Alors que les études portant sur l’axe cerveau-intestin se multiplient, notamment pour mettre en cause le déséquilibre du microbiote dans le développement de maladies neurologiques, une dernière étude vient suggérer la transplantation fécale comme piste thérapeutique pour les patients atteints de la maladie de Parkinson. Transplanter le microbiote fécal d’une personne saine à une personne malade, est-ce une méthode prometteuse ? Décryptage, à l’occasion de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, qui a lieu en ce jeudi 11 avril 2024.


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    La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative liée à l'âge, touchant environ 3 % de la population à l'âge de 65 ans. Il s'agit d'un trouble neurologique progressif qui affecte le mouvementmouvement, le contrôle musculaire et l'équilibre : lenteur, raideur, tremblements... Autant de symptômes moteurs qui peuvent fluctuer au fil des journées. Cependant, il existe aussi de nombreux symptômes non moteurs, quant à eux invisibles, et pouvant apparaître longtemps avant les premiers symptômes moteurs. Un des plus fréquents est la constipation, à l'origine de l'hypothèse selon laquelle les intestins seraient liés au développement de la maladie

    La maladie de Parkinson se manifeste par des symptômes moteurs tels que la lenteur des mouvements, la raideur et les tremblements, mais également des symptômes invisibles, parfois plus précoces. © LIGHTFIELD STUDIOS, Adobe Stock
    La maladie de Parkinson se manifeste par des symptômes moteurs tels que la lenteur des mouvements, la raideur et les tremblements, mais également des symptômes invisibles, parfois plus précoces. © LIGHTFIELD STUDIOS, Adobe Stock

    Le microbiote responsable de symptômes invisibles… mais pas seulement !

    En 2019, des scientifiques de l’université de Groningue aux Pays-Bas ont mené des recherches sur le rôle du microbiote dans l'amélioration des symptômes digestifs. Ils ont montré que l'administration de prébiotiques et probiotiques chez les patients parkinsoniens améliore significativement la constipationconstipation, ouvrant la voie à des recherches plus poussées sur l'effet des bactériesbactéries intestinales sur l'amélioration des symptômes, et ce via la transplantation fécale. Cette méthode consiste à transférer les matièresmatières fécales d'un individu, préalablement soumis à divers tests de dépistagedépistage, à un patient, grâce à une sonde nasogastrique par exemple. L'université de Gand en Belgique et une équipe du VIB-UGent Center for InflammationInflammation Research ont mené une étude sur les effets de la transplantationtransplantation d'un microbiote fécal sain à des patients atteints de Parkinson aux stades précoces. Les résultats, publiés dans la revue The Lancet, sont très prometteurs : en effet, les scientifiques ont observé une amélioration des symptômes moteurs, et ce dès la première année suivant la transplantation. 

    La transplantation fécale permet de transférer un microbiote sain à une personne atteinte de Parkinson, lui permettant une amélioration des symptômes moteurs. © Microgen, Adobe Stock
    La transplantation fécale permet de transférer un microbiote sain à une personne atteinte de Parkinson, lui permettant une amélioration des symptômes moteurs. © Microgen, Adobe Stock

    Comment de la matière fécale peut-elle soigner les neurones ?

    Dans 90 % des cas, la maladie de Parkinson est causée par des facteurs inconnus : on parle de pathologiepathologie idiopathique. Il s'agirait d'une combinaison du vieillissement et de facteurs génétiquesgénétiques et environnementaux. La seule certitude repose sur le fait que l'évolution de la maladie est due à la disparition progressive de cellules cérébrales, les neurones dopaminergiques, intoxiquées par des amas protéiques. Or, à un stade précoce de la maladie, les amas de protéinesprotéines se formeraient dans la paroi intestinale. Ils seraient ainsi conduits aux cellules cérébrales via le nerf vaguenerf vague, composant majeur de l'axe cerveaucerveau-intestins.

    Le saviez-vous ?

    James Parkinson est un médecin britannique qui, en 1817, a décrit avec précision une affection jusqu’alors méconnue : la paralysie agitante. Cette pathologie a été rebaptisée « maladie de Parkinson » en son honneur par le neurologue français Jean-Martin Charcot.

     

    Une solution pour freiner la progression de la maladie ? 

    Les avancées scientifiques majeures sur la communication bidirectionnelle entre le système nerveux centralsystème nerveux central et le microbiote intestinal, représentent un enjeu majeur de santé publique. Il est désormais démontré que la dérégulation de cet axe dans la maladie de Parkinsonmaladie de Parkinson est associée à des manifestations gastrogastro-intestinales précédant les symptômes moteurs, tels que la constipation, ainsi qu'à la pathogenèse de la maladie de Parkinson elle-même. Cependant, bien que de nombreuses solutions permettant d'améliorer la qualité de vie quotidienne des malades voient le jour, la maladie de Parkinson reste incurable à l'heure actuelle. S'il s'agit d'un processus pathologique s’étendant des intestins vers le cerveau, en quoi la transplantation fécale peut-elle freiner l’évolution de la maladie ? C'est à cette question que tentent de répondre les chercheurs.