L’immunothérapie qui a déjà aidé des patients souffrant d’un cancer du sang pourrait être efficace pour des tumeurs solides, comme un cancer du cerveau. Ce traitement expérimental qui consiste à injecter des cellules immunitaires modifiées obtient de premiers résultats encourageants.

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    Utiliser le système immunitaire pour vaincre le cancer, voici une stratégie qui fait naître de nouveaux espoirs. Jusqu'à présent, l'immunothérapie avait obtenu des résultats prometteurs contre des cancers du sangcancers du sang, comme des leucémies. Mais peut-elle être efficace pour des tumeurs solidessolides, comme celles du cerveau ?

    Dans un article paru dans la revue New England Journal of Medicine, des chercheurs du Beckman Research Institute (City Hope, Los Angeles) décrivent comment l'immunothérapie a aidé un patient souffrant d'un cancer du cerveaucancer du cerveau. L'homme de 50 ans, Richard Grady, vit à Seattle, et souffrait d'un glioblastomeglioblastome, une tumeur du cerveau particulièrement agressive. Il avait été traité par chirurgiechirurgie, par radiothérapie et par des médicaments anti-cancéreux, mais son cancer est revenu et s'est répandu dans d'autres parties du cerveau.

    L'équipe a extrait des cellules immunitaires de ce patient, des lymphocytes T, et les a modifiées génétiquement pour qu'elles expriment des protéinesprotéines de surface qui reconnaissent et détruisent les cellules cancéreuses du glioblastome. Les cellules modifiées, appelées CAR T (pour chimeric antigen receptor T cells) ciblaient l'antigèneantigène IL13Rα2 (interleukin-13 receptor alpha 2).

    Tout d'abord, le patient a subi une chirurgie pour retirer trois de ses plus grosses tumeurs, soit l'essentiel. Puis les chercheurs ont injecté les cellules CAR Tcellules CAR T directement dans le site où se trouvait la plus gosse tumeur. Sur ce site, la tumeur a arrêté de croître, mais d'autres tumeurs plus petites ont continué à grossir et de nouvelles sont apparues. Les médecins ont alors placé un second tube dans le cerveau, dans le système ventriculaire, là où le liquide céphalorachidienliquide céphalorachidien est fabriqué, et ils ont injecté les cellules à cet endroit. Behnam Badie, auteur de ces travaux, a expliqué dans Medical Xpress que l'idée était que le liquide cérébrospinal transporte les lymphocyteslymphocytes T à d'autres endroits.

    Les lymphocytes T peuvent s’attaquer aux cellules cancéreuses. © royaltystockphoto.com, Shutterstock

    Les lymphocytes T peuvent s’attaquer aux cellules cancéreuses. © royaltystockphoto.com, Shutterstock

    Les tumeurs sous contrôle pendant huit mois environ

    Après trois traitements, toutes les tumeurs avaient été réduites et après le dixième (au bout de six mois), les tumeurs avaient disparu. C'était la première fois que des cellules immunitaires étaient injectées dans ces régions du cerveau. L'injection dans les ventriculesventricules était risquée car elle peut causer une inflammationinflammation dangereuse voire mortelle. Mais le patient n'a pas connu de telles complications. Les effets secondaires du traitement (maux de tête, fatigue, douleursdouleurs musculaires) étaient gérés ; certains pouvaient être liés à d'autres traitements que prenait le patient.

    Mais ensuite de nouvelles tumeurs sont apparues dans différents endroits du cerveau et de la moelle épinièremoelle épinière. D'après Behnam Badie, ces tumeurs ne contenaient pas forcément la protéine ciblée par les cellules CAR T. Il est possible que les cellules immunitaires aient détruit la plupart des cellules cancéreuses qui exprimaient la protéine, mais que d'autres cellules cancéreuses avec d'autres protéines aient commencé à proliférer. Dans l'avenir, il faudrait donc utiliser plusieurs types de cellules immunitaires modifiées, pour cibler différentes protéines. Celles-ci pourraient aussi dépendre du patient. Il s'agirait alors d'une approche personnalisée pour contrôler le cancer.

    Le patient suit un traitement par radiothérapieradiothérapie. Sa réponse à l'immunothérapie a duré plus de sept mois et le fait qu'il ait survécu plus d'un an après le début du traitement est une situation exceptionnelle pour quelqu'un dont l'espérance de vieespérance de vie se mesurait en semaines. Richard Grady fait partie d'un essai cliniqueessai clinique comprenant neuf personnes. D'autres patients de cet essai auraient obtenu des résultats positifs avec cette thérapiethérapie, d'après Time. Une autre recherche avec des cellules CAR T, menée par Donald O'Rourke à l'université de Pennsylvanie, traite 10 patients ayant des tumeurs cérébrales.