Alors que la saison cyclonique est officiellement en train de débuter dans l’océan Atlantique Nord, la NOAA prévoit à nouveau un nombre de phénomènes largement au-dessus de la normale.
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La saison des ouragans dans l'Atlantique Nord débute chaque année le 1er juin pour se terminer le 30 novembre. La saison 2021 avait été marquée par 21 phénomènes cycloniques dont 7 ouragans. Le phénomène majeur de 2021, l'ouragan Ida, de catégorie 4 sur 5, avait été responsable de 97 décès et avait causé d'importants dégâts sur la Louisiane et le Mississippi.
Dans la dernière mise à jour de ses prévisions sur la saison cyclonique en Atlantique Nord, la National Oceanic and Atmospheric AdministrationNational Oceanic and Atmospheric Administration (la NOAA ; en français : l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique) prévoit une saison 2022 particulièrement active. La NOAA estime à 65 % la possibilité d'une saison cyclonique au-dessus de la normale, avec un risque non-négligeable qu'elle soit extrêmement active. La probabilité que la saison se situe tout simplement dans les normales est de 25 % et seulement de 10 % qu'elle se situe en-dessous. Si les prévisions de la NOAA se confirment, il s'agira de la 7e année consécutive avec une saison anormalement active.
Le nombre de phénomènes cycloniques pourrait être le double de la normale
Qu'est-ce qu'une saison cyclonique normale ? Il s'agit d'une saison qui correspond à la moyenne 1991-2020, soit 10 à 12 phénomènes en moyenne avec 7 ouragans dont 4 majeurs. Rappelons qu'en 2020, la saison avait été un record, avec 31 phénomènes, dont 14 ouragans et 7 majeurs !
Pour 2022, l'organisme américain prévoit 14 à 21 phénomènes en tout, avec 6 à 10 ouragans (à partir de 119 km/h), dont 3 à 6 majeurs avec des vents supérieurs à 179 km/h. Il faut préciser que ces chiffres mentionnent le nombre de phénomènes cycloniques qui pourraient se former en mer, mais cela ne veut pas forcément dire que ceux-là vont ensuite forcément toucher des terres et faire des dégâts : de nombreux phénomènes cycloniques effectuent leur trajectoire dans l'océan sans menacer de côtes.
Mais il suffit d'une seule tempête tropicale ou d'un seul ouragan touchant terre pour occasionner d'importantes destructions et parfois des victimes. La liste des 21 premiers noms attribués aux phénomènes cycloniques est déjà prête, avec la possibilité qu'elle ne suffise pas si le nombre total était supérieur.
Plus de cyclones dans l’Atlantique et moins dans le Pacifique
En plus du réchauffement globalréchauffement global des océans lié à l’activité humaine, un autre paramètre entre en compte : La NiñaLa Niña, ce phénomène climatique qui se caractérise par une eau plus froide que la moyenne dans une partie du Pacifique, à l'inverse d'El NiñoEl Niño qui est associé à une eau plus chaude que la moyenne dans cette zone.
Ce paramètre a des conséquences sur le climatclimat d'une partie du monde, et particulièrement sur le développement et l'intensité des cyclonescyclones. Si La Niña est connue pour provoquer une saison cyclonique très active dans l'Atlantique Nord (Antilles, États-Unis), elle entraîne par contre en général une saison plus calme en ce qui concerne les phénomènes du centre du Pacifique (Mexique) : 2 à 4 cyclones sont prévus cette année dans le centre du Pacifique.
Les conditions sont réunies pour des ouragans plus intenses en 2022 !
Article de Karine DurandKarine Durand, publié le 24 avril 2022
Les organismes américains d'étude de l'atmosphèreatmosphère s'accordent tous sur le fait que la saison cyclonique de l'Atlantique, qui débute en juin, sera intense avec environ 20 phénomènes prévus dont 8 à 10 ouragans. Voici pourquoi.
Après deux années particulièrement actives en matièrematière d'activité cyclonique, la saison 2022 s'annonce à nouveau violente dans l'Atlantique Nord. Entre 1991 et 2020, on a dénombré 10 à 12 phénomènes cycloniques par an en moyenne, dont 7 ouragans, parmi lesquels 3 majeurs. Or, en 2021, 21 phénomènes se sont formés, générant 7 ouragans, dont 4 majeurs. Même si la saison 2021 a été remarquable, elle n'a pas atteint les chiffres records de l'année 2020, avec 31 phénomènes, dont 14 ouragans et 7 majeurs !
Un peu plus d'un mois avant le début officiel de la saison cyclonique dans l'Atlantique Nord (de juin à novembre), les prévisions des différents organismes américains de référence dans l'étude du climat ont été remises à jour. Leurs projections sont claires : les conditions de 2022 s'annoncent très similaires à celles de 2021, mais pas aussi exceptionnelles que celle de 2020.
The Climate Adaptation Center et The Weather Company prévoient une moyenne de 20 à 22 phénomènes cycloniques, dont 8 à 10 ouragans parmi lesquels 4 à 5 majeurs. Accuweather et Colorado State University s'attendent à un peu moins de 20 phénomènes (16 à 20), un nombre plus bas que les autres organismes, mais toujours nettement au-dessus de la moyenne des 30 dernières années. Depuis quelques années, en plus d'une augmentation du nombre de phénomènes cycloniques, on observe un allongement de la saison des ouragans : alors qu'elle est censée débuter en juin, des phénomènes ont commencé à se former dès le mois de mai tous les ans depuis 2015.
Les conditions climatiques sont réunies pour des phénomènes plus intenses
Deux paramètres climatiques expliquent ces prévisions alarmistes pour la saison 2022 : la température de l'eau très élevée du golfe du Mexique, principal carburant pour la formation des ouragans, et la persistance du phénomène La Niña. Dans certaines zones de ce golfe, la température de l'eau est actuellement supérieure aux moyennes de saison de 4 °C : elle atteint localement les 27 °C, une température qui pourrait déjà permettre la formation d'ouragans, en plein mois d'avril !
Autre paramètre à prendre en compte, les phénomènes climatiques El Niño et La Niña qui se produisent par phase d'un à deux ans. Ces phénomènes se caractérisent par une anomalieanomalie de température d'une partie des eaux de l'océan Pacifique : La Niña se produit lorsque l'eau est plus froide que la moyenne, à l'inverse on parle d'El Niño lorsque l'eau est plus chaude que la moyenne. Les conséquences d'une année El Niño ou La Niña se ressentent fortement sur le climat de nombreux pays, et sur les phénomènes cycloniques dans l'Atlantique qui sont plus nombreux avec La Niña.
Les dernières projections estiment que La Niña devrait persister tout au long de l'été, avant de faiblir à l'automneautomne. Lors d'une phase La Niña, le cisaillement des vents en altitude est plus faible, permettant aux tempêtes tropicales -- le stade du phénomène tropical qui se produit avant celui de l'ouragan -- de s'élever très haut et donc de se renforcer. El Niño occasionne, à l'inverse, bien plus de cisaillement de vent, ce qui limite la croissance des tempêtes tropicales.
Avec ces deux paramètres, l'eau anormalement chaude du golfe du Mexique et la persistance du phénomène La Niña, une simple dépression qui se formerait dans l'océan démultiplie ses chances de se renforcer rapidement en ouragan.