Des chercheurs finlandais viennent de produire leur toute première tasse de café fabriquée à partir de cellules végétales cultivées en laboratoire. Un procédé selon eux bien plus économe en énergie, qui permet de produire le café dans n’importe quel pays et qui évite la déforestation due à la culture de caféiers.


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    Après le bœuf, le poulet ou le poisson cultivé en laboratoire à partir de cellules souchescellules souches, des chercheurs finlandais veulent à présent s'attaquer au café. Pas moins de 9,5 millions de tonnes de café sont produites chaque année dans le monde, et la demande pourrait tripler d'ici 2050, selon l’organisation Sustainable Coffee. Sans amélioration de la productivité, il faudra doubler les surfaces cultivées, ce qui fait peser un risque de déforestation dans les zones concernées. De plus, le changement climatiquechangement climatique menace directement les caféiers. « Le réchauffement pourrait réduire de 50 % les terres cultivables pour le café », atteste une étude de 2014. Enfin, il faut souligner que la culture de café est loin d'être écologique : une simple tasse d'expresso a ainsi une empreinte carbonecarbone de 280 grammes d'équivalent CO2, soit l'équivalent d'un kilo de tomates (de saison) !

    Cultiver du café en Finlande 365 jours par an, c’est possible !

    D'où l'idée du Centre de recherche technique de Finlande (VTT), qui ambitionne de cultiver du café en laboratoire, à partir de cellules récoltées sur de vraies plantes. « L'idée est d'utiliser la biotechnologiebiotechnologie plutôt que l'agricultureagriculture conventionnelle pour la production alimentaire », explique au site New Atlas Heiko Rischer, responsable de la biotechnologie végétalebiotechnologie végétale au VTT. « Ces solutions requièrent aussi moins d'eau et comme le café est produit localement, il nécessite moins de transport ». Le café in vitroin vitro peut en outre être produit 365 jours par an, dans n'importe quel pays, et ne craint pas les aléas météométéo ou les attaques d'insectesinsectes ravageurs.
     

    Du café produit en Finlande ! © VTT

    Le processus s'apparente à celui utilisé pour les microalgues ou les bactériesbactéries. Des cellules végétales sont prélevées sur une partie de la plante (par exemple la feuille), puis sont multipliées en milieu nutritif. Elles sont ensuite incubées dans un bioréacteur pour produire une grande quantité de biomassebiomasse. Les cellules de café sont ensuite séchées et torréfiées, prêtes à être infusées comme le café normal. En septembre dernier, les ingénieurs du VTT ont produit leur toute première tasse de café, qui selon Heiko Rischer « a le même goût et la même odeur que le café ordinaire ».

    Les cellules de café sont prélevées sur une feuille et mises en culture pour produire de la biomasse. © VTT
    Les cellules de café sont prélevées sur une feuille et mises en culture pour produire de la biomasse. © VTT

    Du café moléculaire à partir de bactéries et de déchets végétaux

    Certaines start-upstart-up envisagent carrément de zapper la plante, en produisant des moléculesmolécules ayant le goût du café à partir de micro-organismesmicro-organismes cultivés en bioréacteur. Compound Foods promet ainsi de « produire un café aux tons plus doux, à l'acidité plus vive et aux arômes plus nuancés que tout ce que vous trouvez en magasin ». Le café peut en outre être plus ou moins dosé en caféinecaféine, et tout cela avec 10 fois moins d'émissionsémissions de CO2 que le café traditionnel. La start-up Atomo vient, elle aussi, de lancer en septembre dernier son premier « café moléculaire », produit à partir d'ingrédients recyclés tels que des enveloppes de graines de tournesoltournesol ou des graines de pastèquepastèque, qui subissent un processus chimique pour imiter la saveur et la sensation en bouche du café. Une technique garantie « zéro déforestation », selon la start-up, puisqu'elle ne requiert pas la moindre baie de café.

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    Sur le papier, toutes ces initiatives sont relativement convaincantes, au moins sur le plan environnemental. En juin dernier, des chercheurs avaient calculé que produire de la nourriture in vitro à partir de bactéries et d'électricité était 10 fois plus efficace à surface équivalente que des cultures plein champ. Reste que le procédé n'est certainement pas applicable à tous les aliments et demeure pour l'instant très coûteux. Ce n'est pas demain la veille que l'on verra des épis de maïsmaïs ou des fraises sortir de tubes à essaitubes à essai.