos, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, et tant d’autres splendeurs comme l'ancienne cité d'Angkor Vat, au Cambodge. C’est aussi l’occasion de plonger au cœur des immeubles futuristes de la bouillonnante, Bangkok, capitale thaïlandaise, de s’immerger dans les jardins exotiques et, peut-être de croiser la route d’un dresseur d’éléphant au détour d’une excursion.Le périple, de Singapour à Bangkok, ne manque pas de conjuguer les paradoxes tropicaux ! Il s’effectue confortablement installé dans des cabines lambrissées — selon le budget, il existe des suites — disposant toutes de fenêtres panoramiques, équipées de salle de bains privative, le tout dans un cadre raffiné, restauré de boiseries en teck et de marqueteries. La voiture-bar n’est pas qu’un espace d’échanges avec les autres passagers, il est aussi conforme à l’esprit des lieux voulu par la compagnie Belmond, où convivialité rime avec musique ; ici, un piano accompagne le voyage et distrait les passagers entre deux escales. Le train comprend dix-sept wagons et l’arrière du train est aménagé en observatoire, ouvert sur l’extérieur et laissant défiler des paysages exotiques où s’étalent les plantations de thé, les jungles denses.À l’heure du crépuscule, c’est l’endroit idéal pour « voir le monde s’endormir dans une chaude lumière ».© Simon Pielow CC by-sa 3.0
Prendre le California Pacific et partir vers le Far West Le Californian Zephyr est aussi mythique que la Route 66 aux États-Unis. Ce train de légende par excellence, symbolise la conquête de l’Ouest et l’histoire du pays. Le CZ relie Chicago, dans l'État de l'Illinois, à San Francisco, dans l'État de Californie, et circule depuis 1949. À un léger détail près : jusqu’en 1970, il fut un authentique train de luxe emprunté par nombre de stars hollywoodiennes appréciant les wagons couchettes, les petits salons et les voitures-restaurants équipées des premiers dômes panoramiques. Même si le train, aujourd’hui repris par la compagnie Amtrak, ne propose plus le même faste, il conserve son aura de train légendaire, offrant aux voyageurs différentes gammes de couchages, cabine-couchettes ou larges sièges inclinables et pivotant face à la fenêtre.Le California Zéphyr est toujours tracté par d’énormes locomotives chromées de 4 mètres de haut et a conservé dans ses wagons à étage, les mêmes équipements. Il reste le moyen le plus complet et confortable de découvrir près de 4.000 kilomètres en quelques 50 heures et l’immensité du nord des États-Unis. Le tracé ferroviaire traverse sept états (Illinois, Iowa, Nebraska, Wyoming, Colorado, Utah, Nevada, Californie) et dessert 37 villes ! Les puristes conseillent de partir de Chicago, véritable nœud ferroviaire, en 1860, d’où partaient les cargaisons de céréales produites dans la région des Grands Lacs. Des plaines du Nebraska à l’ascension des Rocheuses avec les 10 kilomètres du tunnel Moffat, des canyons du Colorado au désert de la Sierra Nevada, le voyage en California Zephir se termine en beauté avec l’arrivée dans la baie de San Francisco, sous le soleil californien.Il est possible de morceler son voyage en faisant quelques étapes, un pass spécial, US Railway, est prévu pour cela. Il permet par exemple, de visiter les parcs nationaux du Wyoming (Yellowstone), la ville de Salt Lake dans l’Utah ou encore Sacramento, la ville dont le développement est intimement lié à la ruée vers l’or.© Loco Steve CC by-nc 2.0
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