Ce mercredi 21 décembre 2022, après l'échec de deux tentatives de communication, la Nasa a officiellement annoncé la fin de la mission InSight après plus de quatre années de collecte de données scientifiques sur Mars.


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    Les contrôleurs de mission du Jet Propulsion Laboratory (JPL), centre de recherche spatiale de la Nasa, n'ont pas réussi à contacter InSight lors de deux tentatives consécutives, ce qui les a amenés à conclure que les batteries à énergie solaire de l'atterrisseur martien étaient à court d'énergie. Conformément à ce qu'elle avait expliqué le 1er novembre, l'agence spatiale américaine a donc annoncé le mettre fin à la mission. L'agence continuera d'écouter si elle reçoit un signal de l'atterrisseur, mais il y a peu d'espoir. La dernière communication d'InSight avec la Terre a eu lieu le 15 décembre.

    Premier selfie de l'atterrisseur InSight capturé le 6 décembre 2018, peu après son arrivée sur Mars. De la poussière s'est déjà posée sur ses panneaux solaires mais ce n'est rien en comparaison avec son dernier selfie du 24 avril 2022. © Nasa, JPL-Caltech
    Premier selfie de l'atterrisseur InSight capturé le 6 décembre 2018, peu après son arrivée sur Mars. De la poussière s'est déjà posée sur ses panneaux solaires mais ce n'est rien en comparaison avec son dernier selfie du 24 avril 2022. © Nasa, JPL-Caltech

    Quatre ans de mission couronnés de succès

    InSight, de son nom complet Interior Exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transport (« Exploration interne par les sondages sismiques, la géodésiegéodésie et les flux thermiques »), avait pour mission d'étudier la structure interne de Mars. Les données de l'atterrisseur ont fourni des détails sur les couches internes de Mars, les vestiges étonnamment forts sous la surface de sa dynamo magnétique éteinte, la météo sur cette partie de Mars et son activité sismique.

    Le sismomètre Seis (Seismic Experiment for Interior Structure, « expérience sismique pour la structure intérieure ») et la surveillance quotidienne effectuée par le Centre national d'études spatiales (le Cnes, l'agence spatiale française) et le Marsquake Service géré par l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ, Suisse) ont détecté 1 319 tremblements de terre, dont des séismes causés par des impacts de météoroïdes. De tels impacts aident à déterminer l'âge de la surface de la planète et les données du sismomètresismomètre fournissent un moyen d'étudier la croûte, le manteau et le noyau de la planète.

    Image du selfie final pris par InSight le 24 avril 2022. L'atterrisseur est recouvert de beaucoup plus de poussière qu'il ne l'était dans son <a title="InSight nous envoie son premier selfie depuis Mars !" href="//www.futura-sciences.com/sciences/breves/insight-insight-nous-envoie-son-premier-selfie-depuis-mars-262/">premier selfie</a>, pris en décembre 2018, peu de temps après l'atterrissage. © Nasa
    Image du selfie final pris par InSight le 24 avril 2022. L'atterrisseur est recouvert de beaucoup plus de poussière qu'il ne l'était dans son premier selfie, pris en décembre 2018, peu de temps après l'atterrissage. © Nasa

    L'instrument HP3 (Heat Flow and Physical Properties Package, « Ensemble pour le flux de chaleur et les propriétés physiquesphysiques ») comportait une pointe auto-martelante, surnommée « la taupe », qui était destinée à creuser cinq mètres sous la surface, traînant une attache chargée de capteurscapteurs pour mesurer la chaleur à l'intérieur de la planète, afin de calculer la quantité d'énergie restant de la formation de Mars. Conçue pour le sol meuble et sablonneux vu lors d'autres missions, la taupe ne put pas gagner de traction dans le sol étonnamment aggloméré autour d'InSight. L'instrument, fourni par le Centre allemand pour l'aéronautique et l'astronautiqueastronautique (le DLR, l'agence spatiale allemandeagence spatiale allemande), a finalement enterré sa sonde sur 40 centimètres, collectant des données précieuses sur les propriétés physiques et thermiques du sol martien en cours de route. Ceci est utile pour toutes les futures missions humaines ou robotiquesrobotiques qui tenteront de creuser sous terre.

    La mission a enterré la taupe dans la mesure du possible grâce aux ingénieurs du JPL et du DLR utilisant le bras robotique de l'atterrisseur de manière inventive. Principalement destinés à placer des instruments scientifiques sur la surface martienne, le bras et sa petite pelle ont également aidé à éliminer la poussière des panneaux solaires d'InSight alors que la puissance commençait à diminuer. Contre toute attente, la mission a déterminé qu'elle pouvait saupoudrer la saleté de la pelle sur les panneaux pendant les jours venteux, permettant aux grains qui tombent de balayer doucement la poussière des panneaux.

    Une collaboration internationale réussie

    Le JPL gère InSight pour la direction des missions scientifiques de la Nasa. InSight fait partie du programme DiscoveryDiscovery de la Nasa, géré par le Marshall Space Flight Center. Lockheed Martin Space a construit la sonde, dont son étage de croisière et son atterrisseur, et prend en charge ses opérations pour la mission.

    Le Cnes a fourni l'instrument Seis, dont le chercheur principal est à l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP). Des contributions importantes pour Seis sont venues de l'IPGP, de l'Institut Max-PlanckPlanck pour la recherche sur le système solairesystème solaire (MPS, Allemagne), de l'EPFZ, de l'Imperial College London et l'université d'Oxford (Royaume-Uni) ainsi que du JPL. Le DLR a fourni l'instrument HP3, avec des contributions importantes du Centre de recherche spatiale (CBK) de l'Académie polonaise des sciences et d'Astronika (Pologne). Le Centro de Astrobiología (CABCAB, Espagne) a fourni les capteurs de températurecapteurs de température et de vent.


    InSight tire sa révérence

    Article d'Adrien CoffinetAdrien Coffinet, publié le 21 décembre 2022

    Ce lundi, la Nasa a annoncé avoir perdu le contact avec la sonde InSight, qui explore la planète Mars depuis 2018.

    Lancée le 5 mai 2018, la sonde InSight est sur Mars depuis le 26 novembre de la même année. Depuis quatre ans, l'atterrisseur de la Nasa a permis, notamment grâce au sismomètre Seis (Seismic Experiment for Interior Structure), conçu par l'Institut de physique du globe de Paris et fourni sous maîtrise d'œuvre du Cnes (l'agence spatiale française), de détecter des séismes sur la Planète rouge et de mieux connaître sa structure interne. Malheureusement, après un peu plus de quatre ans à sonder les entrailles de Mars, InSight a dû mettre fin cet été à ses opérations, à cause de la poussière qui s'est accumulée sur ses panneaux solaires.

    Dans un communiqué publié ce lundi sur son site, l'agence spatiale américaine explique que : « Le 18 décembre 2022, InSight de la Nasa n'a pas répondu aux communications de la Terre. La puissance de l'atterrisseur diminue depuis des mois, comme prévu, et on suppose qu'InSight a peut-être atteint la fin de ses opérations. On ne sait pas ce qui a provoqué le changement de son énergie ; la dernière fois que la mission a contacté la sonde fut le 15 décembre 2022. La mission continuera d'essayer de contacter InSight. »

    Le sismomètre recouvert d'un dôme de l'atterrisseur <em>InSight</em> vu à la surface de Mars, « peut-être la dernière image que [la sonde pourra] envoyer ». © AP
    Le sismomètre recouvert d'un dôme de l'atterrisseur InSight vu à la surface de Mars, « peut-être la dernière image que [la sonde pourra] envoyer ». © AP

    Le même jour, l'atterrisseur personnifié a publié sur son compte TwitterTwitter : « Ma puissance est vraiment faible, donc c'est peut-être la dernière image que je peux envoyer. Ne vous inquiétez pas pour moi cependant : mon séjour ici a été à la fois productif et serein. Si je peux continuer à parler à mon équipe de mission, je le ferai - mais je me déconnecterai ici bientôt. Merci de rester avec moi. »