Depuis des dizaines d’années, on trouve des briques de la Vie dans des météorites, comme des acides aminés et surtout des nucléobases comme l'adénine. Toutefois, certains pensaient qu’il s’agissait peut-être de contaminations terrestres. De récentes analyses de météorites leur donneraient tort.

au sommaire


    Une chondrite carbonée et les formules chimiques des molécules trouvées par les chercheurs. © Nasa's Goddard Space Flight Center/Chris Smith

    Une chondrite carbonée et les formules chimiques des molécules trouvées par les chercheurs. © Nasa's Goddard Space Flight Center/Chris Smith

    Comment la vie est-elle apparue sur Terre ? C'est une des questions scientifiques les plus difficiles auxquelles l'humanité est confrontée. La découverte des molécules organiques interstellaires et le développement des scénarios de cosmogonies scientifiques au cours de la seconde moitié du XXe siècle suggèrent fortement qu'une partie de la clé de cette énigme se trouve dans l'espace.

    Une chimie prébiotiqueprébiotique complexe semble s'y dérouler et les météorites laissaient entendre depuis des décennies que les briques de la vie ne sont probablement pas créées initialement dans l'environnement géochimique particulier de la Terre primitive mais bel et bien dans l'espace. Ce serait alors l'intense bombardement datant de l'HadéenHadéen, peu après la phase principale d'accrétion ayant fait naître les planètes, qui aurait apporté sur Terre ces briques. Certains vont même plus loin en postulant que la vie elle-même serait apparue dans les comètes.

    Chromatographie et spectroscopie de masse pour des chondrites carbonées

    Toujours est-il que l'on trouve effectivement dans des chondrites carbonées, similaires à la météorite du lac Tagish, des acides aminésacides aminés et même des bases azotéesbases azotées à partir desquelles se construit l'ADNADN. La météorite de Murchison en est un bon exemple puisqu'on y trouve une telle nucléobase, l'adénine.


    Un extrait du documentaire du projet multiplateforme francophone sur la cosmologie contemporaine, Du Big Bang au Vivant. © Groupe ECP, www.dubigbangauvivant.com/Youtube

    Certains groupes de chercheurs pensaient avoir démontré que les nucléobases trouvées ne pouvaient être des contaminationscontaminations terrestres postérieures à l'arrivée des météorites sur Terre. Mais d'autres n'étaient pas convaincus. Un groupe de cosmochimistes et d'exobiologistes du NasaNasa's Goddard Space Flight CenterGoddard Space Flight Center vient d'annoncer avoir des preuves probables solidessolides de l'origine extraterrestre de l'adénineadénine et de la guanineguanine trouvées dans les météorites.

    Pour obtenir ces preuves, ils ont commencé par plonger des fragments de douze météorites carbonées, dont neuf trouvées en AntarctiqueAntarctique, dans de l'acide formique. Le liquideliquide obtenu a subi une chromatographiechromatographie pour séparer des composants chimiques qu'il pouvait contenir en différents échantillons. Enfin, la technique de spectrométrie de massespectrométrie de masse a été utilisée pour identifier ces composants chimiques.


    Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur « cc » pour que s'affichent d'abord des sous-titres en anglais si ceux-ci n'apparaissent pas déjà. En passant simplement la souris sur « cc », apparaîtra « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître le menu du choix de la langue, choisissez « français » puis « ok ». © Nasa/Goddard Space Flight Center

    De l'adénine et de la guanine ont bien été trouvées avec de l'hypoxanthine et de la xanthine, qui, bien que n'entrant pas dans la composition de l'ADN ou de l'ARNARN, interviennent en biochimiebiochimie. Surtout, pour la première fois, les chercheurs ont trouvé des traces de purinepurine, 2,6-diaminopurine et 6,8-diaminopurine. Ces molécules sont proches des bases azotées de l'ADN, mais les deux dernières n'interviennent quasiment jamais en biologie et on ne devrait pas les retrouver associées à des contaminations terrestres.

    Une réaction chimique banale

    Pour renforcer cet argument, les exobiologistes ont analysé des échantillons de glace et de sol associés aux sites où les chondrites carbonées ont été découvertes. Non seulement les quantités de guanine, adénine, xanthine et hypoxanthine se sont révélées être bien plus faibles que dans les météorites mais aucune trace de purine, 2,6-diaminopurine et 6,8-diaminopurine n'y a été détectée !

    De plus, les cosmochimistes ont obtenu en laboratoire les mêmes molécules avec un mélange de cyanure d'hydrogènecyanure d'hydrogène, d'ammoniacammoniac et d'eau, des composés chimiques que l'on détecte dans les nuages interstellairesnuages interstellaires et qui peuvent se trouver dans des astéroïdesastéroïdes.

    Au final, il semble bel et bien impossible de croire que l'adénine et la guanine trouvées dans les douze météorites ne soient pas d'origine extraterrestre.