L’activité de notre Soleil est variable. Et selon des chercheurs, cette variabilité serait corrélée à la survenue de phénomènes La Niña du côté de l’océan Pacifique. Si ce résultat est confirmé, il pourrait aider à améliorer la prévisibilité d’un certain nombre d’événements météorologiques saisonniers associés.


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    La NiñaLa Niña. C'est le nom que les scientifiques donnent à un phénomène climatique qui se joue du côté de l'océan Pacifique équatorial. Il affecte le régime des vents, la température de la mer et les précipitations à grande échelle. Et correspond à une anomalieanomalie froide des eaux de surface de l'ouest du Pacifique. La Niña, c'est le pendant du phénomène El NiñoEl Niño, peut-être un peu plus connu.

    Le saviez-vous ?

    Lors des phénomènes La Niña, les alizés soufflent plus forts que d’habitude, poussant plus d’eau chaude vers l’Asie. Au large de la côte ouest des Amériques, les remontées d’eau augmentent, ramenant en revanche de l’eau froide et riche en nutriments vers la surface. Attirant des espèces comme le calmar et le saumon vers la côte californienne, par exemple. Et ces eaux froides du Pacifique poussent le jet-stream vers le nord. Cela a tendance à entraîner une sécheresse dans le sud des États-Unis et de fortes pluies et des inondations dans le nord-ouest du Pacifique et au Canada. Pendant une année La Niña, les températures hivernales sont plus chaudes que la normale dans le sud et plus fraîches que la normale dans le nord. La Nina peut également conduire à une saison des ouragans plus sévère.

    À l'automne dernier, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a annoncé le début d'un phénomène La Niña. Dans son dernier rapport -- en date du 5 avril 2021 --, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAANOAA) confirmait cette activité climatique particulière. Les experts donnaient alors 60 % de chance pour que le phénomène prenne fin d'ici au mois de juin. Et pour expliquer le cycle que semble suivre La Niña, des chercheurs du National center et de la University corporation for atmospheric research (NCAR-UCAR, États-Unis) suggèrent aujourd'hui qu'il existe un lien entre La Niña et la variabilité du SoleilSoleil.

    L'idée semble naturelle. Mais les scientifiques peinent encore à éclairer le rôle du cycle solaire sur les événements climatiques qui se jouent sur Terre. Peut-être parce que bien que l'apparition -- et la disparition -- des taches solairestaches solaires s'observe depuis des siècles maintenant selon un cycle d'environ 11 ans, la transition d'un cycle à l'autre reste difficile à marquer précisément à partir de là.

    Voici comment le phénomène <em>La Niña</em> module la météo sur les États-Unis. Sur l’Europe, les conséquences sont moins marquées. Sur l’Europe du nord, il a tendance à apporter un froid sec. Et sur l’Europe du sud, de l’humidité et du vent. Sur l’Europe de l’ouest, les hivers sont généralement plus froids. © NOAA
    Voici comment le phénomène La Niña module la météo sur les États-Unis. Sur l’Europe, les conséquences sont moins marquées. Sur l’Europe du nord, il a tendance à apporter un froid sec. Et sur l’Europe du sud, de l’humidité et du vent. Sur l’Europe de l’ouest, les hivers sont généralement plus froids. © NOAA

    Un mécanisme physique qui reste à préciser

    Les chercheurs du NCAR-UCAR ont, quant à eux, travaillé sur un cycle de 22 ans dérivé du cycle de polarité magnétique du Soleil qu'ils ont récemment décrit dans le détail. Ce cycle débute lorsque les bandes de champ magnétiquechamp magnétique qui s'enroule autour de notre étoileétoile se forment près de ses latitudes polaires. C'est leur migration vers des latitudes moyennes qui entraîne l'apparition de taches solaires. Et le cycle s'achève lorsque les bandes magnétiquesbandes magnétiques se rencontrent à l'équateuréquateur. Dans ce que les chercheurs appellent un événement de terminaison. Comme un repère précis d'une fin de cycle.

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    Le nouveau cycle solaire pourrait être le plus intense jamais observé

    Ce sont donc les dates de ces événements de terminaison que les scientifiques ont cette fois comparé aux températures de surface de l'océan Pacifique depuis 1960. « Cinq événements de terminaison qui coïncident avec la naissance d'un phénomène La Niña, ce n'est probablement pas une coïncidence », commente Robert Leamon, auteur principal de l'étude et chercheur à l'université du Maryland (États-Unis), dans un communiqué du NCAR-UCAR. Et pour ceux qui se demandent ce qui se cache derrière ce « probablement », sachez que les chercheurs ont estimé qu'il n'y avait pas plus d'une chance sur 5.000. Cette probabilité d'une occurrence aléatoire apparait aujourd'hui encore plus faible, car, comme indiqué en introduction, un sixième événement La Niña coïncide aujourd'hui même avec un événement de terminaison d'un cycle solaire.

    Reste désormais à établir le lien physiquephysique responsable du phénomène. Peut-être une influence du champ magnétique du Soleil sur la quantité de rayons cosmiques reçus par la Terre, proposent les chercheurs. « Montrer par quel mécanisme le Soleil provoque vraiment une variabilité dans nos océans pourrait peut-être améliorer notre capacité à prédire les événements El Niño et La Niña », conclut Scott McIntosh, scientifique au NCAR-UCAR. Et ainsi, notre capacité à anticiper certaines de leurs manifestations météorologiques. Une capacité d'autant plus importante dans le contexte de réchauffement climatiqueréchauffement climatique anthropique. La hausse des températures des eaux de surface pourrait en effet favoriser l'apparition de phénomènes El Niño de plus en plus intenses.