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Il y a peut-être eu de la vie à la surface de Mars il y a plus de 3,7 milliards d'années, lorsque la planète était encore enveloppée d'une épaisse atmosphèreatmosphère et recouverte d'eau. Comme l'a montré CuriosityCuriosity, les conditions étaient alors favorables pour qu'elle se développe... Pour savoir si elle a pu exister, des robotsrobots comme ExoMars 2020 (ESA) et Mars 2020 (Nasa) viendront bientôt y mener l'enquête.
Et au présent ? Est-il possible que Mars abrite des formes de vie ? Sur cette question, beaucoup d'astronomesastronomes en doutent étant donné les conditions qui règnent à sa surface. La planète rouge semble en effet bien trop froide et aride. C'est un monde inhospitalier où les chances de trouver de l'eau liquide à sa surface sont nulles. Quoique certains endroits en abriteraient peut-être...
Comme l'ont suggéré de récentes recherches, une eau avec une teneur en sel élevée pourrait rester liquide près de la surface. D'ailleurs, des chercheurs se demandent si les fameux RSL (recurring slope lineae en anglais) -- des écoulements saisonniers sur les pentes les plus chaudes -- observés depuis l'orbite de Mars ne seraient pas causés par ce phénomène. Et surtout, annoncé en fanfare voici quelques semaines : il y a de fortes présomptions qu'un lac d’eau salée existe dans le sous-sol martien, dans la région du pôle nord. Détecté au fil des années par la sonde Mars ExpressMars Express (ESA), ce réservoir n'est probablement pas le seul.
Localisation du réservoir d’eau liquide détecté sous la surface par Mars Express. © Nasa, Viking, Themis, ESA, Nasa, JPL, ASI, Université Rome, R. Orosei et al 2018
Une vie microbienne et peut-être même des éponges !
Mais alors, pourrait-il y avoir de la vie ? Dans l'étude qui vient de paraître dans Nature Geoscience, le planétologue, Vlada Stamenković, et son équipe estiment que, oui ! c'est possible. Une vie microbienne, voire même une vie plus complexe comme des éponges. Comment ? Grâce à l'oxygène moléculaire (O2) lequel serait dissous dans ces poches d'eau saumâtreeau saumâtre (si, bien entendu, elles existent). L'oxygène moléculaire viendrait de l'atmosphère martienne. Certes, il y en a en très faible quantité -- 0,145 % -- en comparaison avec la Terre -- environ 21 % -- mais selon eux, le taux serait tout à fait suffisant pour des formes de vie aérobiesaérobies. Les auteurs estiment, via leurs simulations, que l'O2 pourrait s'infiltrer un peu partout mais comme les concentrations de dioxygène sont plus fortes à basse température, ce serait dans les régions polaires que le taux serait le plus élevé.
« Personne ne pensait à Mars comme un endroit où la respiration aérobie fonctionnerait car il y a très peu d'oxygène dans l'atmosphère, commente l'auteur principal de ces recherches. Ce que nous disons, c'est qu'il est possible que cette planète si différente de la Terre ait pu donner une chance à une vie aérobie ».
Ce n'est encore qu'en « théorie » précise l'auteur... Mais voilà qui donne envie de prêter attention à ces sites dans le sous-sol de Mars. En prenant soin évidemment de ne pas les contaminer au cours de leur exploration. Vlada Stamenković travaille justement sur le projet d'un système nommé TH2OR qui pourrait sonder le sol pour détecter ces éventuelles poches d'eau liquide et saumâtre. Ce serait une première étape. Une autre, a-t-il indiqué, est de reproduire ces environnements en laboratoire et de voir si des microbes parviennent à y prospérer. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
Pour nombre de leurs collègues, l'étude est solidesolide. Dans The Conservation, Andrew Coates, de l'UCL (University College London), souligne que ces « nouveaux résultats [...] montrent comment l'oxygène respirable peut être créé indépendamment de la photosynthèsephotosynthèse et qu'ils pourraient également expliquer comment les roches oxydées à la surface de la planète auraient pu se former ».
Des écosystèmes pourraient exister sous la surface de Mars
Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 27 septembre 2018
Des chercheurs qui ont mené une grande enquête sur l'habitabilité du sous-sol de Mars sont parvenus à la conclusion que de larges zones ont pu accueillir des formes de vie. Et cela durant des centaines de millions d'années. Explications.
Y a-t-il de la vie sur Mars ou y en a-t-il eu dans son lointain passé, plus chaud et humide qu'aujourd'hui ? La question intéresse les chercheurs spécialistes, exobiologistes et planétologues. Sans parler des nombreux Terriens qui veulent savoir s'ils ont des voisins, aussi petits soient-ils, ou pas.
Il y a quatre milliards d'années, les conditions favorables à l'éclosion de la vie à la surface de Mars ont semble-t-il existé, comme l'ont montré les investigations menées au sol par Curiosity (et dans une moindre mesure, SpiritSpirit et Oppoturnity), ainsi que les observations de plusieurs orbiteurs. Mais peut-être furent-elles trop éphémères pour que la vie ait le temps de se développer... La question reste posée. En revanche, dans le sous-sol, il se pourrait que des organismes microscopiques aient trouvé un terrain pour se maintenir des millions d'années durant. Et même des centaines de millions d'années.
Le rover Mars 2020 sera chargé de rechercher d’éventuelles traces de vie sur Mars. Voici les trois sites retenus pour son atterrissage prévu en février 2021. © Nasa
Y a-t-il des Slime à l’intérieur de Mars ?
Une nouvelle étude, publiée dans Earth and Planetary Science Letters, montre que c'est possible. Bien sûr, les auteurs ne disent pas que de la vie existe mais expliquent que, d'après leurs modélisationsmodélisations, des formes de vie pourraient avoir existé dans des écosystèmesécosystèmes souterrains, comme il en existe sur Terre. Les Slime (acronyme de subsurface lithoautrophic microbial ecosystems) sont installés dans les interstices entre les minérauxminéraux au sein les roches ignéesroches ignées.
Vivant dans les entrailles de la Terre, ces organismes (essentiellement des bactériesbactéries, des archéesarchées et des champignonschampignons) ne voient jamais le SoleilSoleil et tirent leur énergieénergie de la chimiolithotrophiechimiolithotrophie, par extraction d'électronsélectrons des moléculesmolécules qui les entourent, notamment l'hydrogènehydrogène moléculaire. Pour Jesse Tarnas et son équipe, cela tombe bien : le sous-sol devait être riche en hydrogène.
Grâce aux données recueillies par la sonde 2001 Mars OdysseyMars Odyssey, les chercheurs ont estimé l'abondance d'uraniumuranium présente dans la croûte martienne à partir de celles du thoriumthorium et du potassiumpotassium identifiées par l'orbiteur. Et comme le rayonnement provoqué par la désintégration de ces éléments radioactifs est capable de briser les molécules d'eau -- un processus nommé radiolyse -- présente dans le sous-sol de Mars, ils ont pu ensuite évaluer les quantités qui étaient émises à la fin du NoachienNoachien.
L'eau ne manquait pas dans les anfractuosités à cette période et, toujours selon leurs modélisations, les zones souterraines où elles pouvaient trouver refuge étaient multiples... Au final, ils ont déterminé que les environnements favorables aux Slime étaient très étendus et épais de plusieurs kilomètres. Ils ont calculé que le sous-sol recelait bien plus d'hydrogène que nécessaire pour ces formes de vie.
En image, la plaine Northeast Syrtis Major photographiée par HiRise de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter. Pour les auteurs de l’étude citée, c’est un site où des traces d’une vie souterraine passée pourraient être découvertes. © Nasa, MRO HiRise
Enfin, autre point qui accroît encore la possibilité que ce milieu fût habitable, tout au moins pour des organismes autolithotrophes : le climatclimat devenu froid de Mars. Eh oui, paradoxalement, la glace qui les recouvrait au niveau supérieur aurait agi comme un bouchon réduisant l'évasion du précieux hydrogène. S'il avait fait plus chaud, l'habitabilité de ce milieu s'en serait retrouvée réduite. En conclusion, c'était un véritable paradis pour ces organismes vivants, si, bien sûr, encore une fois, ils ont existé.
D'ailleurs, il faudrait aller y regarder de plus près. Il existe sur Mars des sites d'impact où des brèches sont visibles en surface. Pour le jeune chercheur et ses coéquipiers, c'est donc là qu'il faudrait aller chercher. Et, jutement, l'un d'entre eux -- Northeast Syrtis Major -- figure sur la liste des trois finalistes pour les enquêtes de terrain du futur Mars 2020. Le roverrover devrait arriver sur Mars... en février 2021. Il est possible que les auteurs de l'étude se rendent à Los Angeles, entre le 16 et le 18 octobre, pour en parler avec leurs pairs dans le cadre du quatrième et dernier « atelier » organisé par la Nasa autour de cette question cruciale. Et, quand connaîtrons-nous le site d'atterrissage définitif de ce Curiosity 2 ? Encore un peu de patience.
La vie pourrait être présente dans les profondeurs de Mars !
Article d'OlivierOlivier Poch publié le 17 septembre 2003
Une vie souterraine pourrait exister sur Mars, peut-être à quelques mètres sous le sol rouge et aride de la planète... Des experts dans la recherche de vie martienne ont participé à la 6ème Conférence de la Mars Society organisée cet été du 14 au 17 août 2003 à Eugene, dans l'état de l'Oregon aux Etats-Unis.
D'après les résultats des recherches effectuées par ce groupe d'experts, la vie pourrait bien exister actuellement sur Mars, cachée dans des cavernes de pierres souterraines ou des poches d'eau liquide afin de se protéger de la surface hostile. Cette perspective incite ces scientifiques à chercher d'abord sur Terre des formes de vie exotiqueexotique, semblables à celles qui pourraient s'épanouir actuellement dans les entrailles de la planète rouge.
Le projet MARTE
Dans cette optique, le groupe d'experts propose d'étudier une rivière du sud-ouest de l'Espagne, le Rio Tinto. Le Rio Tinto a l'étrange particularité d'être rouge, l'eau qui s'y écoule ressemble à du vin rouge, d'où son nom. En fait, cette couleurcouleur vient de la grande quantité de ferfer dissout dans l'eau de la rivière fortement acideacide. Le fer est donc oxydé et prend cette teinte rouillée.
Tinto Rio. ©, Carol Stoker, NASA Ames Research Center
Cet environnement extrême est entretenu par un écosystème microbien. Les microbes présents dans la rivière se nourrissent des minéraux sulfureux et excrètent de l'acide sulfuriqueacide sulfurique !
Les chercheurs pensent qu'une biosphèrebiosphère souterraine pourrait exister en profondeur sous le Rio Tinto. Ces micro-organismesmicro-organismes vivraient à priori sans présence de dioxygène et leur métabolismemétabolisme serait basé sur l'énergie chimique. Cette biosphère souterraine pourrait alors contrôler ce qui se passe en surface. La présence de ces organismes pourrait aider à mieux comprendre les mécanismes de la vie souterraine, vie qui peut être envisagée sur Mars. "La recherche de la vie au Rio Tinto est un bon analogue pour chercher la vie sur mars" a déclaré Carol Stoker.
Carol Stoker, chercheuse du NASA Ames Research Center va se rendre sur place accompagnée de toute une expédition de scientifiques à la mi-septembre afin d'étudier de plus près cet environnement surprenant. Des scientifiques, des chercheurs de la Nasa, des universités américaines et des membres du Centre Espagnol d'AstrobiologieAstrobiologie vont tous se réunir dans quelques jours pour participer au projet MARTE (pour Mars Analog Research and Technology Experiment). Ce projet qui doit s'étaler sur trois ans, aura pour principal objectif de creuser en profondeur sous le Rio Tinto pour tenter d'y trouver une vie aquatique souterraine. Cela pourra également permettre de tester les technologies qui permettront de rechercher la vie martienne. La NASA pourrait par exemple y trouver des idées pour créer puis tester le fonctionnement de ses prochains atterrisseurs qui foreront le sol martien en profondeur.
Carol Stoker a ainsi déclaré lors de la conférence que "nous commençons avec une feuille de papier vierge... Un grand nombre de choses sont à découvrir. Notre action pourra aussi aider à former la génération suivante de sondes martiennes". Stoker a ajouté qu'un des grands défis du projet était de ne pas contaminer la biosphère souterraine lors des prélèvements afin d'obtenir des échantillons propres et représentatifs de la vie sous-superficielle.
Le premier forage doit avoir lieu dans les prochains jours. Plus tard au printemps 2005, un long mois de travail et de simulations de prélèvement d'échantillons sera mis en place.
Le projet MARTE a de beaux jours devant lui !
"70 % de chance" pour une vie dans des cavernes sur Mars...
Durant le Congrès de la Mars Society, une scientifique a exposé une idée particulièrement intéressante. Penelope Boston est directrice du programme d'études des grottes et affaissementsaffaissements de terrain à l'Institut pour l'Exploitation Minière dans l'état du Nouveau Mexique à Socorro.
Penelope Boston en mission dans une caverne sur Terre... à quand l'exploration des profondeurs de Mars ? © Astrobiology, Dr Penelope Boston
Penelope Boston a étudié de près des photographiesphotographies de la surface martienne prises par la sonde Mars Global Surveyor. Certaines montrent sur les flancs de certains volcansvolcans des élévations de terrains tels des veines, ou bien des affaissements. Il est donc possible que des galeries se cachent à ces endroits-là sous le sol martien... Ces cavernes pourraient être d'excellents milieux de développement pour d'éventuels micro-organismes. En effet, dans ces grottes les organismes seraient protégés des rayons ultravioletsultraviolets, extrêment nocifs pour la vie, par l'épaisse couche de terre et de poussières formant la caverne. De plus, ces cavernes pourraient offrir un milieu "douillet" pour la vie en protégeant les organismes des températures extrêmes.
Penelope Boston a rescencé de nombreuses cavités à la surface de Mars en observant les photographie de MGS. La planète Mars ayant connu dans le passé une activité volcanique intense, les cavernes souterraines sont sans aucun doute omniprésentes sur la planète rouge.
Mais l'opportunité offerte par ces grottes ne s'arrête pas là... La sonde Mars Odyssey a en effet découvert de la glace d'eau à moins d'un mètre de la surface de Mars dans certaines régions. Cela voudrait dire que la présence de glace, voir d'eau liquide dans ces cavités volcaniques est fort possible. Aussi, si ces cavités sont bien hermétiques, elles pourraient alors contenir un gazgaz tel que de la vapeur d'eau par exemple... Un tel cocktail est très positif pour l'existence de vie actuellement sur Mars !
"Compte tenu des dernières preuves de présence de grandes quantités de glaces souterraines, j'estime les chances d'une existence de vie sur Mars à 70 %" a déclaré P. Boston. "C'est la plus forte estimation que je n'ai jamais faite" a-t-elle ajouté lors de la conférence.
Penelope Boston a confié que plus elle étudie le milieu souterrain terrestre, plus selon-elle, l'existence d'une vie souterraine sur Mars devient probable. La chercheuse pense également que l'existence d'une biosphère souterraine ne nécessite pas l'existence d'une biosphère de surface : "On pense tout de suite dans notre tête que la vie ne peut s'épanouir qu'en surface, dans un environnement riche en oxygène avec Bambi sautillant gaiement sur le sol. Mais cela n'est peut-être pas toujours le cas, les biosphères peuvent être différentes". Sur Mars par exemple, la biosphère souterraine pourrait être beaucoup plus accueillante que la surface où règnent des conditions climatiques extrêmes.
L'étude de ces cavités martiennes promet d'être passionnante. Restera alors à aller voir sur place ce qu'il en est...
Ce qu’il faut
retenir
- De récentes recherches ont montré que de l’eau saumâtre peut exister sous la surface de Mars.
- Bien que de prime abord très inhospitalière, la Planète rouge pourrait abriter des formes de vie aérobie dans ces réservoirs souterrains salés.
- Leurs simulations suggèrent que l’oxygène moléculaire pourrait se dissoudre dans ces lacs, notamment dans les régions polaires.
- Dans le lointain passé de Mars, la désintégration d’éléments radioactifs dans ses profondeurs aurait permis la radiolyse de l’eau.
- Sa ionisation aurait ainsi produit de l’hydrogène moléculaire en abondance. Autant qu’il y en a sur Terre, dans son sous-sol où des micro-organismes s’en nourrissent.
- Des écosystèmes souterrains auraient pu exister dans les entrailles de Mars. Les régions en surface où des roches profondes sont exposées sont à privilégier, soutiennent les chercheurs.