Les Aborigènes d’Australie ne se situent pas dans l’histoire, ni, à plus forte raison, dans l’Antiquité, mais dans le « temps du rêve », qui interagit avec celui des ancêtres créateurs.

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    Dans le Territoire du Nord, au sein du Parc national de Kakadu, sur la côte septentrionale de l'Australie, l'abri rocheux de Nurlangie abrite un fabuleux ensemble de peintures rupestres réalisées à l'aide de pigments et de liantsliants naturels, tels que les ocresocres, le charboncharbon et la sève. Leur datation est trop approximative pour qu'on puisse la rapporter au temps antique des conventions européennes (3.300 avant J.-C. - 500 après J.-C.). Les plus anciennes peintures aborigènes existent littéralement ab origine (« depuis l'origine »), c'est-à-dire, d'un point de vue strictement chronologique, depuis au moins 30.000 ans.

    Fresque représentant une tortue. © Mosmas<em> Wikimedia commons,</em> CC by-sa 3.0

    Fresque représentant une tortue. © Mosmas Wikimedia commons, CC by-sa 3.0

    L’art pariétal, qui est resté un art vivant en Australie, se rapporte aux récits de la création, figurant des puissances ancestrales attachées aux lieux où les peintures sont réalisées. Mais cet art fonctionnant en interaction avec son environnement, et les fresques étant régulièrement repeintes pour raviver le pouvoir auquel elles sont liées, leur datation importe finalement peu.

    Le « temps du rêve », une philosophie ?

    Pour les Aborigènes d'Australie, ce qui compte, c'est le « temps du rêve », qui n'est pas un âge d'or mythique, dépassé et fini, mais un temps qui continue d'interagir avec le présent, dont la puissance de création est enfouie dans le sol, et qu'il s'agit de mobiliser et d'animer dans le temps actuel, en rejouant, au cours des rituels, l'action des ancêtres.

    La relation à l'espace qui en résulte est tout aussi discontinue que celle avec le temps. Entre deux points, il y a toujours la possibilité d'en faire émerger un autre par lequel les ancêtres interagissent avec les vivants, par le biais de révélations oniriques. On peut détruire des sites sacrés, mais en créer d'autres en permanence ou recréer des connexions avec des lieux particuliers en fonction de tel évènement ou déplacement. Et le rêve est une affaire très sérieuse, qui établit des connexions auquel chacun - et non pas tel ou tel chaman - est habilité.

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    Image du site Futura Sciences

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