L'Organisation météorologique mondiale a confirmé que le phénomène La Niña se prolongerait pour la seconde année consécutive jusqu'au printemps 2022, et continuera donc à influencer les précipitations et les températures des prochains mois.


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    Les dernières prévisions des modèles météométéo indiquent que le phénomène sera faible ou modéré, d'intensité a priori plus atténuéatténué que lors de l'hiver dernier, au cours duquel La NiñaLa Niña avait provoqué un important refroidissement des eaux du Pacifique équatorial, avant de rentrer dans une « phase neutre » lors du printemps. Les dernières prévisions de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) estiment à 90 % la probabilité du phénomène La Niña entre ce mois de décembre 2021 et février 2022, avant de rentrer à nouveau dans une phase neutre à partir de mars.

    El Niño et La Niña, qu'est-ce que c'est ?

    Ce sont deux phénomènes climatiques qui sont caractérisés par une anomalieanomalie de température d'une partie des eaux de l'océan Pacifique : La Niña se produit lorsque l'eau est plus froide que la moyenne, à l'inverse on parle d'El NiñoEl Niño lorsque l'eau est plus chaude que la moyenne. Ces anomalies thermiques de l'eau, couplées à des changements au niveau des vents et de la pression atmosphérique, ont des conséquences sur le climat des mois suivants essentiellement en Amérique, Asie et Afrique, mais beaucoup moins en Europe. Les conséquences d'une année El Niño ou La Niña se ressentent en particulier sur les phénomènes cycloniques dans l'Atlantique (plus nombreux avec La Niña), le froid (plus marqué avec La Niña), et les précipitations. En raison de sa localisation au centre et à l'est du Pacifique, les conséquences de La Nina concernent surtout l'Amérique du Sud.

    En rouge et bleu, les anomalies de températures dans les océans. On repère La Nina à la bande bleue, donc plus froide que la normale, dans l'océan Pacifique. © Noaa 
    En rouge et bleu, les anomalies de températures dans les océans. On repère La Nina à la bande bleue, donc plus froide que la normale, dans l'océan Pacifique. © Noaa 

    L'année 2010-2011 a, par exemple, été marquée par un phénomène La Niña très fort et ses conséquences avaient été catastrophiques sur une partie du monde : sécheressesécheresse exceptionnelle aux USA et en Afrique, en Europe également, même s'il n'est pas certain que le manque d'eau sur la continent européen ait vraiment été lié à La Niña.

    Un refroidissement en vue pour la Planète ?

    La Planète ne va pas vraiment se refroidir pour autant : il faut s'attendre à des températures terrestres à nouveau au-dessus des normales de saisonsaison pour beaucoup de régions du monde, en raison de la chaleurchaleur emprisonnée dans l'atmosphèreatmosphère par les gaz à effet de serregaz à effet de serre, selon l'OMM. Rappelons que l'effet de refroidissement des eaux de La Niña est très bref, et ne remet pas en question la tendance globale du réchauffement climatique. De plus, El Niño et La Niña ne sont pas les seuls phénomènes qui influencent le climat mondial, d'autres facteurs entrent en jeu dans l'évolution climatique des prochains mois. Mais son effet refroidissant devrait quand même être perceptible à l'échelle mondiale : selon l'OMM, l'année 2021 sera simplement l'une des plus chaudes enregistrées, au lieu d'être la plus chaude jamais enregistrée !

    Prévision des anomalies de températures pour l'hiver prochain : en rouge les zones plus chaudes que la normale, en bleu les zones plus froides que la normale. © WMO
    Prévision des anomalies de températures pour l'hiver prochain : en rouge les zones plus chaudes que la normale, en bleu les zones plus froides que la normale. © WMO

    Concrètement, le nord de l'Amérique du Sud (Brésil, Venezuela, Colombie), le nord-ouest du continent américain (États-Unis et Canada), le sud de l'Inde, la péninsulepéninsule indochinoise et l'Australie devraient être confrontés à des températures plus basses que la normale ces prochains mois. D'autres zones seront a priori aussi concernées par un froid légèrement plus marqué que la normale : les Caraïbes, le nord-ouest de l'Asie, le sud du continent africain, Madagascar, et l'Europe. Quasiment toutes les autres régions du monde seront confrontées à des températures plus élevées que la normale.

    Concernant les pluies, des conditions plus sèches que la normale sont prévues près de l'ÉquateurÉquateur, en Argentine particulièrement, et du nord de l'Amérique du Sud jusqu'au Mexique. La sécheresse pourrait également être présente dans les États du sud des États-Unis, ainsi qu'en Chine. À l'inverse, le sud-est de l'Asie et le Brésil pourraient subir des pluies plus importantes que la normale, tout comme le nord-ouest des États-Unis, le Canada, et l'Australie.   

    Prévision des précipitations pour l'hiver prochain : en orange les zones plus sèches que la normale, en vert les zones plus humides que la normale
    Prévision des précipitations pour l'hiver prochain : en orange les zones plus sèches que la normale, en vert les zones plus humides que la normale

    Les conséquences de La Niña en Europe

    En Europe, les conséquences de La Niña sont plus limitées, ou juste moins bien connues. Dans certains cas, La Niña peut donner lieu à des hivers précoces et rigoureux (agité, venté, froid, avec un flux d'ouest persistant sur la France), mais ce n'est pas systématique, et cela dépend aussi d'autres paramètres climatiques. Les dernières prévisions saisonnières entrevoient bien, à ce jour, la possibilité d'un hiver plus froid que la normale en Europe. Mais, concernant les précipitations, il n'y a rien de prouvé quant à un éventuel effet de La Niña cette année sur le continent européen.