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Après l'année 2010, déclarée par l’ONU « Année internationale de la biodiversité », les inquiétudes s’affirment concernant la survie de nombreuses espèces.
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Après l'année 2010, déclarée par l’ONU « Année internationale de la biodiversité », les inquiétudes s’affirment concernant la survie de nombreuses espèces.
Les causes de l'extinction en masse que nous vivons sont nombreuses, tout comme ses conséquences. Si, à Rio en juin 1992, des chefs d'État se sont penchés sur la biodiversité, c'est à la fois parce que son importance pour les activités humaines et le bien-être de nos sociétés étaient devenus évidents mais aussi parce que ce tissu vivant de notre planète se déchirait un peu partout - forêts tropicales brûlées ou rasées, récifs coralliens érodés, ressources marines menacées...
D'aucuns parlaient d'une sixième crise d'extinction en masse. Et bien, tout cela est vrai :
Ce diagnostic est préoccupant car ces pertes ne sont pas compensées par un rythme comparable de spéciations (apparitions de nouvelles espèces) - même si ce point est très difficile à quantifier.
Pendant la majeure partie des deux derniers millions d'années la Terre a traversé une ère glaciaire, passant successivement par des périodes de froid intense et des périodes interglaciaires plus chaudes. Appelée pléistocène par les géologues, cette époque s'est achevée il y a 12 000 ans, lorsqu'a commencé l'époque récente, l'holocène.
Chaque alternance entre phases glaciaires et interglaciaires fut marquée par des changements de paysages, caractérisés par des altérations profondes des peuplements végétaux dominants puis, très logiquement, des communautés animales qui en dépendaient.
Dans cette dynamique générale un phénomène particulier a retenu l'attention et soulevé force débats : les grandes espèces, et spécialement les grands mammifères (d'un poids supérieur à 45 kilos), apparurent particulièrement vulnérables. On assista, de fait, à l'extinction de la mégafaune : mammouths, mastodontes, dinothériums et autres diprotodons disparurent. Cette vague d'extinction qui - partout sauf en Afrique - entraîna dans son sillage la majeure partie de la grande faune, s'accéléra à la fin du pléistocène, alors que les glaciers entamaient leur dernier repli. En Amérique, par exemple, se produisit entre 12 000 et 10 000 ans avant J.-C. une brève et catastrophique chute de la faune, au cours de laquelle s'éteignirent 57 espèces de grands mammifères.
Si la coïncidence de leur disparition avec la transition entre glaciation et un âge interglaciaire conduisit d'abord à incriminer le changement climatique (déjà !), divers auteurs en vinrent rapidement à montrer du doigt l'homme et ses hordes de chasseur. La polémique n'est pas close.
Il est vraisemblable que si l'homme a pu jouer un rôle marquant dans cette extinction, ce fut sur une faune déjà affaiblie par les changements climatiques et les modifications consécutives du paysage végétal. Dans le cas de l'Australie cependant, où le phénomène est observé en dehors de tout changement climatique, il est difficile d'absoudre l'homme de sa responsabilité et de ne pas dénoncer les effets de la chasse ou de la destruction progressive des habitats par les groupes humains. De fait, moins de dix mille ans après la colonisation de ce continent par notre espèce (vers- 55 000 ans), 23 des 24 genres endémiques de mammifères, d'oiseaux et de reptiles pesant plus de 45 kilos avaient entièrement disparu - alors que le climat régional était resté stable et favorable à ces espèces.
Les facteurs impliqués dans cette crise d'extinction, probablement amorcée dès la phase d'expansion de notre espèce (voir encart ci-dessus), sont bien identifiés :
Tels sont les facteurs qui expliquent l'emballement de la machinerie des extinctions. Et derrière tout cela, nœud central dans le réseau trophique mondial, l'espèce Homo sapiens qui est devenue si nombreuse et si vorace en ressources de toutes sortes, espace compris, qu'elle mange le pain de beaucoup d'autres espèces, qu'elle en détruit les milieux de vie, sans oublier toutes celles qu'elle surconsomme au point de les conduire au bord de l'extinction : morue de Terre Neuve, thon rouge... et quasiment toutes les grandes espèces prédatrices terrestres ou marines.
Quand on a intégré le fait que cette biodiversité est organisée en réseaux, on imagine aisément toute la cascade d'extinctions que ces atteintes au tissu vivant planétaire pourront entraîner. Bref, de maille en maille celui-ci se déchire et tous les biens et services qu'il nous assure, dont nous avons besoin, se détériorent.