Dans l’imaginaire collectif, les arbres ralentissent le réchauffement climatique en stockant le CO2 émis par l’Homme dans l’atmosphère. Mais, de plus en plus de travaux scientifiques suggèrent que les choses pourraient ne pas être aussi simples.


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    Pour limiter le réchauffement climatique, il faut réduire nos émissionsémissions de CO2. Le défi est de taille. Car, malgré la menace, notre société peine à revoir ses modes de consommation. Alors, certains imaginent des solutions qui reposent sur la capture du CO2 atmosphérique. En plantant un grand nombre d'arbres, notamment. Des arbres destinés à absorber le dioxyde de carbone. En effet, ils en ont besoin pour vivre. Par photosynthèse, ils transforment le CO2 en énergieénergie. Mais, ils l'utilisent aussi pour fabriquer du bois et des racines, une manière donc de stocker le dioxyde de carbone atmosphérique pendant plusieurs décennies. D'autant qu'une étude de 2011 affirme que les arbres absorbent plus de carbone qu'ils n'en émettent par respiration et par décomposition.

    Pour la première fois en 2015, l'accord de Paris prévoyait ainsi que les pays devaient s'efforcer de compenser leurs émissions de carbone, non seulement en protégeant leurs forêts existantes, mais aussi en plantant de nouvelles forêts. La Chine envisage ainsi de planter des arbres sur une superficie de quatre fois celle du Royaume-Uni. Et en Californie, les propriétaires de forêts peuvent vendre des crédits à des entreprises émettrices de CO2. En 2017, une étude estimait que les forêts du monde pourraient participer pour plus d'un tiers à la « réduction des émissions » nécessaire à maintenir le réchauffement en dessous de 2 °C d'ici 2030.

    Tout le monde s’accorde sur l’importance de protéger les forêts existantes qui abritent une grande part de la biodiversité de notre planète. © Sergei Akulich, Unsplash
    Tout le monde s’accorde sur l’importance de protéger les forêts existantes qui abritent une grande part de la biodiversité de notre planète. © Sergei Akulich, Unsplash

    Des résultats d'études contradictoires 

    Néanmoins, quelques scientifiques appellent à la prudence. Selon eux, les forêts ont des impacts sur le climat qui demeurent incertains. Depuis longtemps, les chercheurs savent ainsi que les feuilles des arbres absorbent plus la lumièrelumière du soleilsoleil que les champs ou les sols nus. Les forêts renvoient donc moins d'énergie solaire vers l'espace, ce qui entraîne un réchauffement. Un phénomène qui s'observe essentiellement aux hautes latitudes et dans les régions montagneuses ou sèches.

    Par ailleurs, il semble aujourd'hui acquis que les arbres échangent en permanence avec l'atmosphèreatmosphère. Et ils émettent un ensemble de produits chimiques dont certains pourraient participer au réchauffement de la planète. Des campagnes de collecte de données devraient permettre de faire la lumière sur le sujet. Mais une étude, par exemple, pointe du doigt l'isoprèneisoprène qui, en réagissant avec les oxydes d'azoteoxydes d'azote de l'airair, peut former de l'ozoneozone, un puissant gaz à effet de serre. L'isoprène s'avère également prolonger la vie du méthane atmosphérique. Il faut toutefois lui reconnaître aussi un effet refroidissant lorsqu'il bloque la lumière solaire en favorisant la production d'aérosolsaérosols. Ainsi, l'étude conclut que la transformation des forêts en terresterres agricoles au cours de l'ère industrielle n'aurait eu que peu d'impact global sur le climatclimat.

    Des incertitudes à lever

    D'autres travaux publiés en 2017 ont jeté le trouble en rapportant que les arbres émettent également de grandes quantités de méthane. La moitié des émissions totales de l'Amazonie. Mais ces résultats demandent encore à être précisés.

    Le débat, en tout cas, est lancé et les chercheurs font appel à des modèles informatiques et à des ensembles de données de plus en plus vastes et complets dans l'espoir de déterminer quel est l'impact des forêts sur le climat mondial. En Europe, une étude a ainsi conclu, en 2018, qu'aucun scénario de gestion des forêts ne pourrait avoir d'impact significatif. Aux États-Unis, il pourrait en revanche être intéressant de planter des arbres sur la côte Ouest et dans les régions à l'Est du Mississippi notamment.