Bien avant les voitures et les centrales à charbon, les Romains ont massivement brûlé du bois et décimé des forêts pour se nourrir et entretenir leur mode de vie. Des activités qui ont significativement modifié le climat de l’époque, preuve que l’Homme était déjà un gros pollueur il y a 2.000 ans.


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    Plus personne aujourd'hui ne remet en cause l'implication des activités humaines dans le réchauffement climatique. La concentration de l’atmosphère en CO2 a atteint un record de 407 parties par million (ppmppm) en 2018, contre 280 ppm avant la révolution industrielle, sans compter les particules fines émises par les voituresvoitures et les centrales à charbon.

    L'Homme n'a cependant pas attendu les avions ni le pétrolepétrole pour polluer l'atmosphère. Une nouvelle étude de l’ETZ Zürich montre que les Romains ont eux aussi contribué au changement climatique à travers leurs activités. Plusieurs articles avaient déjà pointé du doigt les nombreux dégâts causés par l’Homme, notamment via la déforestation pour dégager des terresterres, récolter du boisbois de constructionconstruction, ou faciliter les déplacements.

    Les Romains brûlaient également du charbon et du bois pour fabriquer du ferfer, cuire des poteries, se chauffer et cuisiner mais également pour la crémation des corps. Selon les différentes estimations, un habitant brûlait ainsi entre 1,5 et 5 kgkg de bois chaque jour à l'époque. Mais, entre l’augmentation de l’albédo et les émissionsémissions d'aérosolsaérosols conduisant plutôt à un refroidissement, et la réduction de la capacité des sols à capturer le COfavorisant le réchauffement, l'impact sur le climatclimat n'avait pas été clairement établi.

    Une pollution ayant plutôt un effet refroidissant

    Pour leur étude, les chercheurs suisses se sont appuyés sur un ensemble d'analyses visant à estimer les émissions d'aérosols issus des incendies et le changement d'affectation des sols pour le premier siècle après J.-C, lorsque l’empire romain était à son apogéeapogée. Ils ont ensuite appliqué un modèle de simulation climatiquesimulation climatique pour estimer les conséquences sur le climat. D'après leurs calculs, la déforestation aurait entraîné un léger réchauffement de 0,15 °C tandis que les aérosols issus de incendies auraient à l'inverse refroidi le climat de 0,17 °C à 0,46 °C. Une différence qui peut sembler minime mais qui est en fait considérable si l'on attribue cet effet uniquement aux activités humaines.

    Les feux de friches et de résidus agricoles provoquaient une pollution massive déjà à l’époque des Romains. © Melena-Nsk, Fotolia
    Les feux de friches et de résidus agricoles provoquaient une pollution massive déjà à l’époque des Romains. © Melena-Nsk, Fotolia

    Les estimations climatiques montrent pourtant une période anormalement chaude entre 250 et 400 après J.-C (appelée « optimum climatiqueoptimum climatique romain »), attribuée en grande partie à des phénomènes naturels : activité du soleilsoleil, modifications des courants océaniques et faible activité volcanique. Un réchauffement qui aurait été atténuéatténué par la pollution anthropique des Romains, estiment les chercheurs. Les fumées des incendies auraient en revanche provoqué une énorme pollution dans les villes et affecté le régime des précipitationsprécipitations.

    Un Petit Âge glaciaire à l’origine de la chute de l’Empire romain ?

    À cet optimum climatique a succédé le « Petit Âge glaciaire », une longue vaguevague de froid qui s'est étendue de 536 à 660 après J.-C et qui aurait entraîné des décennies d'étés plus froids, parfois jusqu'à 4 °C inférieurs par rapport à la température normale selon les travaux de Ulf Büntgen et de ses collèges publiés dans la revue Nature Geoscience.

    Ce refroidissement constitue l'une des nombreuses explications à la chute de l’Empire romain. Dans son ouvrage Comment l'Empire romain s'est effondré, Kyle Harper, professeur d'histoire à l'université d'Oklahoma, explique ainsi comment les changements climatiques et les dégâts causés à l'environnement (forêt coupées et incendiées, construction de routes...) ont favorisé la propagation des épidémiesépidémies et entraîné des crises alimentaires. Une leçon à retenir pour notre société moderne ?