Les micros sont trop puissants ! Puisque vous n’utilisez que 5 % de leur puissance, remplacez-les par un terminal. Ce sera plus économique et meilleur pour la planète ! C’est en substance ce qu’explique le gouvernement britannique. Les constructeurs, eux, s’organisent pour rendre leurs machines plus économes.

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    Les processeurs actuels sont bien moins gourmands, à puissance égale, que leurs aînés. Mais il faut encore compter plusieurs centaines de watts pour un micro. Serait-ce trop  ? Crédit : Intel

    Les processeurs actuels sont bien moins gourmands, à puissance égale, que leurs aînés. Mais il faut encore compter plusieurs centaines de watts pour un micro. Serait-ce trop ? Crédit : Intel

    Utiliser un ordinateur avec 1 Go de mémoire, un processeur double cœur à 4 GHz et une carte graphique 3D pour relever son courrier électronique est aussi peu écologique que grimper dans un 4x44x4 pour aller acheter une baguette à la boulangerie du coin de la rue.

    L'argumentaire est écologique pour présenter ce projet du gouvernement britannique, promu par une organisation dénommée Green Shift Task Force. Selon elle, l'utilisateur moyen ne fait appel qu'à 5 % de la puissance d'un micro standard. L'informatique constituerait donc un gisementgisement d'économie énorme si l'on ajustait la puissance du matériel aux besoins réels. La solution préconisée est radicale : remplacer les micros par des terminaux. Ces « clients légers », selon l'expression des informaticiens, s'opposeraient aux « clients gras » (fat clients) que sont devenus nos micros.

    Ces clients légers ressemblent à des terminaux, tel l'antique Minitel, auxquels on aurait ajouté un peu de puissance informatique (processeur et mémoire). Ils iraient chercher sur le réseau Internet le complément qui leur manque quand ils en ont besoin. Courrier électronique, navigation sur le Web ou travail de bureautique seraient assurés par des serveursserveurs accessibles à tous. On pourrait par exemple stocker ses images sur un serveur distant, comme on peut déjà le faire aujourd'hui sur un site comme Flickr. Le réseau Internet fournirait alors de la puissance informatique comme le réseau électriqueréseau électrique distribue le courant. Atul Hatwal, membre de Green Shift Task Force, affirme que ce terminal ne consommerait que 2 % de la puissance d'un micro ordinaire et que sa fabrication réclamerait 75 % d'énergieénergie en moins.
    Mais le projet est pour l'instant dans les limbeslimbes. Personne ne sait à quoi pourrait ressembler ce client léger. Il pourrait par exemple prendre la forme d'une « box », tels les boîtiers assurant la connexion à Internet et recevant la télévision et le téléphone. Une expérience pilote est prévue à Manchester en 2008.

    Les micros gaspillent l’énergie

    L'idée du terminal n'est pas nouvelle. Depuis une vingtaine d'années, elle revient périodiquement sur la sellette. Au CernCern (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), là où on inventa le Web, un projet d'un tel client léger a vu le jour pour la bibliothèque. Au départ, il s'agissait de réduire le bruit des ventilateurs, la consommation d'énergie et les besoins de maintenance.

    Cet argument écologique est sans doute une première pour soutenir l'idée du terminal mais il est aussi avancé par les constructeurs d'ordinateurs eux-mêmes qui sentent le ventvent tourner en leur défaveur. IBMIBM, IntelIntel, HPHP, Dell, AMD, Lenovo, MicrosoftMicrosoft, GoogleGoogle et d'autres encore viennent de s'associer pour lancer la Climate Savers Computing Initiative. Selon eux, les ordinateurs ne sont pas optimisés pour économiser l'énergie, la moitié de la consommation électrique étant transformée en chaleurchaleur. Il serait facilement possible, expliquent-ils, de réduire de 30 % cette dissipation thermique.

    Concrètement, les fabricants adhérant à ce projet s'engagent à ne plus commercialiser des appareils qui ne respecteraient pas les conditions du label Energy Star imaginé aux Etats-Unis par l'EPA (Environmental Protection Agency), une administration fédérale.

    Pat Gelsinger, directeur général du DigitalDigital Enterprise Group d'Intel avance des chiffres impressionnants. Selon lui, en 2010, la Climate Savers Computing Initiative aura réduit l'émissionémission de dioxyde de carbonedioxyde de carbone « autant que le retrait de onze millions d'automobilesautomobiles ou l'arrêt de vingt centrales au charboncharbon de 500 mégawatts ».