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    Bien des points du cycle reproductif des radiolairesradiolaires sont encore obscurs. Cependant deux types de multiplication sont maintenant connus : la partitionpartition et la sporogenèse. La biologie du planctonplancton siliceux est étudiée en laboratoire.

    <em>Aulosphæra dendrophora. </em>© Ernst Haeckel, <em>Wikimedia commons</em>, DP

    Aulosphæra dendrophora. © Ernst Haeckel, Wikimedia commons, DP

    Reproduction des radiolaires

    Lorsque des radiolaires sont cultivés en laboratoire pendant quelques jours une multiplication se produit par simple fissionfission binairebinaire. Une fission multiple a aussi été quelquefois observée, mais elle est moins connue. Lors de la fission binaire la cellule mère partagerait son cytoplasmecytoplasme entre les deux cellules filles mais seule l'une d'elles hériterait du squelette, l'autre devant en secréter un nouveau. La multiplication par sporogenèse a été mise en évidence par les travaux de Hollande et al. (1970). Avant eux, il était admis qu'il y avait anisosporogenèse. On sait maintenant que l'un des types de spores correspond à un stade évolutif de dinoflagellés qui parasitent les radiolaires.

    Capsule centrale pendant un stade de reproduction. On y voit des cristaux de SrSO<sub>4</sub> (qui existent pendant cette phase particulière), des granules pigmentés bleus, une grosse gouttelette lipidique centrale, la membrane de la capsule centrale et des zooxanthelles symbiotiques à l'extérieur (vert-jaune). Diamètre des zooxanthelles : 10 µm. © N. Swanberg 

    Capsule centrale pendant un stade de reproduction. On y voit des cristaux de SrSO4 (qui existent pendant cette phase particulière), des granules pigmentés bleus, une grosse gouttelette lipidique centrale, la membrane de la capsule centrale et des zooxanthelles symbiotiques à l'extérieur (vert-jaune). Diamètre des zooxanthelles : 10 µm. © N. Swanberg 

    La multiplication se fait par isosporogenèse

    Le noyau augmente d'abord de volume, des endomitoses successives amènent le nombre de chromosomeschromosomes à 2.000 ou 3.000, puis le noyau se scinde en de très nombreux noyaux secondaires qui s'entourent chacun d'un peu de cytoplasme, contenant quelques globulesglobules lipidiques et un centrosomecentrosome donnant naissance à deux flagellesflagelles inégaux qui assureront la motilitémotilité. Ce stade peut durer plusieurs semaines ou mois. Ces zoospores sont libérées par rupture de la capsule centrale. Leur taille atteint quelques micromètresmicromètres (3 à 10) ; le flagelle le plus long, très flexible, s'enroule autour du corps cellulaire comme une corde et produit par ses battements un mouvement rotationel très rapide. Sur le devenir de ces zoospores on sait peu de choses, leur fragilité en culture ne permettant pas des observations de plus de quelques minutes. Il se peut qu'elles donnent directement naissance à d'autres cellules ou, au contraire, rencontrent d'autres organitesorganites et forment un zygotezygote. Dans ce cas, l'émission asexuée de spores serait le prélude à la formation sexuée de nouveaux individus. Le dimorphismedimorphisme observé chez quelques radiolaires est attribué par Kling (1971) à un dimorphisme sexueldimorphisme sexuel et pourrait résulter de générations alternées dans le cycle reproductif (comme c'est le cas chez les foraminifèresforaminifères).

    Lors de la fission binaire la cellule mère partagerait son cytoplasme entre les deux cellules filles mais seule l'une d'elles hériterait du squelette, l'autre devant en secréter un nouveau. Il y aurait parfois, d'après Hanson (1977), multiplication par fissions multiples avant que ne se reforme le nouveau squelette.

    Nutrition des radiolaires

    Les radiolaires, prédateurs flottants, attendent le contact fortuit avec des proies ou avec des particules nutritives de leur environnement. Ils effectuent la capture avec leurs filopodes et les proies sont amenées dans l'ectoplasme où leur digestiondigestion est assurée par des vacuolesvacuoles digestives. OmnivoresOmnivores, ils se nourrissent d'une grande variété d'organismes microscopiques : silicoflagellés, tintinnides, autres protozoairesprotozoaires, diatomées, alguesalgues, bactériesbactéries et même de formes aussi grandes et actives que des copépodes, ptéropodes, médusesméduses, etc. Leurs habitudes et préférences nutritives sont cependant encore méconnues (Anderson, 1983).

    Nutrition de radiolaires : prédation. Une colonie de radiolaires se nourrit de jeunes amphipodes. © N. Swanberg

    Nutrition de radiolaires : prédation. Une colonie de radiolaires se nourrit de jeunes amphipodes. © N. Swanberg

    Des algues symbiotiques et des bactéries vivant dans l'ectoplasme contribuent aussi à la nutrition des radiolaires. Les algues symbiotiques meurent en même temps que le radiolaire hôte (elles sont ectosymbiotiques) alors que les bactéries survivent - elles sont endosymbiotiquesendosymbiotiques - (Matsuoka, 1992b ; Anderson & Matsuoka, 1992). Des algues symbiotiques et des bactéries vivant dans l'ectoplasme contribuent aussi à la nutrition des radiolaires.

    Image du site Futura Sciences
    Nutrition des radiolaires : symbiose. En haut, pendant le jour : les symbiontes sont dispersés dans la masse ectoplasmique, comme pour y bénéficier du maximum de lumière.  Ci-dessus, pendant la nuit : dans la même colonie, les symbiontes sont regroupés contre la capsule centrale d'un radiolaire. © N. Swanberg

    Nutrition des radiolaires : symbiose. En haut, pendant le jour : les symbiontes sont dispersés dans la masse ectoplasmique, comme pour y bénéficier du maximum de lumière.  Ci-dessus, pendant la nuit : dans la même colonie, les symbiontes sont regroupés contre la capsule centrale d'un radiolaire. © N. Swanberg

    Les algues sont appelées habituellement zooxanthelleszooxanthelles (cryptomonadines, péridiniens, ex. dinoflagellés). Leur nombre varie suivant les espècesespèces (6 à 300), mais un radiolaire ne contient toujours qu'un nombre restreint, voire une seule espèce de symbionte (Hollande & Enjumet, 196û). La relation avec tel symbionte peut être spécifique à telle espèce. Les espèces vivant en eau profonde en sont évidemment dépourvues.

    La collaboration nutritive est indiquée par le fait que les radiolaires qui contiennent ces symbiontes sont capables de vivre longtemps, sans apport nutritif externe, tant qu'il y a de la lumière. On connaît assez peu les relations biologiques entre ces algues et les radiolaires hôtes. Certes les algues profitent d'un abri et les radiolaires d'une source d'énergie, mais il semble qu'il puisse y avoir également un échange de gazgaz susceptible de modifier la densité des vacuoles qui contrôlent ainsi les mouvements verticaux dans l'eau. Le mouvement nocturnenocturne de rapprochement des symbiontes à proximité immédiate de la capsule centrale des radiolaires indique bien une relation particulière, même si ce type de relation n'est pas connu. La forte interdépendance avec les symbiontes semble ancienne car la diversité des radiolaires au cours des temps géologiques est la même que celle du phytoplancton, notamment celle des acritarches-dinoflagellés. 

    Qui les mange ?

    Les poissonspoissons sont susceptibles de s'en nourrir ainsi que d'autres animaux, mais il est probable que les dinoflagellés inclus (producteurs de stérols) leur donnent un goût peu appétissant. Néanmoins, ils ont été trouvés ingérés par des foraminifères (Anderson et al., 1979) et le sont probablement aussi par d'autres invertébrésinvertébrés. En outre, Swanberg (1979) a décrit en détail comment des colonies de radiolaires étaient parfois envahies et mangées par des crustacéscrustacés amphipodes. Cet auteur rapporte en outre que certains vers plats broutent l'extérieur de colonies.