En Libye, le bilan ne cesse malheureusement de s’alourdir. La tempête Daniel a dévasté une partie du pays. Les scientifiques livrent aujourd’hui leurs explications.


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    En tout début de semaine, celle qui avait été baptisée quelques jours plus tôt « tempête Daniel » et qui avait déjà fait d'importants dégâts en Grèce, en Turquie et en Bulgarie, s'est violemment abattue sur la Libye. Après la sidération des images qui ont inondé les réseaux sociauxréseaux sociaux hier, quelques chiffres commencent à être publiés. Le Centre météorologique national de Libye, par exemple, précise que la tempête Daniel a atteint son apogéeapogée ce dimanche 10 septembre 2023, dans le nord-est du pays. Des vents violents, soufflant à quelque 70 à 80 km/h. Mais surtout, des pluies torrentielles. La ville d'Al-Bayda a ainsi enregistré un nouveau record de précipitations en 24 heures : 414,1 millimètres. Pour comparaison, c'est plus ou moins ce qui tombe comme pluie sur Marseille... en une année entière !

    En Libye, un bilan humain catastrophique

    Le Centre météorologique national de Libye avait émis une alerte 72 heures avant le drame. Malgré cela, les dégâts sont importants. Et les pertes humaines, beaucoup trop nombreuses. La Croix-Rouge évoque quelque 10 000 personnes disparues, rien que dans la ville de Derna qui semble la plus touchée. Sur place, certains racontent aujourd'hui que « la mer déverse des corps sans vie par dizaines dans l'est de la Libye ». Le chiffre de plus de 5 300 morts est avancé. Un chiffre qui pourrait doubler. Des dizaines de milliers de personnes se retrouvent quant à elles sans abri.

    Ce bilan, toujours très provisoire, encourage l'Organisation météorologique mondiale (OMM) à rappeler l'importance de travailler à la mise en œuvre de systèmes d’alertes précoces qui pourraient parvenir aux oreilles de tous et permettre des actions rapides. Plus encore dans notre monde qui se réchauffe et qui sera de plus en plus confronté à ce type d'événements météorologiques extrêmes.

    La tempête Daniel alimentée par les températures de l’air et de l’eau

    Les scientifiques expliquent que celle qui avait reçu le nom de tempête Daniel du côté de la Grèce, au lieu de s'affaiblir et de s'évacuer vers l'est, est restée stationnée sur la région à cause d'un blocage en oméga. Celui qui a aussi provoqué la vague de chaleurchaleur que nous avons vécue en France.

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    Un blocage en Oméga avec des conséquences météo extrêmes en Europe cette semaine

    La tempête Daniel s'est ensuite transformée en un cyclone subtropical méditerranéen. Ce que les météorologuesmétéorologues appellent un medicane. Ce sont alors deux facteurs qui semblent s'être combinés pour recharger le système à bloc. La hausse des températures de l'airair sous l'effet du réchauffement climatiqueréchauffement climatique qui rend l'air plus humide. De l'ordre de 7 % par degré. Et la hausse des températures des océans. Une mer Méditerranée plus chaude et qui s'évapore plus a donc alimenté la puissance du medicane Daniel.

    Pour ne rien arranger, la tempête Daniel s'est déversée sur des terresterres libyennes asséchées par les fortes chaleurs de l'été. Dans des cours d'eau encombrés de déchetsdéchets, dans lesquels l'eau circule mal. Et sur des régions non préparées à recevoir autant d'eau en si peu de temps, avec des réseaux vieillissants.

    De l’importance de l’adaptation au réchauffement climatique

    Certains notent d'ailleurs que de tels événements se produisent rarement sur la côte aride de la Libye. De quoi rendre particulièrement difficiles la conception et la constructionconstruction d'infrastructures résilientes.

    Le dernier rapport du Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, quant à lui, précise que le réchauffement climatique ne devrait pas rendre les medicanes plus fréquents. Mais il les rendra plus violents. Le medicane Daniel aurait-il été possible sans réchauffement climatique anthropique ? La question est complexe et les climatologuesclimatologues auront besoin de temps pour y répondre. Toujours est-il que, vu du ciel, le medicane Daniel et ses conséquences font froid dans le dosdos.

    Selon les experts, la situation sociale, économique et politique difficile du pays a aussi participé au lourd bilan de l'événement. Une situation limitant les capacités de prévision des services météorologiques locaux et des systèmes d'alerte et d'évacuation. Ainsi que les interventions des équipes de sauvetage. Sans parler des opérations de maintenance sur les infrastructures, comme les deux barrages qui ont rompu en ce début de semaine, amplifiant encore un peu plus les conséquences de la tempête Daniel.


    La Libye dévastée par des pluies diluviennes : le bilan des victimes s'annonce catastrophique

    La tempête Daniel avait déjà fait parler d'elle il y a quelques jours. Lorsque des pluies diluviennes s'étaient abattues sur la Grèce, la Turquie et la Bulgarie. Aujourd'hui, c'est la Libye qui est touchée. Le bilan pourrait être catastrophique.

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 12/09/2023

    La tempête Daniel, elle a ravagé la Grèce, la Turquie et la Bulgarie. Les dégâts sont considérables. Des pertes humaines sont à déplorer. La tempête Daniel aura fait au moins 27 morts dans ces trois pays. Le résultat d'une dépression bloquée par les oscillations du jet-stream dans une configuration que les météorologues appellent « en oméga ».

    Un événement météorologique extrême comme ceux que le réchauffement climatique va rendre -- et rend déjà -- de plus en plus fréquents et intenses. Un événement météorologique extrême dont le risque d'occurrence va augmenter avec chaque objectif de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre que nous manquons. Et, avec un blocage en oméga décalé de seulement une vingtaine de degrés vers l'ouest, c'est notre Languedoc-Roussillon qui se serait retrouvé sous les eaux.

    La tempête Daniel déferle sur la Libye

    La tempête Daniel, d'ailleurs, n'en avait pas tout à fait fini. Elle vient de provoquer de nouvelles inondations monstres. En Libye, cette fois. La ville de Derna, environ 100 000 habitants, frappée ce dimanche, a été déclarée « ville sinistrée ».

    Les pluies torrentielles et les inondationsinondations qui en ont résulté ont notamment provoqué la rupture de deux barrages. Des quartiers entiers ont été emportés par les eaux. Une agence humanitaire rapportait hier que les équipes de secours récupéraient des corps sans vie par centaines dans la ville inondée. Une « source officielle » évoquait, quant à elle, « au moins 150 personnes décédées ». Et les autorités de l'est du pays annonçaient déjà 2 000 morts. Selon elles, il pourrait y avoir plus de 5 000 personnes portées disparues. Des chiffres qui n'ont, pour l'heure, pas pu être confirmés. Même si La Croix-Rouge semble, elle aussi, estimer le nombre de morts à 10 000...

    Des inondations catastrophiques en Libye

    Les images publiées sur les réseaux sociaux sont terrifiantes. Digne du plus sinistre des films catastrophes. C'est pourtant bien ce qui est arrivé aux Libyens en ce début de semaine. Dans leur vraie vie.

    L'état d'urgence a été déclaré et un appel à l'aide internationale a été lancé.

    En parallèle, les scientifiques rappellent que le pourtour méditerranéen sera -- et est déjà -- durement touché par les effets du changement climatique. Pour le climatologue Christophe Cassou qui s'exprime à ce sujet sur X, « la région constitue une véritable zone témoin d'une planète qui perd son habitabilité pour tous ».