Alors que le phénomène La Niña atteint actuellement son pic d'intensité, le retour de son homologue « chaud », El Niño, semble se dessiner pour le début de l'été prochain avec des conséquences complètement différentes sur le climat mondial en 2022.


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    La NiñaLa Niña et El NiñoEl Niño sont deux phénomènes climatiques caractérisés par une anomalie de température d'une partie des eaux de l'océan Pacifique : on parle d'une « année La Niña » lorsque l'eau est plus froide que la moyenne, à l'inverse on parle d'une « année El Niño » lorsque l'eau est plus chaude que la moyenne. La différence de température océanique entre les deux phases peut atteindre 10 °C d'écart entre El Niño et La Niña. Ces différences au niveau des températures de l'eau ont des conséquences sur le climat des mois suivants, particulièrement sur le continent américain, africain et asiatique, beaucoup moins en Europe. En dehors de l'impact sur les précipitations et sur les températures, ces phénomènes sont connus pour leur effet sur l'intensité de la saison cyclonique.

    La bande rouge sur l'océan Pacifique représente les températures plus élevées que la moyenne lors d'une phase El Niño. © Nasa
    La bande rouge sur l'océan Pacifique représente les températures plus élevées que la moyenne lors d'une phase El Niño. © Nasa

    Des phases climatiques de 1 à 3 ans

    Ces deux phénomènes fonctionnent par phase, durant chacune un à trois ans. Le début d'une nouvelle phase se produit généralement au cours de l'été, voire de l'automne. Mais il arrive très souvent qu'une phase « froide » se prolonge plusieurs années de suite, c'est ce qui s'est produit avec La Niña, qui a marqué le climat de l'hiver précédent et de celui en cours. Les dernières projections des modèles climatiques envisagent un affaiblissement de La Niña à partir de février-mars, suivi d'une période neutre au printemps, puis du retour d'El Niño à partir de juin. L'Organisation météorologique mondiale précise que « grâce aux progrès scientifiques réalisés en matièrematière de compréhension et de modélisationmodélisation de ce phénomène, nos compétences en matière de prévision se sont améliorées et il est désormais possible de prévoir l'occurrence du phénomène à des échéances d'un à neuf mois, ce qui permet à la société de se préparer aux dangers qui y sont associés, tels que les fortes pluies, les inondationsinondations et la sécheressesécheresse ». Cependant, il faut préciser que la science a encore beaucoup de mal à comprendre ce qui déclenche l'apparition d'un cycle ou l'autre, et les causes qui le font durer l'espace d'une année, ou plus. De même, en dehors du continent américain, les conséquences de ces deux cycles sont encore mal cernées sur beaucoup de régions du globe.

    Les conséquences du retour d'El Niño

    Rappelons que la fin d'automne et le début d'hiverhiver derniers ont été marqués par les conséquences typiques d'une phase La Niña : chaleur et sécheresse dans le sud des États-Unis, tornades violentes en décembre sur le centre des États-Unis, un grand nombre de phénomènes cycloniques dans l'Atlantique (21 dont 7 ouragansouragans), de fortes précipitations en Indonésie et au Brésil, ainsi qu'un temps un peu plus frais que la moyenne sur l'Europe de l'Ouest (France comprise).  

    Lors d'une phase El Niño, on retrouve un système dépressionnaire persistant sur le Pacifique Nord, qui pousse le courant jet très au nord. Par conséquent, de l'airair chaud se trouve régulièrement bloqué sur le nord des États-Unis et l'ouest du Canada, avec un risque de neige plus réduit. De l'autre côté, de l'air plus froid gagne le sud des États-Unis, ainsi que de fortes précipitations. Cette configuration entraîne en général un plus faible nombre de tornadestornades que la moyenne sur le centre et le sud des États-Unis ; lors des années El Niño, le risque de neige abondante est par contre plus présent sur l'est du pays, dont New York. Concernant les cyclonescyclones dans l'Atlantique Nord, ils sont généralement moins nombreux que la moyenne en phase El Niño, car la température de l'eau, dans la zone tropicale où se forment les dépressions, est un peu plus faible. Les cyclones sont par contre plus nombreux dans l'océan Pacifique. La sécheresse frappe en général l'ouest du Pacifique (Indonésie, Philippines, Australie) et les précipitations sont fortes, voire diluviennes sur l'ouest de l'Amérique du Sud.

    Les conséquences en Europe sont par contre très atténuées, voire nulles. Certains climatologuesclimatologues estiment tout de même qu'El Niño peut avoir des conséquences sur l'hiver au nord de l'Europe, sur les îles britanniques et la Méditerranée, mais de manière très faible : en modifiant la position du jet-stream, ce courant modifie à son tour le « rail des dépressions atlantiques » qui occasionnent pluie et ventvent en Europe de l'Ouest l'hiver.

     Les impacts d'une phase El Niño sur le monde : en bleu, un temps plus frais ; en rouge, un temps plus chaud ; en vert, un temps plus humide et en marron, un temps plus sec. © NOAA
     Les impacts d'une phase El Niño sur le monde : en bleu, un temps plus frais ; en rouge, un temps plus chaud ; en vert, un temps plus humide et en marron, un temps plus sec. © NOAA

    Le retour d'El Niño pour l'été et l'automne 2022 reste à ce jour une hypothèse qui mérite d'être confirmée au cours des prochains mois, mais dont la probabilité semble se renforcer de plus en plus.