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    Dans la forêt tropicaleforêt tropicale humide de la Jamaïque, des petits crabes ont élu domicile dans les « piscines » d'eau de pluie qui se forment entre les feuilles de plantes qui poussent sur le tronc des arbresarbres. Les femelles entretiennent la qualité de l'eau et nourrissent leurs petits !

    Les Broméliacées (plantes de la famille de l'ananasananas) vivent en épiphyte, accrochées aux arbres par leurs racines aériennes, alimentées en eau par l'humidité atmosphérique et la pluie qui ruisselle sur les troncs. Leurs feuilles, coriaces et imbriquées, dirigent l'eau vers une sorte d'entonnoir au centre de la plante. Ces petites « piscines » temporaires peuvent contenir des dizaines de litres d'eau. Elles abritent une vie grouillante : des larveslarves d'insectesinsectes, des têtardstêtards, des petites grenouilles et... des crabes.

    À la Jamaïque, Metopaulias depressus (carapace de deux centimètres) vit ainsi exclusivement dans les mares des Broméliacées, vers 300 mètres d'altitude. Sa carapace aplatie, comme « passée dans une essoreuse » et ses pattes longues et fines lui permettent de grimper à l'écorce des arbres et de se faufiler dans les espaces les plus étroits. La femelle porteporte 20 à 100 gros œufs (1,5 mm de diamètre) qui, exception chez les crabes d'eau douceeau douce, donnent naissance à des larves. Avant leur éclosion, la femelle choisit une plante et prépare la future nurserie.

    <em>Ananas comosus, Bromeliaceae</em>. © H. Zell, Wikimedia commons, CC by-sa 3.0
    Ananas comosus, Bromeliaceae. © H. Zell, Wikimedia commons, CC by-sa 3.0

    Les soins maternels des petits crabes

    Elle retire les débris végétaux qui pourraient désoxygéner son eau et recherche des coquilles vides d'escargots dans la litière des feuilles. Placées dans la « piscine », celles-ci enrichissent l'eau en calcium, nécessaire au développement de la carapace des juvéniles, et diminuent son acidité. Mais les soins maternels ne s'arrêtent pas là. Quand les larves ont mué en jeunes crabes, ceux-ci restent quelques semaines auprès de leur mère. Pour les nourrir, celle-ci capture, transporte et met en pièces des cafards et des mille-pattesmille-pattes, et elle éloigne les prédateurs, particulièrement les redoutables nymphesnymphes de libelluleslibellules. Le degré de vie sociale développé par cette espèceespèce est ainsi tout à fait exceptionnel !

    On ne connaît encore qu'une quinzaine de ces espèces dites « phytothelmiques », c'est-à-dire vivant dans de l'eau accumulée dans un végétal. À Madagascar, certaines vivent dans les mares formées entre les palmes du Ravenala, l'« arbre du voyageur », ou du Pandanus, à 15 mètres au-dessus du sol. En Malaisie, le petit Geosesarma malayanum, rouge vif, visite les urnes des plantes carnivores Nepenthes et se nourrirait des insectes tombés à l'intérieur.