La neutralité carbone : le concept peut sembler flou. Et l’objectif difficile à atteindre. Mais Pierre Meyssignac, un professeur de l’École européenne de Munich (Allemagne), veut croire que c’est possible. Il nous invite à participer au « Défi climat » qu’il s’est lancé. Il m’a convaincue. Et vous ?
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Des mails, nous en recevons tous beaucoup. Trop parfois. Et il n'est pas toujours facile de leur accorder l'attention qu'ils méritent. Mais, certains sortent du lot. Un expéditeur. Alain Gioda, historienhistorien du climat. Un objet, surtout : « 2021 : un an pour être neutre en carbone ? »
Un objet qui, l'espace d'un instant, m'a projetée une dizaine d'années en arrière. Lorsqu'au détour d'un rayon de ma librairie préférée, je suis tombée sur un livre qui promettait de m'emmener sur un chemin audacieux : No Impact Man, de Colin Beavan.
Imaginez ce journaliste vivant au cœur de Manhattan, avec sa femme et sa petite fille, au 9e étage d'un gratte-ciel. Et se lançant le défi de réduire à néant -- ou au moins, le plus possible -- son empreinte environnementale. Un an pour apprendre à réduire ses déchets ou à se passer de l'ascenseurascenseur ou du climatiseur. Je suis vite devenue accro. À chaque page qui se tournait, j'admirais Colin un peu plus. D'avoir le courage de dire stop à la surconsommation. D'avoir le courage d'aller à contresens... mais probablement dans le meilleur des sens. Un courage que, moi, je n'avais clairement pas. Pas à ce moment-là...
Mais aujourd'hui ? Après avoir pris la claque de la Covid-19Covid-19 en pleine figure. Et être contrainte de rapporter chaque jour un peu plus de mauvaises nouvelles de notre Planète. Peut-être. Alors ce mail d'Alain GiodaAlain Gioda, je lui ai accordé toute mon attention. Il m'invitait à prendre part au « Défi climat » lancé par l'équipe de Pierre Meyssignac, un professeur de biologie et de sciences intégrées de l'École européenne de Munich (Allemagne). L'idée : proposer, dans un mail hebdomadaire, quelques chiffres et surtout, beaucoup d'idées pour nous aider à trouver des solutions et atteindre la neutralité carboneneutralité carbone... en un an !
Le saviez-vous ?
Au niveau mondial, si nous ne voulons pas dépasser la barre des 1,5 °C de réchauffement, nous ne pouvons émettre la quantité de carbone actuelle que pendant encore 6 ans. Ensuite, il faudra être neutre en carbone, ce qui signifie, compte tenu du carbone absorbé naturellement par la Planète, émettre un maximum de 1,7 tonne équivalent CO2 par an.
Or, en moyenne, un Français en émet environ 11 tonnes par an...
« Depuis 30 ans, les rapports scientifiques sont clairs et ne cessent de s'aggraver. La crise climatique est extrêmement préoccupante. Elle mériterait une réponse immédiate et de grande ampleur. Je suis tellement désolé de voir que les changements actuels sont loin d'être à la hauteur de l'enjeu, me confie Pierre. Je suis convaincu qu'aujourd'hui, nous nous rendons compte que nous allons dans le murmur. Pourtant, nous continuons à vivre nos vies presque comme si de rien n'était. Objectivement, nous avons aujourd'hui peu de chances de rester sous les 1,5 °C de réchauffement. »
« Donner un peu d’espoir »
Mais ne l'imaginez pas baissant les bras. « L'idée de notre Défi climat, c'est aussi de donner un petit peu d'espoir. De manière individuelle, nous pouvons nous lancer ce défi de la neutralité carbone. » Comme Pierre, je veux aujourd'hui y croire. Et j'espère que mes changements de comportement pourront faire un peu boule de neige. « Acheter vos fruits à un producteur sur un marché qui n'est pas soumis aux standards de forme notamment, comme l'est le supermarché, peut entraîner, à terme, une modification du système d'approvisionnement bénéfique à tous. »
Et pour commencer, c'est un bilan de mes émissionsémissions carbone que me propose l'équipe. Avec l'appui d'outils en ligne. Des outils simples dans leur conception, mais qui me renvoient rapidement à la délicatesse de la question. « C'est un sujet complexe. On peut vite se sentir perdu, dépassé, convient Pierre. C'est pourquoi nous allons essayer -- à partir de sources fiables et vérifiées -- de décrypter les concepts au fil de nos mails. » Car, comme moi, le professeur en est convaincu : plus on est clairement informé, plus le passage à l'action est facilité.
« Nous ne cherchons pas à culpabiliser qui que ce soit. Peu à peu, nous espérons seulement réussir à amener les gens à se rendre compte de leurs véritables émissions de CO2 -- y compris les émissions qui se cachent dans la fabrication de nos smartphones ou dans nos usages InternetInternet, donc -- et à croire qu'il est possible de les réduire. J'en fais régulièrement l'expérience avec mes élèves. En quelques semaines seulement, après des mesures au wattmètre et en adoptant quelques gestes simples, ils parviennent à faire baisser d'environ 20 % les consommations d'électricité chez eux. »
Se faire du bien en soignant la Planète
Deuxième étape : la chasse au gaspillage alimentaire. « Il représente 6 % de nos achats annuels. C'est l'équivalent de 263 kilogrammeskilogrammes de CO2 émis dans l'atmosphère. Et 240 euros qui partent à la poubelle. Notre défi n'est pas dirigé vers quelques personnes aisées qui cherchent à se pousser du col. Il s'adresse à tout le monde. Car, en faisant du bien à la Planète, nous allons découvrir que nous pouvons aussi faire du bien à notre porteporte-monnaie. »
“Sans devenir activiste ni revenir à la bougie”
Que nous pouvons nous faire du bien, tout simplement ! « Sans devenir activiste ni revenir à la bougie. Nous libérer de l'emprise de la publicité qui prétend savoir ce qui peut nous rendre heureux. » Revenir à l'essentiel. Gagner en qualité de vie. Changer notre monde pour nous ouvrir à de nouveaux horizons. Un beau programme pour cette année 2021, n'est-ce pas ?
Et vous ? Prêts à vous lancer le Défi climat ? Si oui, il suffit d'envoyer « Je participe » à l'adresse suivante : deficlimat[at]mailo.com