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    Prélevant avec leurs pinces, ici une alguealgue, ici une éponge, trouvée dans leur environnement, les crabes araignéesaraignées - ou araignée de mer - les accrochent aux poils en forme de crochet de leur carapace. Ces décorationsdécorations vivantes, parfois extrêmement élaborées, les protègent des prédateurs. 

    Dans la famille des Majidae, ou crabe araignée, le déguisement est souvent de mise, d'où leur nom de crabe masqué ou decorator crab. Ils prélèvent avec leurs pinces des fragments d'animaux (anémones, éponges...)) ou de végétaux qu'ils sélectionnent dans leur environnement, puis les accrochent aux soies en crochet de leur carapace, de leurs pattes et de leur rostrerostre. Ces soies spécialisées portent des rangées d'arêtes obliques telles qu'un organisme, une fois fixé, ne peut plus s'en détacher, un peu à la façon du Velcro.

    S'ils sont changés d'environnement, les crabes se débarrassent de leur ancien revêtement et se parent d'un nouveau. Un spécimen d'Achaeus cranchii, couvert d'algues, a été placé dans un aquarium où se trouvaient uniquement des feuilles de posidonies. Deux heures plus tard, après s'être « déshabillé », il était entièrement hérissé d'une multitude de petits carrés verts qu'il avait découpés dans la plante marine ! L'instinct de camouflage commence très tôt dans la vie du crabe puisque des juvéniles d'environ deux millimètres s'emparent déjà de matériaux pour s'en recouvrir.

    Un couple d'<em>Inachus phalangium</em> découvert à marée basse : à gauche, la femelle recouverte d’une éponge, à droite le mâle. © Catherine Vadon, DR
    Un couple d'Inachus phalangium découvert à marée basse : à gauche, la femelle recouverte d’une éponge, à droite le mâle. © Catherine Vadon, DR

    Pourquoi le crabe araignée décore-t-il sa carapace ?

    La constitution d'un « jardin » attire une foule de petites formes animales qui s'y installent et renforcent ainsi, par leur présence, le camouflage. Il sert au crabe à se camoufler des prédateurs qui utilisent des indications visuelles ou tactiles pour chercher leurs proies, ou qui les détectent par leurs excrétions métaboliques. Ce sont ainsi des organismes toxiques, notamment des ascidies, qui sont parfois utilisés comme protection.

    En Caroline du Nord, Libinia dubia décore sélectivement sa carapace avec l'algue Dictyota menstrualis, qui émet des substances chimiques toxiques qui profitent au crabe ; elle produit notamment le dictyol E qui dissuade fortement les poissonspoissons de le manger. Or, ce composant stimule aussi l'utilisation de cette algue par ce crabe pour son déguisement !