Sélectionnée dans le cadre du programme Discovery, la mission Trident se donne pour objectif de survoler Triton, la plus grande des lunes de Neptune. Bien plus qu'un simple caillou cosmique, le satellite recèle de nombreux secrets que les chercheurs espèrent percer.


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    En février 2020, trois projets ont été retenus pour le dernier tour du programme DiscoveryDiscovery, chargé de sélectionner de nouvelles missions spatiales peu onéreuses. Parmi eux se trouve Trident, un projet de sonde spatiale destinée à l'exploration de TritonTriton, la plus grande des quatorze lunes de NeptuneNeptune. Si celui-ci remporte la première place, la mission serait alors lancée en 2026 pour un unique survolsurvol du satellite en 2038. Dotée d'un magnétomètre, d'un spectromètre infrarouge et d'un spectromètre de plasma, la sonde aurait pour but d'étudier les phénomènes à la surface de la lune et de déterminer si celle-ci cache un océan souterrain.

    La surface de Triton se distingue par ses étranges motifs, évocateurs des nervures d'un melon. © Nasa
    La surface de Triton se distingue par ses étranges motifs, évocateurs des nervures d'un melon. © Nasa

    Une lune bien particulière

    Généralement éclipsé par sa jumelle, la sonde Voyager 2Voyager 2 est cependant la seule à avoir survolé Neptune. Désormais légendaire, une série de photos capturées par la sonde en 1989 révèle les beautés de la planète bleutée mais également le relief rugueux de Triton. Initialement découverte par l'astronomeastronome britannique William Lassel en 1846, la lune neptunienne a depuis capturé l'attention des chercheurs qui postulent que celle-ci abriterait un océan sous sa surface glacée. La masse imposante de son noyau permettrait en effet une production de chaleurchaleur suffisante pour maintenir une telle étendue d'eau liquideliquide entre 20 et 140 km de profondeur.

    Les particularités de Triton ne s'arrêtent d'ailleurs pas là. Avec un sens de rotation opposé à celui de sa planète parente, elle possède également une orbiteorbite particulièrement inclinée, serait originaire de la ceinture de Kuiperceinture de Kuiper et se distinguerait par sa ionosphèreionosphère, 10 fois plus active que celles des autres lunes du Système solaireSystème solaire.

    Une explication demeure d'ailleurs à trouver pour cette dernière caractéristique car Triton se trouve bien trop loin du SoleilSoleil pour justifier l'abondance de particules chargées dans son atmosphèreatmosphère. Mais la plus intéressante des spécificités de Triton réside dans ses fumerollesfumerolles qui pourraient fournir aux chercheurs de précieuses informations quant à la formation des océans intérieurs, ainsi qu'à la présence d'eau dans le Système solaire de manière plus générale.

    Mission en trois points

    En étudiant Triton au plus proche, l'équipe de Trident espère accomplir trois objectifs. Le premier consiste à mieux cerner les facteurs déterminants dans la présence d'ingrédients nécessaires à la vie sur un corps céleste. Le second sera de cartographier l'ensemble du satellite. Et enfin, les scientifiques espèrent mieux comprendre comment la surface de celui-ci peut se renouveler en permanence.

    « Comme nous l'avons exposé à la NasaNasa dans notre proposition de mission, Triton n'est pas juste une clé de la science du Système solaire, c'est tout un porteporte-clé : un objet de la ceinture de Kuiper qui a évolué, un océan potentiel avec des fumerolles actives, une ionosphère énergétique et une jeune surface aux traits uniques », conclut Karl Mitchell, membre du projet.


    La Nasa veut aller visiter Triton, une lune de Neptune qui abriterait un océan

    Article publié par Rémy DecourtRémy Decourt, le 27 avril 2019

    D'ici quelques années, un alignement des planètes du Système solaire sera favorable à l'envoi de missions spatiales à destination d'UranusUranus et Neptune, les deux planètes les plus éloignées du Soleil. Parmi les projets, il y a Trident, une mission à faibles coûts proposée par le JPL et le Lunar and Planetary Institute. Cette mission de survol très rapide de Triton, satellite de Neptune, tirera parti de la performance technique de New HorizonsNew Horizons. Si la mission Trident était décidée, elle pourrait être lancée à l'horizon 2026 avec des survols de JupiterJupiter et VénusVénus, pour assistance gravitationnelleassistance gravitationnelle, et un survol de la lune très volcanique IoIo.

    Dans le domaine de l'exploration robotiquerobotique des planètes éloignées du système externe (Neptune, Uranus...), les opportunités de lancement sont rares. En effet, envoyer une mission spatiale pour explorer ces planètes et leurs satellites coûte très cher, de l'ordre de plusieurs milliards d'euros. Une dizaine d'années de voyage sont nécessaires pour les rejoindre et une énorme dépense d'énergieénergie est nécessaire pour freiner et se mettre en orbite autour d'elles.

    La prochaine échéance favorable, correspondant à un alignement adéquat des planètes du Système solaire, se situera vers 2031-2032. C'est la seule opportunité avant plusieurs dizaines d'années ! Afin de tirer parti de cet alignement, comme en leur temps les deux missions Voyager de la Nasa, des projets de missions à destination de ces mondes lointains ont été proposés aux agences spatiales.

    S'il ne fait guère de doute qu'une mission à destination de Neptune et Uranus sera lancée, vraisemblablement dans un cadre international, des missions à faibles coûts aux objectifs plus ciblés et limités pourraient également être décidées.

    L'intérêt pour Uranus et Neptune s'est considérablement renforcé depuis que l'on découvre par milliers des exoplanètesexoplanètes qui leur ressemblent. Il faut savoir que ces deux planètes sont d'une nature différente de Jupiter et de SaturneSaturne. Leur plus forte densité les classe dans une catégorie à part : celle des « Géantes de glace » à laquelle appartiennent nombre d'exoplanètes qui ont été découvertes. Les étudier permettrait de savoir de quoi est constitué l'intérieur de ces astresastres. Et, par ricochet, de mieux comprendre la formation de notre propre Système Solaire.

    Parmi les projets à faibles coûts envisagés, des chercheurs du Jet Propulsion LaboratoryJet Propulsion Laboratory (JPL) et du Lunar and Planetary Institute proposent la mission Trident de survol de Triton, satellite de Neptune. Cette mission s'appuierait sur l'héritage de New Horizons et tirera parti de la performance technique de la sonde et ses survols de la planète naineplanète naine PlutonPluton, son satellite CharonCharon et l'astéroïde Ultima Thulé. New Horizons, la sonde de la Nasa lancée en 2006, a démontré de manière efficace la valeur scientifique des survols rapides à proximité de ces objets.

    Mosaïque de vues de la calotte polaire australe de Triton, soulignant les traînées sombres de Namazu, Doro et Viviane, sans doute laissées par autant de geysers. © Nasa, Wikipédia
    Mosaïque de vues de la calotte polaire australe de Triton, soulignant les traînées sombres de Namazu, Doro et Viviane, sans doute laissées par autant de geysers. © Nasa, Wikipédia

    Avec une vitessevitesse de plusieurs kilomètres par seconde, la rencontre de Trident avec Triton sera tout aussi rapide. La sonde utilisera une gamme d'instruments similaires à ceux embarqués sur New Horizons. Ils seront dotés de grandes ouvertures et de capteurscapteurs à haute résolutionrésolution angulaire capables d'observer Triton depuis des distances très éloignées jusqu'au survol.

    Triton serait un monde potentiellement habitable 

    Tout comme pour le satellite de Saturne, Encelade, les scientifiques ont découvert à sa surface des geysersgeysers dont la présence s'explique probablement par l'existence d'une activité hydrothermale faisant intervenir de l'eau et de la chaleur. Trident sera en mesure d'observer l'activité du panache de Triton et de l'étudier de plus près.

    La présence de ces geysers laisse à penser que Triton abriterait un océan liquide souterrain, comme EnceladeEncelade donc, mais aussi Europa, GanymèdeGanymède, TitanTitan, voire CérèsCérès et d'autres corps du Système solaire. Cet océan serait le résultat d'un chauffage géothermique. Combinée à la présence de moléculesmolécules organiques, la présence d'eau liquide et d'énergie pourrait également signifier que Triton est capable de soutenir la vie.

    La dernière mission à visiter Triton était le vaisseau spatial Voyager 2, qui a effectué un survol de la lune en 1989. Si la mission Trident était décidée, elle pourrait être lancée dès 2026 à destination de Jupiter dont l'assistance gravitationnelle lui permettra ensuite de rejoindre Triton.