Des trésors archéologiques ont été récemment mis au jour dans les Pyrénées. Dans le nord de l'Espagne, une ancienne cité impériale romaine a été révélée par une équipe d'archéologues. En parallèle, des chercheurs de l'Inrap ont exhumé l'un des plus grands tronçons de la voie Domitienne, une route antique qui traversait le sud de la Gaule.


au sommaire


    Imaginer la vie qui se déroulait au cœur de la chaîne des Pyrénées est un défi pour les archéologues. Cette chaîne de montagnes a vu passer différents peuples. Dès 800.000 ans avant notre ère, la présence des membres du genre HomoHomo a notamment été attestée grâce à des restes d'Homo antecessor découverts à Atapuerca dans le nord de l'Espagne. Depuis, la zone des Pyrénées a été occupée de manière discontinue durant le Paléolithique. Ce n'est que durant le Néolithique, lorsque les humains se sont sédentarisés, que leur présence devient une constante avérée grâce à de nombreux restes trouvés dans le piémont pyrénéen.

    Puis vient l'époque romaine ; c'est de cette époque que les vestiges trouvés proviennent. Principalement, du moins. Les Pyrénées, alors occupées par des peuples celtes, ont été le théâtre de nombreux échanges entre ces deux peuples, d'abord pacifiques, puis de plus en plus hostiles jusqu'à la conquête de la Gaule durant le IIe siècle av. J.-C. À partir de là, des cités et des routes sont construites à la façon des Romains, dont il reste encore des traces aujourd'hui.

    Deux villes superposées : de l'époque romaine au Moyen Âge

    De récentes fouilles d'un complexe archéologique menées par des scientifiques de Saragosse en Espagne ont justement révélé des vestiges de l'époque romaine. Notamment celles d'un complexe archéologique par des archéologues de l'Université de Saragosse, en Espagne. Dans une série d'études, ils dévoilent les détails de leur découverte pour le moins étonnante. Sur le site « El Forau de la Tuta », près du fleuve d'Aragon dans le nord de l'Espagne, ils ont retrouvé des vestiges d'anciens bâtiments, que les chercheurs pensaient tout d'abord appartenir à des complexes différents. Mais, grâce à des fouilles plus poussées, ils ont établi que le tout formait une véritable cité unique qui daterait des deux premiers siècles de notre ère. Mais ce qui est plus surprenant, c'est qu'aucun document historique ne fait état d'une telle ville !

    Pourtant, la disposition et la complexité des éléments retrouvés indiquent une cité conséquente. Les archéologues ont notamment identifié plusieurs rues, des trottoirs, des sorties d'égout, une main en marbremarbre provenant d'un monument public, mais aussi une salle de réceptionréception de thermes ! De plus, leurs recherches font état de plusieurs bases attiques et de deux chapiteaux corinthiens. Les chercheurs les ont attribués, par leur stylestyle architectural, « à la fin du Ier siècle, à la fin de l'époque flavienne, ou au début de l'Antonin », rapporte le journal El Pais.

    Mais ce n'est pas tout ! Ils ont aussi observé qu'un village médiéval était construit par-dessus les ruines romaines qui daterait du IXe siècle et aurait été occupé jusqu'au XIIIe siècle. Bien documenté dans des récits historiques, il se nommait Artede, Arteda, Artieda ou Arteda Ciuitate selon les écrits. Seuls des silos circulaires et une vaste nécropole ont été retrouvés, attestant de la présence du site. L'étude des pierres tombales situées dans la nécropole et de la main en marbre devraient permettre d'en savoir plus sur l'histoire complexe de ce site archéologique.

    La via Domitia qui traverse le Sud de la France

    Ce n'est pas la seule découverte récente qui témoigne de l'occupation romaine dans les Pyrénées ! Durant l'époque romaine, des routes ont été construites. Ou plutôt, de véritables autoroutes dont il reste encore des traces aujourd'hui. Notamment la voie Domitienne, ou Via Domitia, construite à partir de 118 av. J.-C. Elle relie Rome à l'Espagne, en passant par la Gaule narbonnaise. Des chercheurs de l'Inrap en ont retrouvé une partie ! Le nouveau tronçon dévoilé relie le Rhône aux Pyrénées, et a été découvert lors de « fouilles réalisées préalablement à l'enfouissement par BRL d'une conduite hydraulique et ses équipements connexesconnexes dans le cadre de la troisième tranche du projet AquaAqua Domitia », explique un communiqué de l'Inrap.

    Carte de la voie Domitienne. © T L Miles, <em>Wikimedia Commons</em>
    Carte de la voie Domitienne. © T L Miles, Wikimedia Commons

    Bien que cette route soit connue car largement citée dans des écrits, peu d'études poussées ont été réalisées sur la Via Domitia. Notamment sur sa constructionconstruction, qui semble d'après les dernières découvertes, assez complexe. Les recherches montrent notamment une circulation à plusieurs voies, aménagée sur une largeur d'environ 18 m. De nombreux objets y ont été retrouvés, qu'il s'agisse d'éléments liés au transport ou de pièces de monnaie, dont plusieurs proviennent de Marseille. Les pièces ont permis de dater la fréquentation de la voie entre les IIe-Ier siècle avant J.-C. jusqu'au IVe siècle de notre ère.

    Une vue aérienne des recherches archéologiques menées sur la voie Domitienne. © Pascal Druelle, Inrap
    Une vue aérienne des recherches archéologiques menées sur la voie Domitienne. © Pascal Druelle, Inrap

    Archéologie : les 10 ans de l'Inrap en images

    Dent de mammouth du PaléolithiqueTraces des premiers ParisiensLa nécropole de Thonon-les-BainsMenhirs brisés de Kerduellan à BelzLa dame de Villers-CarbonnelTombe à char gauloiseLa cavalerie fantôme de GondoleLes pièces gauloises de LaniscatLes poteries du Galo-Romain PistillusUne mosaïque romaine en pleine rueDes tombes franques à Saint-DizierUne pièce de l’ancêtre du backgammonDes dés remontant à Louis XIVComme une bouteille à la mer
    Dent de mammouth du Paléolithique

    Des fouilles menées sur le site d'Havrincourt, dans le Pas-de-Calais, ont mis au jour des traces de peuplement par l'Homme remontant à 50.000 et 30.000 ans, soit du Paléolithique moyen et supérieur, comme en témoigne la découverte de lames en silex. La disposition d'artefacts de ce genre permet aux archéologues d'étudier l'organisation territoriale des groupes humains ayant fréquenté le site (degré de planification et répartition spatiale des activités, récurrence d'occupation...).

    Les restes d'animaux permettent quant à eux de caractériser la faunefaune qui vivait sur place à l'époque, et donc le type de milieu. Havrincourt hébergeait entre autres des restes de mammouthmammouth (dont l'extraction d'une dent est présentée sur la photographiephotographie), de bison, de rhinocérosrhinocéros laineux et de cheval. Ces espècesespèces vivaient plus que probablement dans une steppesteppe.

    © Denis Gliksman, Inrap