La deuxième tentative de vol « intégré » du Starship ne s'est malheureusement pas déroulée comme prévu. Pour l'instant, il est trop tôt pour comprendre les raisons des dysfonctionnements rencontrés par les deux parties du lanceur. Toutefois, il est important de noter que ce deuxième vol s'est déroulé de manière plus encourageante que le précédent, avec deux phases de la mission réussies. Ce deuxième vol est très prometteur pour SpaceX et laisse entrevoir un troisième vol encore bien plus accompli.


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    Malgré un superbe décollage avec tous les moteurs Raptor qui ont apparemment bien fonctionné, le Starship s'est cette fois-ci abstenu de voler de travers (en crabe), mais les deux parties du lanceur ont malheureusement été perdues.

    Le Super Heavy rassure

    Cependant, contrairement au vol précédent, cette deuxième mission est bien plus réussie. D'une part, le lanceur a de nouveau franchi le passage à Mach 1 et MaxQ, ce qui est important pour un lanceur en développement. D'autre part, l'étage principal, le Super Heavy, a fonctionné de manière satisfaisante jusqu'à la séparationséparation. Ce n'est qu'après cette séparation que divers dysfonctionnements ont entraîné l'autodestruction du Super Heavy, suivie quelques minutes plus tard du Starship. À l'heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas pourquoi l'autodestruction s'est mise en marche et si ce mode l'a été automatiquement ou manuellement.

    Séparation réussie des deux étages du Starship. Contrairement au premier vol, la manœuvre avait dysfonctionné. Cette fois-ci, elle s'est bien déroulée. Ce n'est seulement qu'après qu'une ou plusieurs anomalies sont apparues et menant à la perte des deux parties du lanceur. © SpaceX
    Séparation réussie des deux étages du Starship. Contrairement au premier vol, la manœuvre avait dysfonctionné. Cette fois-ci, elle s'est bien déroulée. Ce n'est seulement qu'après qu'une ou plusieurs anomalies sont apparues et menant à la perte des deux parties du lanceur. © SpaceX

    Plusieurs points positifs

    Autres points positifs, bien que cela reste à confirmer par la télémétrie, les deux innovations à bord du Starship ont bien fonctionné. Que ce soit le mécanisme pour empêcher le lanceur de voler en crabe et surtout l'astucieux et audacieux système pour permettre la séparation des deux étages du Starship.

    Décollage réussi du Starship lors de son deuxième vol d'essai (ITF-2). Contrairement au vol précédent, tous les 33 moteurs Raptor du Super Heavy (étage principal) ont très bien fonctionné. © SpaceX
    Décollage réussi du Starship lors de son deuxième vol d'essai (ITF-2). Contrairement au vol précédent, tous les 33 moteurs Raptor du Super Heavy (étage principal) ont très bien fonctionné. © SpaceX

    Enfin, l’infrastructure au sol du Starship ne montre pas de dégâts importants comme cela a été le cas lors de la première tentative de lancement en avril. Le nouveau système de déluge d'eau, déclenché lors de l'allumage des moteurs, a lui aussi apparemment bien fonctionné. Pour rappel, il a pour but de réduire la température qui atteint plusieurs centaines de degrés, mais surtout de minimiser l'impact de l'onde acoustique du décollage et donc d'amortir le choc acoustique de l'allumage du moteur.

    Ce deuxième vol d'essai peut donc être qualifié de très prometteur pour SpaceXSpaceX et laisse entrevoir un troisième vol encore bien plus accompli. À ce sujet, il semblerait que d'ici une dizaine de jours, un nouveau Starship soit mis en place sur son pas de tir avec, dans le meilleur des cas et sauf si bien évidemment la FAA ne trouve rien à redire, une troisième tentative dès le mois de janvier 2024 !


    SpaceX : le vol historique du géant Starship ce samedi promet un grand spectacle !

    Article de Remy Decourt publié le 17/11/2023

    C'est fait ! La FAA a donné son feu vert à SpaceX pour le deuxième vol d'essai du Starship, seulement sept mois après l'échec partiel de la première tentative. Initialement prévu aujourd'hui, ce lancement qui s'annonce une nouvelle fois spectaculaire a été reporté à samedi.

    Après plusieurs semaines d'incertitude sur la durée de la procédure réglementaire, SpaceX a enfin reçu l'autorisation de vol du Starship. Elle a été délivrée par la FAA, qui supervise les lancements privés aux États-Unis, au terme de plusieurs revues liées à la sécurité du lanceur, la sécurité environnementale et de responsabilité financière. Seulement quelques minutes après l'annonce officielle de la FAA, Elon MuskElon Musk et SpaceX ont déclaré le retour en vol du Starship dès ce vendredi. Un petit contretemps les contraint à reporter ce deuxième vol à samedi. Ce lancement est à suivre en direct sur les réseaux sociauxréseaux sociaux et le site InternetInternet de SpaceX. Il est prévu à partir de 14 h 00, heure de Paris, mais à vérifier.

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    Un nombre important de corrections

    Pour que le Starship soit autorisé à revoler, SpaceX a été contrainte à une multitude de modifications et d'adaptations du lanceur mais également d'une partie de l'infrastructure au sol nécessaire pour le décollage du lanceur le plus puissant jamais construit. Elon Musk a confirmé la mise en œuvre de plus de 1 000 corrections, dont 63 ont été imposées par la FAA pour améliorer la sécurité et les performances des vols.

    Au sol, le pas de tir et la tour de lancement, lourdement endommagés lors de la première tentative ont été renforcés et dotés d'un imposant système de déluge d'eau. Ce système, déclenché lors de l'allumage des moteurs, a pour but de réduire la température qui atteint plusieurs centaines de degrés, mais surtout de minimiser l'impact de l'onde acoustique du décollage et donc d'amortir le choc acoustique de l'allumage du moteur. Comme observé lors du premier vol, cette onde pourrait causer d'importants dommages aux environs du pas de tir.

    Deux innovations à bord du Super Heavy

    À bord du lanceur, on note une modification majeure qui concerne la séparation des deux étages du Starship qui n'avait pas fonctionné correctement lors du premier vol d'essai. La technique traditionnelle, utilisée par tous les lanceurs avec l'allumage des moteurs de l'étage supérieur (le Starship) après la séparation d'avec l'étage principal (le Super Heavy), est abandonnée. SpaceX fait un choix plutôt audacieux avec des moteurs qui seront mis en route avant la séparation des deux étages. Les moteurs seront allumés seulement environ deux minutes et quarante secondes après le décollage lorsque les moteurs de l'étage principal commenceront à s'arrêter. Pour éviter de brûler et faire exploser l'étage principal, le fut des six moteurs Raptors sera orienté vers l'extérieur des étages.

    Le profil du deuxième vol du Starship, identique à la mission du premier vol. © SpaceX
    Le profil du deuxième vol du Starship, identique à la mission du premier vol. © SpaceX

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    Voici à quoi ressemblera un vol réussi du Starship, la plus grande fusée du monde

    Autre innovation, cette fois-ci pour éviter au lanceur de voler en crabe comme cela a été le cas lors de la première tentative et qui s'expliquait par un choix plutôt surprenant de loger des moteurs non orientables dans la couronne externe de la baie. Dans sa nouvelle configuration, le Super Heavy sera équipé d'un système électronique de direction plus performant lui permettant d'orienter les buses des moteurs pour maintenir la trajectoire du lanceur dans son couloir prédéfini. Enfin, et on espère ne pas en arriver là, le système d'autodestruction du lanceur, qui avait aidé à fonctionner lors du premier vol, sera plus « radical ».


    Le Starship, le plus puissant lanceur du monde, pourrait décoller vendredi pour un nouveau test

    Article de Remy Decourt, publié le 14/11/2023

    L'imminence du deuxième lancement d'un Starship se confirme, avec des annonces de fermeture de routes à Boca Chica ; SpaceX mentionne sur son site Internet la possible date du 17 novembre. Cependant, tous les voyants réglementaires ne sont pas au vert. La FAA, seul organisme à donner une autorisation de vol pour le Starship, attend le rapport environnemental de l'Agence fédérale en charge de la protection de la vie en milieu aquatique et de la faunefaune (FWS). 

    Plus de six mois après le premier vol du Starship, dont on connaît le sort, le deuxième lancement semble imminent. À la Starbase de SpaceX, d'où la fuséefusée géante décollera, on est fin prêt pour allumer les puissants moteurs du lanceur. Manque seulement l'autorisation de vol. On vous explique.

    En attente des conclusions de l'examen environnemental

    Selon divers sites Internet américains, les défis réglementaires entourant le vol du Starship se concentrent désormais principalement sur la finalisation d'un examen environnemental, actuellement sous la responsabilité du Service chargé de la protection de la vie aquatique et de la faune (FWS). Cette agence évalue les modifications apportées à la fusée, à l'infrastructure et à la partie sol du Starship. La semaine dernière, la FAA, qui supervise les lancements privés aux États-Unis, a annoncé avoir achevé l'examen de sécurité du Super Heavy et du Starship, mais elle attend toujours le rapport du FWS avant de prendre une décision concernant l'autorisation du retour en vol du Starship.

    Le Starship de SpaceX se tient prêt pour son deuxième vol de démonstration. © SpaceX
    Le Starship de SpaceX se tient prêt pour son deuxième vol de démonstration. © SpaceX

    Plusieurs espèces menacées ou en voie de disparition

    Pour comprendre la position du service en charge de la protection de la vie en milieu aquatique et de la faune, qui a le mauvais rôle en retardant le retour en vol de la fusée géante, il faut savoir que la base de lancement de SpaceX, la Starbase, est entourée d'espaces vierges qui servent d'habitats et abritent des espaces animales menacées comme le bécasseau maubèche, le jaguarondijaguarondi, les populations d'ocelotsocelots et les tortues marinestortues marines, y compris la Kemp's Ridley, qui niche sur les plages de Boca Chica, l'une des tortues marines les plus menacées au monde. Un de ces habitats a même été désigné comme essentiel pour une espèceespèce d'oiseauoiseau en voie de disparition, le pluvier siffleur.

    Le lancement du Starship constitue malgré tout un vol d'essai à risque

    Le Starship qui s'apprête à décoller a subi des remaniements par rapport à son premier vol d'essai. Parmi les équipements et éléments concernés, Elon Musk a souligné que le système de séparation de la fusée géante représente la « partie la plus risquée du vol » et a averti « ne pas avoir des attentes trop élevées pour ce deuxième vol », adoptant une tonalité moins optimiste qu'à l'accoutumée.

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    SpaceX doit appliquer 75 mesures avant d'espérer lancer le Starship

    Comme prévu, le plan de vol de la mission demeurera similaire à la première tentative partiellement ratée. Après la séparation, le Starship effectuera un bref passage dans « l'espace » à environ 250 kilomètres d'altitude, suivant une orbiteorbite quasi complète autour de la Terre. Enfin, il rentrera dans l'atmosphèreatmosphère pour réaliser un amerrissage contrôlé dans l'océan Pacifique près d'Hawaï.


    SpaceX : la 2e tentative de lancement du Starship pourrait avoir lieu en décembre

    Article de Remy Decourt, publié le 30/10/2023

    Seulement cinq mois après l'explosion en vol du Starship, SpaceX se dit prête à faire revoler sa fusée gigantesque. En attendant que la FAA, l'agence gouvernementale états-unienne d'aviation civile, autorise le retour en vol du Starship, l'entreprise se prépare pour une deuxième tentative qui pourrait avoir lieu en décembre.

    Il y a quelques jours, les représentants de SpaceX, d'AmazonAmazon et de Blue Origin ont rencontré plusieurs personnalités politiques et membres du sous-comité sénatorial de l'espace et des sciences pour les alerter sur les processus de certificationcertification et d'autorisation de vol de la FAA, l'agence fédérale de l'aviation qui réglemente aux États-Unis les lancements privés, dont la durée ralentit leurs opérations spatiales. Ces entreprises ne souhaitent évidemment pas se soustraire au contrôle réglementaire de la FAA, mais réclament une plus grande efficacité dans le processus de délivrance des licences de lancement. Aujourd'hui, une demande d'autorisation de vol peut prendre jusqu'à 135 jours !

    Une autorisation de vol accordée dans quelques semaines

    Apparemment elles ont été entendues. Peu de temps après cette réunion, la FAA a déclaré s'engager à rendre un avis sur l'autorisation du deuxième vol intégré du Starship, bien avant les 135 jours que lui permet son processus de certification.

    C'est donc dans ce contexte réglementaire aujourd'hui plus compréhensible que SpaceX prépare sa fusée géante pour un deuxième vol de démonstration, seulement cinq mois après la première tentative partiellement ratée. Il faut savoir que ce lanceur est prêt depuis la mi-septembre.

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    Starship : pourquoi SpaceX et la Nasa voient s’éloigner le retour sur la Lune

    Plusieurs vols de Starship en 2023 et 2024

    Consciente que l'objectif d'un équipage américain sur la LuneLune en 2025 est hors d'atteinte, l'entreprise SpaceX a déclaré prévoir effectuer au moins deux vols de Starship cette année - ce qui nous paraît difficilement réalisable - et de nombreux autres vols durant l'année 2024. Si elle s'est bien gardée de préciser le nombre de missions visées en 2024, on sait qu'elle prévoit une importante démonstration en orbite de transfertorbite de transfert de carburant entre un Starship dans une version habitée (mais qui sera inhabitée pour le coup) et un Starship en mode cargo.

    Artemis III en point de mire

    Alors que la NasaNasa prépare Artemis II, dont le lancement est prévu fin 2024, la mission suivante, Artemis III, est celle qui doit permettre à deux Américains d'atterrir sur la Lune à bord du Starship lunaire de SpaceX. Mais, LisaLisa Watson-Morgan, gestionnaire du programme Human Landing System (HLS), a déclaré être préoccupée par le calendrier de développement du Starship de SpaceX qui pourrait retarder de plusieurs années le retour des Américains sur la Lune !