Face au bouleversement induit par le réchauffement climatique, le monde du vivant s'adapte comme il peut, certaines espèces végétales et animales moins bien que d'autres, comme le poisson-clown, déjà perturbé par la pollution lumineuse dans sa reproduction. Ce petit poisson a un cycle de vie assez particulier et des scientifiques s'inquiètent de sa capacité génétique à s'adapter aux modifications de son environnement.


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    Nemo et ses congénères poissons clowns (Amphiprion percula) n'ont pas la capacité génétiquegénétique de s'adapter aux modifications de leur environnement, une découverte inquiétante tant les récifs coralliens évoluent rapidement sous l'effet du changement climatique et des activités humaines.

    Le héros du célèbre dessin animé « Nemo », reconnaissable à son teint orange brillant et ses bandes blanches, vit spécifiquement dans les anémones des récifs coralliens. « C'est pour cela que l'on s'inquiète », s'émeut Benoît Pujol, chercheur CNRS, coauteur d'une étude publiée mardi dans Ecology Letters. Les récifs coralliens sont menacés (20 % sont déjà détruits, 15 % risquent de l'être d'ici une dizaine d'années, 20 % sont menacés d'ici 40 ans) par le réchauffement climatique, la pollution, l'aménagement des côtes, la surpêche ou encore l'accroissement démographique.

    Or, après avoir suivi des individus des lagons de l'île de Kimbe, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pendant 10 ans, une équipe de chercheurs internationale a découvert que « les poissons clowns n'avaient pas la capacité génétique de s'adapter » à ces changements environnementaux.

    Le succès de la reproduction du poisson-clown dépend de son environnement. Outre la pollution lumineuse qui menace l'éclosion des œufs, <em>Amphiprion percula </em>n'a pas la capacité génétique de s'adapter à ces modifications dues au réchauffement climatique. © Pxhere, Domaine public, CC0
    Le succès de la reproduction du poisson-clown dépend de son environnement. Outre la pollution lumineuse qui menace l'éclosion des œufs, Amphiprion percula n'a pas la capacité génétique de s'adapter à ces modifications dues au réchauffement climatique. © Pxhere, Domaine public, CC0

    Le poisson-clown ne quitte jamais son anémone

    « Le succès reproducteur dans une population, c'est le garant de son adaptation », souligne Benoît Pujol. Et les chercheurs ont découvert que  « le poisson clown ne possédait pas de variant génétique qui lui permettrait de modifier sa reproduction ». Il ne pourra pas contrecarrer, compenser les effets néfastes sur sa féconditéfécondité des modifications de son environnement par une adaptation génétique. Par contre, son habitat influence très fortement ce succès reproducteur, ajoutent les chercheurs.

    Les poissons-clowns restent toute leur vie dans la même anémone : ils y pondent leurs œufs, s'y protègent des prédateurs en se cachant dans les tentacules... « Ce n'est pas trop montré dans le dessin animé mais le poisson clown a un cycle de vie assez particulier », poursuit Benoît Pujol. Chaque anémone héberge une femelle, un mâle et un certain nombre d'individus mâles, pas actifs sexuellement. « Quand la femelle meurt, le mâle devient femelle et le plus grand des individus non actifs sexuellement devient reproducteur », ajoute-t-il. Les chercheurs veulent maintenant essayer de déterminer dans quelles conditions et où les poissons clowns se reproduisent le mieux.


    Le monde de Nemo menacé par la pollution lumineuse

    Article de Relaxnews, publié le 13 juillet 3019

    Selon une étude australienne, la pollution lumineuse menacerait l'éclosion des poissons-clowns. Le monde de Nemo ressemble de moins en moins à un joli dessin animé...

    Il vit près des récifs coralliens, facilement reconnaissable à sa livrée orange et ses bandes blanches bordées d'un trait noir, mais aujourd'hui, Amphiprion ocellaris, communément appelé « poisson-clown », doit affronter un ennemi sournois : la lumière artificielle qui ne cesse de s'amplifier. De fait, le littoral bordant les récifs de corailcorail est de plus en plus exposé à de l'éclairage LEDLED avec l'essor des constructionsconstructions le long des côtes, le développement des ports et des docks, pointent des chercheurs de l'université Flinders (Australie), auteurs de l'étude. Les navires de croisière et les hôtels flottants éclairent eux aussi la surface des eaux marines qui attirent les touristes.

    Pour connaître l'impact de cette lumière artificielle la nuit sur les poissons-clowns, l'équipe de scientifiques a étudié en laboratoire dix couples reproducteurs, dont cinq constituant le groupe témoin, étaient exposés à une luminositéluminosité classique, avec alternance de jour et de nuit. Les aquariums des cinq autres couples -- au centre de l'expérience -- étaient éclairés par le haut pendant la nuit avec une lumièrelumière LED d'intensité modérée (25 à 28 luxlux), comparable à celle qui éclaire la surface de l'océan, près des rivages habités.

    Le saviez-vous ?

    La pollution lumineuse touche 23 % de la superficie terrestre (hors pôles), selon une étude de 2016. Et 22 % des régions côtières expérimentent à des degrés divers une illumination artificielle, selon une autre étude parue en 2014.

    Les premières étapes de la reproduction se sont passées normalement. « Il n'y a pas eu de différences significatives sur la fréquence du frai entre le groupe témoin et le groupe soumis à la lumière artificielle nocturnenocturne », note l'étude publiée dans Biology Letters (Royal Society). Les femelles ont pondu leurs œufs, qui ont été ensuite fécondés par les mâles. Pendant la période embryonnaire, les parents se sont occupés ensemble des œufs. Normalement, l'éclosion doit avoir lieu le soir du huitième jour environ. Mais pour les oeufs qui avaient été soumis à la lumière artificielle la nuit, le taux d'éclosion a été de 0 %. Il n'y a eu aucune progéniture...

    Des poissons clowns photographiés le 15 octobre 2010 au Timor oriental. © David Baxter, <em>Timor-leste dive photo</em>, AFP, archives
    Des poissons clowns photographiés le 15 octobre 2010 au Timor oriental. © David Baxter, Timor-leste dive photo, AFP, archives

    Le monde de Nemo a besoin d'obscurité

    « J'ai été surprise d'obtenir des résultats aussi nets, déclare à l'AFP Emily Fobert, coauteur de l'étude et chercheuse associée en biodiversitébiodiversité et conservation à l'université Flinders. Notre étude montre clairement que la pollution lumineuse a le potentiel d'interférer avec le succès reproducteur des poissons clowns ». Les chercheurs n'ont pas étudié le mécanisme précis qui a inhibé l'éclosion des poissons clowns en présence de lumière artificielle la nuit.  « Mais nous pensons que ces œufs n'ont jamais expérimenté l'obscurité, qui pourrait être un repère nécessaire pour déclencher l'éclosion », avance Emily Fobert. Pour autant, il est difficile pour les chercheurs de prédire comment cette pollution lumineuse nocturne est susceptible d'affecter la dynamique des populations de poissons clowns sur le terrain.

    Poisson-clown trouvant refuge dans le corail. © <em>Nemos Great Uncle</em>
    Poisson-clown trouvant refuge dans le corail. © Nemos Great Uncle

    Car, contrairement à ce que fait croire Le monde de Nemo, le film des studios Pixar, produit par Disney, sorti en 2003, « les bébés poissons clowns ne restent pas dans l'anémone (urticante) dans laquelle ils sont nés [et qui les protège de leurs prédateurs, ndlr], relève Emily Fobert. Ils peuvent trouver une nouvelle maison à des dizaines, voire des centaines de kilomètres de leurs parents. Cela veut dire que même dans une zone frappée d'une forte pollution lumineuse, empêchant l'éclosion, la population locale pourrait être renforcée par des larveslarves arrivant d'autres récifs coralliens ».

    La beauté des récifs coralliens révélée par le Catlin Seaview Survey

    L’impressionnante seiche géante australienneUn poisson-coffre jaune parmi les récifs coralliensL’île Heron, au cœur de la Grande Barrière de corailUne raie-aigle dans les récifs de Long CayeLe récif d’Osprey et ses somptueux corauxUne majestueuse tortue verte australienneUn banc de poissons près de l’île Lady ElliotL'otarie des Galápagos, une espèce endémique des îlesLe requin-baleine, le plus grand poisson du mondeLe dragon de mer, proche de l'hippocampeUne tortue regardant des rémorasUne crevette aux couleurs vives, aux PhilippinesUn poisson-ballon aux îles GalápagosDeux otaries des GalápagosUn couple de poissons-mandarins, aux PhilippinesLa rascasse, un scorpion de merDes poissons-clowns protégeant leur anémoneUn poisson-ange à front jaune, en IndonésieUne blennie à rayures bleues cachée dans les récifs coralliensLe poisson-clown à collier et son anémone
    L’impressionnante seiche géante australienne

    La seiche géante australienne (Sepia apama) est l'une des plus grandes espècesespèces de seiches au monde. Comme son nom l'indique, on la retrouve sur les côtes australiennes allant du sud du Queensland à l'Australie-Méridionale.

    Localisation : Sydney (Australie).

    © Catlin Seaview Survey, Underwater Earth, Jayne Jenkins