Un examen minutieux des premières photographies transmises par la sonde Phoenix peu après son atterrissage sur Mars laisse penser que de l’eau sous forme liquide était alors présente sur le sol.

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    Glace se sublimant au fond de tranchées de 6 cm de profondeur creusées dans le sol martien. Crédit Nasa/JPL

    Glace se sublimant au fond de tranchées de 6 cm de profondeur creusées dans le sol martien. Crédit Nasa/JPL

    Les premières images transmises le 30 mai 2008 par les caméras de la sonde américaine PhoenixPhoenix suggéraient que l'engin s'était posé sur une surface gelée, recouverte d'une fine couche de sablesable. Ce résultat très encourageant devait être confirmé le 30 juillet suivant lorsque les scientifiques disposèrent des premières analyses, confirmant formellement la présence d'eau gelée dans les échantillons prélevés juste sous le sol.

    Cependant, de l'eau n'avait pu être observée sous sa forme liquide, ce qui ne surprenait personne. La très faible densité de l'atmosphèreatmosphère martienne (6,36 millibars en moyenne) et sa température (-20 à -80°C en moyenne sur le lieu d'atterrissage) semblaient interdire cet état. Seule la présence de glace en sous-sol est possible, et encore celle-ci se sublime-t-elle très rapidement une fois mise au jour, ainsi que l’ont révélé les images des tranchées creusées par le bras articulé de l'engin.

    Photographie prise sous la sonde juste après l'atterrissage. Des plaques blanchâtres sont très nettement visibles. Elles s'avèreront être formées de glace. Crédit Nasa/JPL

    Photographie prise sous la sonde juste après l'atterrissage. Des plaques blanchâtres sont très nettement visibles. Elles s'avèreront être formées de glace. Crédit Nasa/JPL

    C'est donc avec surprise que les scientifiques, en réexaminant les premières photographiesphotographies prises de la surface de la sonde par elle-même afin de juger de son état, ont découvert sur les jambes d'atterrissage ce qui semble bien être des gouttelettes d'eau.

    Il ne peut s'agir de glace, car ces petites billes, visibles sur les documents noir et blanc, apparaissent, grossissent, se déplacent puis s'évaporent en quelques minutes. Comme il ne peut exister de roséerosée martienne dans une telle atmosphère, les chercheurs pensent qu'il s'agit bien d'eau liquide qui aurait éclaboussé la sonde au moment de l'atterrissage.

    De la glace forme le fond de cette excavation. Elle se sublimera en quelques jours. Crédit Nasa/JPL

    De la glace forme le fond de cette excavation. Elle se sublimera en quelques jours. Crédit Nasa/JPL

    Mais comment de l'eau liquide pourrait-elle exister, et surtout, durer aussi longtemps dans un quasi-vide et à cette température sans geler immédiatement ?

    Un antigel dan l'eau ?

    L'hypothèse la plus vraisemblable fait appel au perchlorate. En juillet 2008, les premiers échantillons martiens analysés par le laboratoire de chimie humide embarqué (MECA), par microscopie optique ainsi que par des mesures électrochimiques et de conductivité électrique, avaient révélé que le sol contenait des traces de perchlorate. Cette découverte était tellement surprenante qu'elle avait été attribuée par certains chercheurs à une contaminationcontamination par les accélérateurs à carburant solide du lanceur, de l'aluminiumaluminium/perchlorate d'ammonium.

    Cependant, les premiers tests de calibration à blanc des instruments peu après l'atterrissage avaient éliminé cette hypothèse et la présence de perchlorate dans le sol martien avait été admise.

    Ces billes mouvantes ont été interprétées comme des gouttelettes d'eau roulant à la surface de la structure avant de s'évaporer en quelques jours. Crédit Nasa/JPL

    Ces billes mouvantes ont été interprétées comme des gouttelettes d'eau roulant à la surface de la structure avant de s'évaporer en quelques jours. Crédit Nasa/JPL

    Or, ce perchlorate martien possède des caractéristiques intéressantes. Dissous dans l'eau, il lui permet de demeurer liquide, et cela jusqu'à 70 degrés Celsiusdegrés Celsius au-dessous de zéro. Si la sonde s'est réellement posée sur une plaque de glace (ses rétrofusées fonctionnent à l'hydrazinehydrazine pure), celle-ci a pu être liquéfiée en surface et éclabousser la structure.

    Cette découverte posthume (la sonde a maintenant cessé de fonctionner) apporte un argument de plus à l’hypothèse de la possibilité d’une vie martienne. Car si le perchlorate s'avère toxique pour les formes de vie terrestres, rien n'indique qu'une biologie étrangère doive obéir aux mêmes règles. Sur Terre, de nombreuses formes de vie prospèrent dans des environnements toxiques pour l'Homme...