La dixième conférence mondiale sur la diversité biologique vient de s'ouvrir à Nagoya, dans le centre du Japon, jusqu'au 29 octobre. Au programme : le bilan des actions passées – qui ressemble plutôt à un constat d'échec – et la recherche d'une répartition équitable des ressources naturelles – qui concerne surtout l'industrie de la chimie, de la pharmacie et des cosmétiques.

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    La dixième réunion de la conférence des Parties, COP 10, vient de s'ouvrir pour tenter de ralentir l'extinction des espèces vivantes observées aujourd'hui. Son logo place l'homme au centre. © Conférence des Parties

    La dixième réunion de la conférence des Parties, COP 10, vient de s'ouvrir pour tenter de ralentir l'extinction des espèces vivantes observées aujourd'hui. Son logo place l'homme au centre. © Conférence des Parties

    Enfermés pour douze jours, les représentants de 193 nations vont parler de biodiversité et des moyens de la préserver. La première idée d'une concertation internationale sur ce thème remonte à 1992 lors d'une réunion des Nations unies à Rio de Janeiro, au Brésil. Depuis, les progrès accomplis portent essentiellement sur la mesure du taux d'extinction des espèces... Encore reste-t-elle très vague. On cite souvent une fourchette, indiquée par Anne Teyssèdre en 2004 : le taux d'extinction observé aujourd'hui serait entre « 50 et 560 fois supérieur au taux d'extinction attendu pour une biodiversité stable ». On indique souvent, aussi, le chiffre d'un facteur mille. Certains disent que la réalité est bien plus élevée.

    On peut aussi se contenter de comptabiliser les espèces actuellement menacées. Selon le dernier rapport de l'UICN (Union mondiale pour la conservation de la natureUnion mondiale pour la conservation de la nature), une espèce sur trois (végétales et animales) fait face à un risque élevé d'extinction. Encore ne connaît-on qu'une fraction des espèces vivant sur notre planète, comme l'ont démontré les superbes moissons réalisées par l'opération Census of Marine Life et par les expéditions en Papouasie-Nouvelle Guinée de l'ONG Conservation International.

    Une grenouille que l'on ne connaissait pas, une des 24 espèces d'amphibiens découvertes par l'<a href="http://www.conservation.org/FMG/Pages/galleryplayer.aspx?galleryitemid=106" title="Papua New Guinea Expedition - Muller Range" target="_blank">expédition dans les monts Muller</a>, en Papouasie-Nouvelle Guinée. © Piotr Naskrecki / iLCP

    Une grenouille que l'on ne connaissait pas, une des 24 espèces d'amphibiens découvertes par l'expédition dans les monts Muller, en Papouasie-Nouvelle Guinée. © Piotr Naskrecki / iLCP

    Patrimoine génétique à conserver

    L'extension des activités et des habitations humaines, avec les déforestations qui l'accompagnent, constituent la première cause de ce qui est de plus en plus souvent présenté comme la sixième extinction massivesixième extinction massive qu'a connue la vie terrestre. Lors de la précédente réunion, en 2002, les participants s'étaient engagés  à « parvenir d'ici à 2010 à une réduction significative du rythme actuel d'appauvrissement de la biodiversité ». Les premières discussions feront un bilan de ces actions et ne pourront que constater leur échec.

    De l'avis général, il n'y aura pas à Nagoya d'accord grandiose sur la préservation de la biodiversité dans le monde. Trois thèmes sont au menu de cette COP 10, dixième réunion de la conférence des Parties, l'organe directeur de la convention : définir de nouveaux objectifs pour réduire l'érosion de la biodiversité à l'horizon 2020, déterminer un cadre juridique définissant la manière dont les industries utilisent les ressources vivantes des pays pauvres et trouver des moyens d'aider ces pays à protéger leurs ressources naturelles.

    <em>Vigtorniella sp.</em>, un ver polychète jusque-là inconnu, découvert dans la baie Sagami, au Japon, à 925 mètres, à proximité d'une carcasse de baleine, une manne pour la vie profonde qui attire de nombreux animaux. Cette nouvelle espèce fait partie de celles découvertes par l'opération <em><a href="http://origin.coml.org/image-gallery" title="Census Marine of Life - Image Gallery" target="_blank">Census Marine of Life</a></em>. © Yoshirio Fujiwara/Jamstec

    Vigtorniella sp., un ver polychète jusque-là inconnu, découvert dans la baie Sagami, au Japon, à 925 mètres, à proximité d'une carcasse de baleine, une manne pour la vie profonde qui attire de nombreux animaux. Cette nouvelle espèce fait partie de celles découvertes par l'opération Census Marine of Life. © Yoshirio Fujiwara/Jamstec

    Le deuxième point semble focaliser les attentions et devrait, espère-t-on, se concrétiser par un « protocoleprotocole ABSABS », ABS pour access and benefit sharing, soit accès et partage des avantages. Actuellement, plusieurs industries - la pharmacie, la chimiechimie et les cosmétiques - exploitent abondamment les ressources génétiquesgénétiques des pays où la nature est riche, y trouvant chez les animaux ou les végétaux des moléculesmolécules intéressantes qui seront ensuite synthétisées en usine.

    Telle plante médicinaleplante médicinale ou telle recette cosmétique pourront ainsi aboutir dans les pays riches à des produits très coûteux et à de substantiels bénéfices dont les populations à l'origine de l'invention ne verront jamais qu'une ombre lointaine. La traque aux copieurs de musique sur le Web semble bien plus efficace que la lutte contre ce que certains appellent une biopirateriebiopiraterie...