83 % de la population mondiale n'a plus accès à la nuit noire, plongée dans une luminosité quasi permanente par les divers éclairages nocturnes. Un phénomène que l'on peut désormais constater pour chaque point du globe, grâce à un nouveau site gratuit.
Mis en ligne le 6 mars dernier, le site Radiance Light Trends cartographie en temps réel la lumière émise par les éclairages urbains, les néons des magasins, et toutes autres formes de production lumineuse artificielle. La carte permet non seulement d'avoir une vue d'ensemble de la planète, mais aussi de sélectionner une zone précise en temps réel et de télécharger son historique sur les 25 dernières années. Plusieurs options de couleurs sont disponibles et les données sont exportables sous différents formats.
Il est ainsi aisé d'observer comment les environs de Shanghai se sont incroyablement éclairés au cours des années (image ci-dessus), ou comment l'ouragan Maria a plongé Porto Rico dans le noir en 2017. Développé par Christopher Kyba, du Centre de recherche allemand pour les géosciences du GFZ à Potsdam, en Allemagne, le site utilise les données de deux satellites : entre 1992 et 2012, celles du programme de satellites météorologiques de défense (DMSP), puis à partir de 2012, celles beaucoup plus détaillées du Suomi NPP, exploitées par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).
Mesurer la pollution lumineuse : un enjeu scientifique, écologique et économique
La mesure de la luminosité nocturne à travers le monde est un outil précieux pour les scientifiques. De précédentes études ont, par exemple, montré que la pollution lumineuse avance le bourgeonnement des arbres de près d'une semaine, perturbe le cycle de vie de nombreuses espèces animales ou qu'elle est même susceptible de favoriser la diffusion de maladies. Elle constitue surtout un précieux indicateur du développement économique.
Attention toutefois à l'interprétation des résultats : certaines zones peuvent apparaître moins lumineuses qu'avant alors que l'éclairage a augmenté, en raison du remplacement des ampoules traditionnelles par les LED, qui émettent une lumière à laquelle les satellites sont moins sensibles.
Les larves Titiwai de la grotte de Waitomo, en Nouvelle-Zélande Quel beau ciel étoilé ! Ne vous y laissez pas prendre. Il s’agit en fait de larves (de fins filaments gluants perlés) du diptère Arachnocampa luminosa perché sur le plafond de la grotte de Waitomo, en Nouvelle-Zélande. Son nom maori est, lui, plus poétique : Titiwai, qui signifie « reflet sur l’eau ». © Tourism Holdings Limited 2006
Image satellite de l'Europe et ses lumières Cette image est un composite de centaines de photos réalisées par la DMSP (Defense Meteorological Satellite Program) à l’aide de quatre satellites volant à basse altitude en orbite polaire. Ce réseau de satellites surveille les environnements météorologiques et océanographiques ainsi que les interactions entre le Soleil et la Terre pour le compte du département de la Défense des États-Unis. © Nasa
Une espèce mésopélagique de cténophore : Bathocyroe fosteri Voici un exemple de cténophore, le Bathocyroe fosteri. Il s'agit d'une espèce mésopélagique, c'est-à-dire vivant dans une zone océanique située entre 200 et 1.000 mètres, où la lumière est insuffisante pour la photosynthèse. © Courtesy of Marsh Youngbluth, DP
Paris, la Ville Lumière Ville Lumière, Paris est un des endroits au monde où la pollution lumineuse est la plus forte. Celle-ci est causée par un éclairage excessif et mal conçu des lampadaires publics des villes, villages et projecteurs des monuments historiques, éclairant volontairement ou non la voûte céleste. On aperçoit sur la gauche l'Arc de Triomphe. © Gee, Flickr, CC by 2.0
Carte du monde révélant l'urbanisation Cette carte du monde la nuit permet de voir les régions développées ou très peuplées. L’urbanisation est aujourd’hui une préoccupation de taille. On estime que le taux de migration vers les villes est trois fois plus élevé que le taux d’accroissement de la population. Seul un tiers de la population vivait en ville en 2000. En 2014, ce chiffre s’élevait à plus de 50 % (source : ONU). © Nasa GSFC
Pollution lumineuse et observation du ciel, à Tokyo Voici une vue de la tour Mori, à Roppongi Hills (Tokyo, Japon). Les traits lumineux dans le ciel sont des avions qui décollent de l’aéroport de Haneda. On voit combien la pollution lumineuse nuit à l’observation du ciel. © Ratamahatta, Flickr, CC by 2.0
Lucioles dans la forêt Les traits lumineux représentent des lucioles. En présence importante, elles sont considérées comme un des indicateurs de bon état de l'environnement nocturne. Autrefois, des groupes de milliers de lucioles pouvaient être aperçus sur et autour d'un arbre, aux abords d'un ruisseau. C'est un phénomène devenu très rare sauf dans des lieux éloignés de l'agriculture, des villes et dépourvus d'éclairage artificiel. © Sean Hsu, Shutterstock
Lumières vers le ciel, à Amsterdam Au lieu d'être rabattue, la lumière directement émise vers le ciel s'ajoute à celle qui est réfléchie physiquement et naturellement par les surfaces éclairées. Diffusée par la vapeur d'eau, les poussières et les gaz en suspension dans les couches de l'atmosphère, elle dégrade un peu plus le ciel nocturne en créant un halo lumineux. © Giencke&company, Wikipedia, CC by-sa 2.0