Des milliers de molécules ont déjà été testées contre la Covid-19, jusqu’ici sans grand résultat. Un essai clinique de phase 3 vient de montrer que le molnupiravir, un antiviral, réduit de moitié le risque d’hospitalisation et de décès. Un traitement facile à prendre à domicile et beaucoup moins cher que ceux disponibles actuellement.


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    Tient-on enfin le traitement miracle contre la Covid-19 ? Après les échecs retentissants de l'hydroxychloroquinehydroxychloroquine, du remdesivir, le lopinavir ou l’ivermectine, un essai clinique de phase 3 vient enfin de confirmer l'efficacité d'une nouvelle moléculemolécule contre la Covid-19, le molnupiravir. Vendredi 1er octobre, le laboratoire Merck a ainsi confirmé qu'il allait demander l'autorisation de l'agence des médicaments américaine, la FDA, pour ce comprimé antiviral qui réduirait de 50 % les risques d'hospitalisation ou de décès. S'il était autorisé, ce dernier serait le premier traitement grand public mis sur le marché. Jusqu'à présent, les seuls traitements disponibles comme les anticorps monoclonaux (Tocilizumab, Regeneron...) doivent être administrés par voie intraveineuse à l'hôpital et sont extrêmement coûteux (plus de 2.000 euros par dose). Depuis le début de la crise sanitairecrise sanitaire, plus de 5.300 essais cliniques portant sur la recherche de traitements anti-Covid-19 ont été menés. Jusqu'ici sans grand résultat.

    Le risque d’hospitalisation réduit de moitié

    L'essai clinique de phase 3 montre en effet des résultats assez spectaculaires. Il a même été interrompu avant que tous les patients aient été recrutés du fait de son succès. Sur les 775 personnes enrôlées dans l'essai, le taux d'hospitalisation ou de décès chez les patients ayant reçu le médicament était de 7,3 %, contre 14,1 % chez ceux ayant reçu un placeboplacebo, soit une réduction de près de 50 %. De plus, aucun décès n'a été constaté chez les personnes traitées avec le molnupiravir, contre 8 dans le groupe placebo. L'essai ayant été réalisé dans le monde entier, le molnupiravir a été confronté aux différents variants du SARS-CoV-2 : deltadelta, gamma, mu et s'est révélé efficace contre tous ces variants.

    Le saviez-vous ?

    Contrairement autres antiviraux, le molnupiravir agit en créant de multiples erreurs dans l’ARN virus, ce qui annihile sa capacité à se répliquer correctement. L’ARN viral utilise la forme active du molnupiravir comme substrat au lieu de la cytidine ou de l’uridine (nucléotides C et U), ce qui produit un ARN muté.

    La production à grande échelle a déjà commencé

    Le traitement se compose de 4 gélulesgélules de 200 mg à prendre le matin et le soir pendant cinq jours, une formule bien adaptée à une prise à domicile. Il doit être administré dans les cinq jours suivant un test positif à la Covid-19. Dans un premier temps, il s'adressera aux patients présentant au moins un facteur de risquefacteur de risque (obésitéobésité, diabètediabète, maladie cardiovasculairemaladie cardiovasculaire...) mais l'objectif final est bien de s'adresser au grand public. Anticipant l'autorisation, Merck a d'ailleurs déjà commencé la production de molnupiravir à grande échelle et prévoit de fabriquer les doses nécessaires pour 10 millions de traitements d'ici la fin de l'année. Le groupe a déjà passé des accords avec plusieurs gouvernements, dont les États-Unis qui ont prévu d'en acheter 1,7 million si le molnupiravir est approuvé.

    Le molnupiravir est un antiviral commercialisé par Merck qui pourrait être efficace contre l’infection et la transmission du virus de la Covid-19. © teheap, Adobe Stock
    Le molnupiravir est un antiviral commercialisé par Merck qui pourrait être efficace contre l’infection et la transmission du virus de la Covid-19. © teheap, Adobe Stock

    Au delà de la réduction du risque d'hospitalisation et de décès, le molnupiravir pourrait aussi être utilisé en préventionprévention pour réduire la circulation du virusvirus. En réduisant la capacité du virus à se répliquer (lire encadré), il amoindrit la charge viralecharge virale et diminue ainsi le risque de transmission. Une autre étude de phase 3, actuellement en cours, teste d'ailleurs la molécule chez les cas contactscas contacts. Merck n'a donné aucune indication quant au prix de ce traitement, mais on sait que le gouvernement américain a payé 1,2 milliard de dollars pour ses 1,7 million de doses, soit 700 dollars par dose. Mais c'était avant les résultats de l'essai clinique. Merck a, en outre, concédé des licences à des fabricants de génériques à travers le monde pour l'approvisionnement des pays à faible et moyen niveau de revenus.

    Les autres pistes en cours

    D'autres laboratoires travaillent sur des antivirauxantiviraux en comprimés, comme la biotech Atea Pharmaceuticals et le laboratoire Roche, qui étudient l'efficacité d'un traitement comparable, appelé AT-527. PfizerPfizer a annoncé le 27 septembre avoir commencé un essai clinique de grande ampleur pour sa propre pilule anti-Covid-19, destinée à réduire les risques d’infection (à titre préventif). L'institut Pasteur teste de son côté le clofoctol, un antibiotiqueantibiotique contre les infections respiratoires bénignes, à administrer sous forme de suppositoire. Tous ces traitements ne remplacent toutefois pas le vaccinvaccin, qui reste d'une efficacité et d'une fiabilité bien supérieure. Et qui est surtout beaucoup moins cher (moins de 20 euros la dose) !