S’il y a de la vie sur Mars, ce n’est probablement pas en surface qu’elle se trouve. Des chercheurs qui ont simulé les conditions martiennes en tenant compte de la présence de différents types de perchlorates ont constaté que ces combinaisons sont de véritables tueurs de bactéries. La bonne nouvelle toutefois est que les bactéries terrestres qui font le voyage jusqu’à Mars n’ont aucune chance de survie.

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    Dans une étude qui vient de paraître dans Scientific Reports, des chercheurs concluent que la surface de Mars semble plus inhabitable encore qu'on ne le pensait. La faute aux perchlorates présents partout sur le sol martien. Ces sels contenant du chlore et de l'oxygène ont été détectés pour la première fois en 2008 dans l'environnement du robotrobot Phoenix qui s'était posé près du pôle nord martien. Le rover CuriosityCuriosity a confirmé leur présence quelques années plus tard, en 2015.

    L'ironie de cette histoire est que les perchlorates de magnésium et de sodium sont associés aux écoulements observés à la surface de la planète, comme l'avait annoncé la Nasa il y a presque deux ans. En effet, ce sont eux qui permettraient à de l'eau, en abaissant le point de congélation, de rester provisoirement liquideliquide sur les flancs de quelques cratères. Une eau très salée, certes mais pour certains, cela représentait un espoir d'y trouver d'éventuelles formes de vie. D'autant que ces sels ne sont pas nécessairement un poison pour les microorganismesmicroorganismes. Du moins, en conditions terrestres. Car sur Mars, c'est une tout autre affaire, comme ont pu le constater dans leurs expériences en laboratoire, Jennifer Wadsworth et Charles Cockell, tous deux de l'université d'Édimbourg.

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    Un cocktail très toxique

    « Le perchlorate, bien que stable à température ambiante, est un oxydant puissant lorsqu'il est activé par exemple à haute température » rappellent les chercheurs. Alors, certes, sur Mars, ce n'est pas la chaleurchaleur qui peut les activer au point de rendre ces sels bactéricides (la température moyenne est de -55 °C). Non, ce sont les ultravioletsultraviolets... En effet, ce monde sans filtre (ou presque), où l'atmosphèreatmosphère a été réduite à peau de chagrin par l'érosion du vent solairevent solaire, en est constamment bombardé. Les deux auteurs qui ont reproduit les conditions martiennes avec le même type de rayonnement UV ont pu observer que les bactériesbactéries Bacilus subtilis qu'ils avaient introduites dans ce milieu comprenant du perchlorate de magnésium ont toutes été décimées en 30 secondes seulement. En les exposant seulement aux UV, c'est deux fois plus long.

    Matt Damon <em>alias</em> Mark Watney dans <em>Seul sur Mars</em>. © 20 th Century Fox

    Matt Damon alias Mark Watney dans Seul sur Mars. © 20 th Century Fox

    Ils n'ont pas eu plus de succès en modifiant les conditions : lumièrelumière naturelle, absence d'oxygène et aussi en imitant les roches martiennes riches en silicesilice... Les colonies disparaissent à chaque fois en quelques minutes. Les perchlorates de calciumcalcium et de sodium ont également été testés ainsi que leur combinaison avec d'autres éléments existant sur la planète tels que l'oxyde de ferfer et le peroxyde d'hydrogèneperoxyde d'hydrogène (l'eau oxygénée).

    « Bien que les effets toxiques des oxydants sur la surface martienne aient été suspectés pendant un certain temps, écrivent les deux astrobiologistes, nos observations montrent que la surface de Mars aujourd'hui est hautement délétère pour les cellules, à cause d'un cocktail toxique d'oxydants, d'oxydes de fer, de perchlorates et d'irradiationirradiation UV. »

    Une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

    Alors, s'agit-il d'une mauvaise nouvelle ? En tout cas, « il faut prendre en compte ces résultats et chercher à trouver une vie sous la surface qui ne serait pas exposée à ces conditions » ont-ils déclaré à l'AFP. En outre, ces faits « ne signifient pas nécessairement que toutes les autres formes de vie seraient également mortes ». Aussi, les deux chercheurs entendent poursuivre ce travail, réaliser d'autres tests et tenter de comprendre comment agit exactement ce cocktail bactéricide.

    Enfin, les chercheurs soulignent comme aspect positif que B. subitilis, qui a tendance à partir en voyage avec les atterrisseurs et rovers à destination de Mars, a, dans ces conditions, visiblement peu de chances de contaminer la planète. En revanche, pour ce qui est d'y cultiver des pommes de terre, cela semble plus problématique. Matt Damon alias Mark Watney dans Seul sur Mars -- ou encore Elon MuskElon Musk ? -- trouverait peut-être un moyen d'y parvenir !