Biographie
Vice-Présidente du Conseil Scientifique du Muséum Nationald'Histoire Naturelle.
Née à Paris, Marylène Patou-Mathis, après avoir fait des études de chimie à École Nationale de Biologie, Chimie et physique de Paris (Bac F6 en 1975), se réoriente vers les sciences naturelles : Bac D en 1976, puis DEUG SNV.
Après une licence et une maîtrise de Géologie à l'Université P. et M. Curie (Paris VI), elle se spécialiste en Préhistoire (D.E.A. de Géologie du Quaternaire, Paléontologie Humaine, Préhistoire à Paris VI en 1981).
Passionnée par les comportements des Hommes préhistoriques, en particulier des Néanderthaliens, elle passe une thèse de doctorat Préhistoire, toujours à Paris VI, en 1984.
Avant de rentrer au CNRS, elle part vivre 3 mois chez les Bushmen, chasseurs-cueilleurs du Kalahari (Botswana), rencontre qui l'a fortement marquée (voir son livre : Une mort annoncé, publié aux éditions Perrin).
Recrutée au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) en octobre 1989, elle est aujourd'hui directrice de recherche et travaille au sein du Département préhistoire du Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN).
Préhistorienne, sa spécialité, l'archéozoologie, consiste, à partir de l'analyse des ossements de grands mammifères découverts dans des sites préhistoriques, à reconstituer les comportements de subsistance des Néanderthaliens et des premiers Hommes modernes d'Europe.
Prix 2002 - Prix Eugénie de Rosemont (Sciences) de la Chancellerie des Universités de Paris
1995 - Médaille de la Fondation Singer Polignac
1984 - Lauréate de la Fondation de la Vocation
Quelques articles scientifiques
2009 - The subsistence behaviours of the last Crimean Neanderthals in (M. Camps and P. Chauhan Eds.) Sourcebook of PaleolithicTransitions. Springer, 441-454
2008 - Analyses archéozoologiques des unité III et IV de Kabazi V in (V. Chabai, J. Richter et T. Uthmeier) Kabazi V : interstratification of Micoquian et levallois-Mousterian camp sites. Palaeolithic Sites of Crimea, 3, 97-128
Bocherens H.., Drucker D., Billiou D., Patou-Mathis M.. and Vandermeersch B. 2005 - Isotopic evidence for diet and subsistence pattern of Saint-Cesaire I. Neanderthal : review and use of a multi-source mixing model. Journal of Human Evolution, 49, 71-87
2004 - Subsistence behaviours in a Middle Palaeolithic site in Poland : the Raj Cave. International Journal of Osteology., 14, 244-255
Patou-Mathis M. et H. Bocherens H. (sous la dir. de) (2003). Le rôle de l'environnement dans les comportements des chasseurs-cueilleurs préhistoriques. BAR Inter. Series 1105, 179 p.
Ma passion : L’Homme de Néanderthal
Longtemps considéré, à cause de ses différences tant physiques que comportementales, comme « non humain », Néanderthal est devenu aujourd'hui non seulement l'archétype de l'Homme préhistorique, plus que notre ancêtre direct Cro-Magon, mais aussi pour certains, au vu de ses rapports avec la Nature, de l'Homme futur. C'est sur ce principe d'évolution de notre regard sur Néanderthal que repose mes recherches actuelles.
Néanderthal est en effet le parfait miroir de nos phobies, de nos craintes et de nos espérances. En tant que « sous-homme », il a alimenté un imaginaire populaire important au 19ème siècle qui a permis de célébrer la supériorité de l'Homme moderne. Les découvertes de ce premier fossile humain provoquèrent l'opprobre d'une humanité bien pensante. Aucune parenté n'était concevable avec cet être brutal à l'apparence simiesque. Sorte de maillon faible de la chaîne des Hominidés, Néanderthal donna libre cours à toutes les craintes projetées sur la figure de l'Autre. Archétype idéal du concept de race, objet parfait d'une taxinomie féroce entre Hominidés inférieurs et Homo sapiens héros du progrès, Néanderthal était un coupable parfait.
Aujourd'hui, comme l'attestent les nombreux articles dans la presse et le succès des docu-fictions, Néanderthal suscite l'intérêt des médias et d'un large public. Il est devenu l'archétype de l'Homme préhistorique. Pourquoi et comment est-il entré dans notre l'imaginaire ? Pourquoi pour certains cet Homme ancien et son mode de vie traditionnel sont-ils perçus comme synonymes d'avenir ? En outre, à l'heure où la question de notre destinée face aux changements sociétaux et environnementaux nous taraude, les causes de sa disparition nous renvoient à notre propre actualité.
C'est à ces questions que mon dernier livre, paru en 2011, tente de répondre (Le Sauvage et le Préhistorique miroir de l'Homme occidental, éditions Odile Jacob).