Les bienfaits de la vitamine D sur le fonctionnement de l’organisme et sur l’incidence de diverses maladies pourraient dépendre du poids corporel. Des chercheurs tentent d’expliquer cette association à partir des données d’un vaste essai clinique, car la vitamine D est utilisée comme complément à beaucoup de traitements médicamenteux. 


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    Le poids corporel modifie-t-il le métabolisme et la réponse à la supplémentation en vitamine D ? C'est la question posée par des chercheurs du Brigham and Women's Hospital (États-Unis) après une première analyse des données de l'essai clinique Vitamin D and Omega-3 Trial (Vital), un essai randomiséessai randomisé, en double aveugle et contrôlé par placeboplacebo.

    « L'analyse des données originales de l'essai Vital a révélé que la supplémentation en vitamine D était corrélée à des effets positifs sur plusieurs résultats de santé, mais uniquement chez les personnes ayant un IMCIMC inférieur à 25 », a déclaré Deirdre K. Tobias, épidémiologiste associé à la division de médecine préventive de Brigham et coauteur de la nouvelle étude. « Il semble que quelque chose de différent se passe avec le métabolisme de la vitamine D lorsque le poids corporel est élevé, et cette étude peut contribuer à expliquer les résultats moindres de la supplémentation chez les personnes ayant un IMC élevé ».

    En effet, de précédentes études ont montré que, si la supplémentation en vitamine D était associée à une moindre incidence de cancer, de diabète de type 2 et de maladie auto-immune chez des participants ayant un poids corporel normal (IMC inférieur à 25), il n'en était rien chez les personnes en surpoidssurpoids ou obèses. Par ailleurs, le lien entre surpoids et carencecarence en vitamine D était déjà établi, sans pouvoir en expliquer la cause.

    La vitamine D est un micronutriment essentiel dans de nombreux processus biologiques. Elle pourrait jouer un rôle dans l'incidence et la progression du cancer et des maladies cardiovasculaires. Elle est synthétisée par la peau lors de l'exposition au soleil, ou obtenue à partir de l'alimentation ou bien d'une supplémentation. © Exquisine, Adobe Stock
    La vitamine D est un micronutriment essentiel dans de nombreux processus biologiques. Elle pourrait jouer un rôle dans l'incidence et la progression du cancer et des maladies cardiovasculaires. Elle est synthétisée par la peau lors de l'exposition au soleil, ou obtenue à partir de l'alimentation ou bien d'une supplémentation. © Exquisine, Adobe Stock

    Vers un dosage en vitamine D personnalisé en fonction du poids ?

    La nouvelle analyse des données de l'essai Vital a inclus 16 515 participants (66,7 ans en moyenne ; 50,7 % de femmes) qui ont fourni des échantillons de sang avant le début de supplémentation en vitamine D, dont 2 742 participants avec un échantillon sanguin de suivi après deux ans. Les chercheurs ont mesuré les taux de vitamine D totale et libre, ainsi que de nombreux autres biomarqueurs de la vitamine D comme ses métabolitesmétabolites, le calciumcalcium et l'hormonehormone parathyroïdienne, qui améliorent l'assimilation de la vitamine.

    Résultat : la supplémentation en vitamine D augmente bien la plupart des biomarqueurs associés au métabolisme de cette vitamine liposoluble chez tout le monde. En revanche, ces augmentations étaient significativement plus faibles chez les personnes ayant un IMC élevé.

    « Cette étude éclaire la raison pour laquelle nous observons des réductions de 30 à 40 % des décès par cancer, des maladies auto-immunesmaladies auto-immunes et d'autres résultats avec la supplémentation en vitamine D chez les personnes ayant un IMC inférieur, mais un bénéfice minime chez les personnes ayant un IMC supérieur. Cela suggère qu'il pourrait être possible d'obtenir des avantages dans toute la population avec un dosagedosage plus personnalisé de la vitamine D », propose JoAnn Manson, chef de la division de médecine préventive au Brigham et chercheur principal de Vital.

    Hypothèses explicatives

    Les auteurs proposent une explication à la différence observée. Selon eux, la migration de la vitamine D et de ses métabolites de la circulation générale vers le tissu adipeuxtissu adipeux (la graisse corporelle) peut contribuer à des concentrations dans le sang plus faibles. Des facteurs physiopathologiques liés à l'obésitéobésité -- tels qu'une altération de la sensibilité des récepteurs de la vitamine D -- ne sont pas non plus à exclure des hypothèses, et des recherches supplémentaires sont justifiées.