La biodiversité est sur toutes les lèvres depuis une dizaine de jours à Nagoya, à l’occasion de la 10e conférence de la Convention sur la diversité biologique. Le constat est alarmant : la biodiversité bat dangereusement de l’aile. Des mesures doivent donc être prises à l’échelle planétaire.

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    Les putois à pieds-noirs font partie des quelques espèces animales réintroduites. © DR

    Les putois à pieds-noirs font partie des quelques espèces animales réintroduites. © DR

    Pas moins de 15.000 délégués de 193 états signataires se sont réunis en présence de bon nombre de scientifiques, pour assister à la 10e conférence de la Convention sur la diversité biologique (COP 10), qui se tient à Nagoya (Japon) du 18 au 29 octobre 2010. Le but : comprendre les enjeux, estimer la biodiversité actuelle et future et surtout conclure des accords internationauxaccords internationaux permettant de ralentir une progression inquiétante.

    Car sans surprise, la biodiversité est toujours en danger et son statut n'a pas changé en cette année 2010, qualifiée d'« année internationale de la biodiversité » par les Nations unies. Bien que les efforts mis en place semblent payants, beaucoup de dispositions restent à améliorer pour alléger une longue liste d'espèces menacées.

    Un Vertébré sur cinq en danger

    En effet, les espèces continuent de disparaître inexorablement et aujourd'hui 25.000 d'entre elles figurent sur la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La liste rouge de l'UICN classe les espèces selon sept catégories différentes (en fonction de l'importance de la menace qui pèse sur eux), allant des espèces sous « préoccupation mineure » jusqu'aux espèces « disparues », en passant par les espèces « vulnérables » ou « en danger critique d'extinction ».

    Se basant sur ces données, 174 scientifiques du monde entier se sont plus précisément focalisés sur le devenir des Vertébrés. Selon les résultats de leurs recherches publiés dans le journal Science, 20 % des Vertébrés sont menacés d'extinction, soit 25 % des Mammifères et 41 % des Amphibiens ! De plus, 52 espèces de Mammifères, d'Oiseaux et d'Amphibiens se classent chaque année dans une catégorie plus près de l'extinction. La population de certaines espèces de vautours asiatiques a même décliné de 99 % en deux décennies.


    Quelques images d'espèces menacées qu'il serait dommage de voir disparaître... © IUCN

    Les causes de cette dégradation sont en majorité liées à l'expansion de l'agricultureagriculture, à la déforestationdéforestation, aux surexploitations et aux invasions insulaires par des espèces étrangères. L'Asie du Sud-Est est particulièrement touchée, principalement à cause de la déforestation au profit des gigantesques palmeraies destinées à la production de l'huile de palme. Malgré tout, l'article soulève le bénéfice des efforts réalisés, sans lesquels la détérioration se serait aggravée de 20 %. Certaines espèces disparues des terresterres naturelles (le cheval de Przewalski ou le putoisputois à pieds noirs) ont pu être réintroduites avec succès.

    Quelle biodiversité au 22e siècle ?

    Des scénarios pour la biodiversité globale au 21e siècle ont également été imaginés par une équipe de chercheurs. Différents paramètres ont été pris en compte : le nombre d'espèces, mais également leur répartition sur le globe, la qualité des habitats... D'après l'article paru dans la revue Science, le monde ne doit pas s'attendre à aller mieux, on pourra tout au plus ralentir la course de l'extinction des espècesextinction des espèces

    Pour Paul Leadley, professeur à l'université Paris‐Sud 11, « il n'y a aucun doute que le mode de développement actuel mènera à une perte catastrophique de la biodiversité. Même les scénarios les plus optimistes prédisent des extinctions et le déclin démographique de nombreuses espèces ». L'objectif de stabiliser la biodiversité pour 2020 semble donc irréalisable, mais la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écologiques (IPBES), née cette année, veille et jouera le rôle d'intermédiaire entre les scientifiques et les politiques pour accélérer la mise en œuvre de mesures concrètes.

    Dans les bonnes nouvelles, une publication par la WWFWWF indique la découverte, entre 1999 et 2009, de plus de 1.200 nouvelles espèces en Amazonie : 637 Plantes, 257 PoissonsPoissons, 216 Amphibiens, 55 ReptilesReptiles, 16 Oiseaux et 39 Mammifères. Il ne faut toutefois pas confondre la découverte d'espèces jusqu'alors inconnues (comme ici, ou grâce au recensement de la vie sous-marine) et l'apparition de nouvelles espèces qui est, quant à elle, le résultat d'un processus évolutif très long.