Des historiens de l’université de Californie, Riverside (États-Unis), travaillent au développement d’un algorithme reposant sur la reconnaissance faciale. Baptisé Faces, le projet pourrait permettre de reconnaître des personnages historiques non identifiés se trouvant sur des peintures anciennes.
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L'étude se base dans un premier temps sur la reconnaissance faciale à partir de modèles en 3D. C'est notamment le cas du masque mortuaire de Laurent de Médicis. À terme le logiciel de reconnaissance faciale Faces pourrait identifier un personnage quels que soient son âge et son angle de pose sur une autre peinture. © UCR
Qu'il s'agisse de vidéosurveillance ou d'associer de potentiels profils Facebook aux personnes se trouvant sur des photos, la reconnaissance faciale est habituellement employée pour identifier des individus sur une image. Ce procédé intéresse désormais aussi les historienshistoriens. Une équipe dirigée par le professeur Conrad Rudolph, du département de l'histoire de l'art de l'université de Californie, Riverside (États-Unis), compte utiliser les techniques de reconnaissances faciales actuelles pour donner un nom aux personnages représentés sur des peintures anciennes.
Sur une fresque datant du XVe siècle sur laquelle se tient une personne non identifiée aux côtés d'un pape connu, le logiciel de reconnaissance faciale pourrait lui associer un nom en s'appuyant sur une base de données initialement constituée. Savoir que l'individu en question est en lien étroit avec le pape peut donner une toute autre dimension à l'histoire. C'est ce que nous explique le professeur Rudolph, « l'identification des sujets de ces portraits historiques peut nous aider à mieux comprendre l'histoire sociale de l'œuvre d'art ».
En partant d'une sculpture ou d'un portrait peint, le logiciel de reconnaissance faciale (Faces) pourrait identifier Laurent de Médicis, qui se trouve à côté du pape Honorius III sur cette fresque peinte en 1485 par Domenico Ghirlandaio. © UCR
Pour le professeur Rudolph, sur ces fresques et peintures, « même si les personnages ne sont pas toujours identifiés, il ne s'agit quasiment jamais d'individus inconnus ». Le scientifique a en effet expliqué à Futura-Sciences que pour figurer sur une œuvre de maître, ces sujets jouaient pratiquement toujours un rôle important dans la société. Toutefois, pour les historiens les reconnaître visuellement est parfois difficile. En plus des considérations artistiques que le peintre a pu avoir, l'angle de pose, l'expression et l'âge du sujet, changent d'une représentation à l'autre, ce qui complique l'identification.
Pour faciliter ce travail, l'équipe veut exploiter le potentiel des logiciels de reconnaissance faciale. Pour le moment, le projet n'en est qu'à ses balbutiements mais la méthode est mise au point et les premières expérimentations sont déjà en route.
Commencer par la 3D à partir de masques mortuaires ou de statues
L'équipe du professeur Rudolph compte procéder par étapes. Pour garantir de bons résultats, l'idée est de partir d'une image de référence riche et précise en données. C'est pourquoi les chercheurs ont commencé leurs travaux en tentant de comparer le masque mortuaire de Laurent de Médicis (1449-1492) à son buste sculpté pour vérifier si le logiciel est capable de repérer qu'il s'agit bien de la même personne.
L'algorithme employé est exactement le même que celui utilisé pour retrouver des personnes connues au milieu d'une foule. Pour créer son modèle en 3D, le logiciel analyse certains traits qui définissent un visage, comme la forme des orbitesorbites, le neznez ou le menton, le modèle numériquemodèle numérique est alors très précis. Toujours à partir du modèle 3D, la seconde étape va consister à effectuer les travaux de reconnaissance faciale directement sur les fresques et peintures. Le professeur Rudolph l'avoue, cette étape va s'avérer difficile. Il souligne en effet, que « par rapport à une photo un visage peint reste artistique. D'un peintre à l'autre, le visage peut être considérablement différent. Les autres difficultés reposent sur l'âge du sujet, mais aussi l'angle de pose, la présence d'une coiffe ou d'une barbe... ». Pour le moment, les tests ne sont pas suffisamment aboutis pour donner un taux de réussite. S'il est bon, l'équipe souhaite aller plus loin en utilisant le logiciel pour comparer directement des portraits peints, autrement dit, de la 2D.