Les plus grandes découvertes sont souvent fortuites, et le robot Spirit vient de le confirmer en découvrant un terrain idéal, au moins par le passé, à la prolifération d’une vie microbienne sur Mars.

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    Agrandissement d'un sillon tracé par Spirit. Crédit Nasa

    Agrandissement d'un sillon tracé par Spirit. Crédit Nasa

    Depuis plusieurs mois, le robotrobot Spirit traîne la patte. Une de ses roues s'est en effet bloquée, probablement suite à la pénétration d'un corps étranger. La surface de la bande de roulement étant texturée un peu comme un pneupneu de voiturevoiture, elle se comporte en mini-excavatrice et trace un sillon régulier dans le sol martien.

    En mai dernier, les techniciens de la Nasa avaient déjà remarqué que ce creusement dégageait une poussière d'un blanc brillant qui les avait intrigués... Une première analyse leur avait permis de conclure qu'il s'agissait vraisemblablement de silicesilice presque pure (SiO2), signe annonciateur de la présence d'eau par le passé. La sonde avait alors été programmée pour analyser systématiquement cette trace et de nouveaux examens aussitôt programmés. Leurs résultats sont surprenants.

    Sur Mars, il neige de la silice

    Comme on l'avait pensé, la matière mise au jour est constituée de silice pure à 90 %, ce qui explique son aspect blanc neigeux. De son analyse précise, les chercheurs ont dégagé deux hypothèses susceptibles d'en expliquer la provenance.

    Sillon laissé dans le sol par le robot Spirit. Crédit Nasa
    Sillon laissé dans le sol par le robot Spirit. Crédit Nasa

    La première explication réside dans la dissolution de la silice naturellement présente dans le sous-sol par des sources d'eau très chaude, qui sous l'effet de la pression surgit violemment en surface sous forme liquide ou de vapeur. Ce phénomène est connu sur Terre : c'est un geysergeyser. Après évaporation, la silice reste étalée en surface, puis finement recouverte par la poussière lors des fréquentes tempêtestempêtes qui balaient la Planète rouge... attendant patiemment quelques siècles, ou millénaires, avant d'être dégagée par un robot claudiquant.

    Sillon laissé dans le sol par Spirit, autre vue. Crédit Nasa
    Sillon laissé dans le sol par Spirit, autre vue. Crédit Nasa

    La deuxième hypothèse voudrait que Spirit, au cours de ses pérégrinations, soit passé par hasard sur une fumerolle, un lieu où la vapeur d'eau acideacide monte vers la surface à travers les fissures du sol en décapant les minérauxminéraux solubles sur son passage à l'exception de la silice. De telles fumerollesfumerolles semblent aussi avoir été détectées sur Mars.

    Terre d’accueil pour la vie

    Steve Squyres, directeur du programme de recherches au moyen des robots Spirit et OpportunityOpportunity et appartenant à l'université Cornell (Ithaca, New-York), se réjouit de cette découverte. Quelle que soit l'hypothèse adoptée, déclare-t-il en substance, les implications pour l'habitabilité potentielle du sol martien sont identiques. « Vous pouvez vous rendre auprès des sources chaudessources chaudes ou des fumerolles terrestres, et vous pourrez constater par vous-même que c'est grouillant de vie », s'enthousiasme-t-il.

    Malheureusement, les deux robots n'ont pas été conçus pour détecter directement la vie, et les microscopesmicroscopes qui les équipent n'autorisent qu'un agrandissement de 30 fois (ce qui soulève d'ailleurs de nombreuses critiques, un microscope-jouet permettant nettement mieux...). Les scientifiques les ont simplement équipés d'instruments destinés à visualiser les formations géologiques situées en face d'eux, et déterminer si la vie est susceptible d'avoir proliféré en surface, notamment en détectant une présence passée d'eau liquide.

    La détection de la vie martienne

    La réponse à cette question primordiale, qui pourrait constituer la plus grande découverte de l'Histoire, pourrait être apportée par la mission américaine Mars Science LaboratoryMars Science Laboratory qui devrait prendre le départ en 2009.

    <em>Mars Science Laboratory.</em> Crédit Nasa

    Mars Science Laboratory. Crédit Nasa

    Ce gros roverrover embarquera 65 kgkg d'instruments scientifiques dont notamment un chromatographe en phase gazeuse couplé à un spectromètrespectromètre de massemasse (GC-MS), capable de détecter des traces de matière organique et de répondre à certaines questions d'exobiologieexobiologie. Malheureusement, les techniciens n'ont pas voulu l'équiper d'un microscope plus puissant que les sondes actuelles, et il est regrettable qu'une fois de plus, la Nasa se soit montrée réticente à l'emport d'expériences d'exobiologie dignes de ce nom.

    Mais l'arbitrage pourrait revenir à l'Europe, avec le programme ExoMarsExoMars qui devrait quitter la Terre au début de la prochaine décennie.

    ExoMars. Crédit Esa

    ExoMars. Crédit Esa

    Ce robot utilisera une foreuse afin de prélever des échantillons jusqu'à deux mètres de profondeur, puis ceux-ci seront introduits dans un compartiment où ils seront analysés de façon non destructive (observation au microscope et spectromètre de Raman) puis destructive, au moyen d'un instrument similaire au RAT (Rock AbrasionAbrasion Tool) des rovers Opportunity et Spirit.

    L'expérience MODMOD (Mars Organic Detector) recherchera les acides aminésacides aminés, tandis qu'un chromatographe et un spectromètre de masse détecteront les moléculesmolécules organiques et que des biomarqueurs, basés sur des anticorpsanticorps, seront utilisés pour débusquer d'éventuelles formes de vie.