Des chercheurs australiens ont réussi à retracer 400 ans de phénomènes climatiques El Niño en lisant dans le cœur des coraux comme dans les cernes des arbres. Leurs résultats confirment une tendance à l’intensification des variations climatiques extrêmes.


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    Le phénomène climatique El NiñoEl Niño, qui se traduit par un réchauffement des eaux de surface près des côtes d'Amérique du Sud, apparaît de manière irrégulière, généralement tous les 2 à 7 ans. Ces épisodes ont des répercussions mondiales sur les températures et les précipitations, notamment en Australie, en Asie du Sud-est et en Amérique. D'où l'intérêt de mieux les étudier pour comprendre le climat passé et son évolution.

    Lire les épisodes El Niño dans les isotopes des coraux

    Une équipe de chercheurs australiens a trouvé une nouvelle méthode pour retracer les épisodes El Niño sur une très longue période : lire dans le cœur des coraux comme dans les cernes des arbres, grâce auxquelles on peut par exemple retracer les années de tempête ou de sécheressesécheresse. Ils ont plus exactement analysé différents isotopesisotopes d'oxygène reliés à la salinitésalinité ou la température de l’eau. La méthode était pourtant jugée jusqu'ici peu fiable et surtout exploitable seulement sur une période récente.

    Avec l’accélération du changement climatique, les phénomènes El Niño sont des plus en plus fréquents et intenses. a : zone Pacifique central (CP). b : zone Pacifique Est (EP). c : ratio CP/EP. d : amplitude des épisodes El Niño. © <i>Mandy B. Freund et al., Nature Geoscience, </i>2019
    Avec l’accélération du changement climatique, les phénomènes El Niño sont des plus en plus fréquents et intenses. a : zone Pacifique central (CP). b : zone Pacifique Est (EP). c : ratio CP/EP. d : amplitude des épisodes El Niño. © Mandy B. Freund et al., Nature Geoscience, 2019

    Des phénomènes El Niño de plus en plus fréquents et intenses

    Les chercheurs ont donc utilisé un algorithme pour mettre en relation les 27 derniers épisodes El Niño récents connus et les isotopes des coraux, et en ont déduit comment relier les deux données. Ils ont ensuite passé plus de trois ans à reconstituer 400 années du phénomène El Niño dans l’océan Pacifique. Leurs résultats confirment la tendance générale à l'aggravation des événements climatiques extrêmes. « Les dernières décennies montrent une tendance à des phénomènes El Niño de plus en plus fréquents et de plus en plus marqués, comme ceux des années 1997-1998 et 2015-2016 », atteste Mandy Freund, de l'Université de Melbourne et principal auteur de l'étude publiée dans la revue Nature Geoscience.

    Cette approche constitue non seulement une nouvelle source de données pour l'étude du climat passé, mais permettra aussi de mieux anticiper les futurs épisodes El Niño et leur impact mondial dans un contexte de changement accéléré du climat, explique Mandy Freund.