Avec cinq nouveaux sites classés sur la liste verte de l'UICN, répertoriant les sites naturels les mieux gérés et protégés au monde, la France est le pays qui en compte le plus. Des calanques marseillaises au îles Kerguelen, découvrez ces 10 trésors hexagonaux.
L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a intégré 15 nouveaux sites en novembre 2018 sur sa liste verte, qui en compte désormais 40. Lancée en 2014, cette initiative récompense l'efficacité de la protection et de la gestion des sites ayant un impact positif sur la nature et les populations. Elle permet également de mesurer les progrès vers l'Objectif 11 d'Aichi, pour la biodiversité des Nations Unies. Son ambition est que 17 % des zones terrestres et 10 % des zones marines soient efficacement conservées et équitablement gérées d'ici à 2020. Parmi les 15 nouveaux sites, 5 sont Français, ce qui fait de l'Hexagone le premier contributeur avec un total de 10 sites sur 40. Les voici en images et en vidéos.
Parc marin de la Côte bleue
Créée en 1983, cette aire protégée à l'ouest de Marseille couvre 189 km2 . De l'Anse des Laurons à l'ouest, à la Pointe des Corbières à l'Est, et sur le milieu marin adjacent jusqu'à 3 milles au large, la pêche, sous toutes ses formes, y est interdite ainsi que le mouillage des bateaux, le dragage et la plongée sous-marine, afin de reconstituer les biotopes naturels. Plusieurs récifs artificiels ont été immergés pour favoriser la colonisation des espèces et protéger les fonds marins.
Plongée dans le parc marin de la Côte bleue. © Raphael Colin, YouTube
Parc naturel régional des Vosges du Nord
Déjà reconnu réserve de biosphère par l'Unesco, le parc naturel régional des Vosges du Nord s'étend sur 1277 km2 dont les deux tiers sont couverts de forêts. Créé en 1975, il comprend aussi 2.350 hectares de vergers, 1.200 km de cours d'eau et 40 châteaux classés ou inscrits aux monuments historiques. Parmi les actions emblématiques de la réserve, la protection des faucons pèlerins : 124 fauconneaux ont pris leur envol dans cette réserve depuis 20 ans.
Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises
Les Terres australes françaises sont les plus vastes des rares terres émergées de l'océan Indien sud. La réserve est un site d'importance majeure pour la reproduction de nombreux oiseaux marins de de 205 espèces de poissons. L'archipel Crozet héberge, quant à lui, la plus vaste colonie mondiale de manchots royaux. Malgré sa taille immense (près d'un million de km2), elle bénéficie désormais d'une protection rapprochée, notamment contre la surpêche et contre les espèces invasives.
Réserve biologique intégrale du Bois du Loc’h
La réserve du Bois du Loc'h, dans la forêt domaniale de Landévennec, est la première réserve biologique de Bretagne. D'une surface de 66 hectares, elle vise à étudier l'évolution naturelle des habitants forestiers sans intervention sylvicole. Le site constitue un échantillon représentatif de la faune et flore de la région, avec une grande variété d'arbres, notamment une hêtraie-chênaie descendant jusqu'au bord de la mer. Une signalétique à but pédagogique a été mise en place à destination des promeneurs.
Réserve nationale de chasse et de faune sauvage d’Orlu
Nichée au cœur des Pyrénées ariégeoises, la RNCFS d'Orlu possède des habitats remarquables, comme les pineraies à crochet, des tourbières ou des pelouses sèches à orchidées. Elle accueille une flore diversifiée et une grande partie de la faune pyrénéenne (Isard, Grand tétras, ours brun...).
D'une surface de 44 km2, elle est gérée par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) qui y développe des programmes d'étude et de suivi de la faune sauvage.
La réserve nationale d’Orlu, dans les Pyrénées. © Vallée Orlu, YouTube
Parc naturel marin d’Iroise
Le parc naturel marin d'Iroise a rejoint la liste verte de l'UICN en 2014. Situé au large de la pointe du Finistère, c'est le plus grand parc naturel marin français avec ses 3.430 km2. La mer d'Iroise, qui jouit également du statut de réserve de biosphère de l'Unesco et Natura 2.000, possède un grand nombre de paysages représentatifs de l'environnement de l'Atlantique Nord-Est : dunes, falaises, landes, îles, fonds rocheux et sédimentaires... Elle a pour but le développement durable des activités maritimes.
Parc national des Pyrénées
Créé en 1967, le parc national des Pyrénées a pour objectif la préservation du patrimoine culturel et naturel, le soutien à l'agriculture et au pastoralisme, et la sensibilisation du grand public autour du développement durable. De nombreux inventaires et études scientifiques y sont également menés. Grâce aux différents niveaux d'altitude qui étagent la forêt, on y trouve une vaste diversité de paysages, de faune et de flore, ainsi qu'une riche histoire géologique.
Réserve naturelle marine de Cerbère Banyuls
La Réserve naturelle marine de Cerbère Banyuls s'étend sur 6 km2 sur la côte Vermeille, au nord de la frontière espagnole. Instaurée en 1974, elle garantit la protection de la biodiversité et participe au maintien de la pêche artisanale. Assez original, un sentier sous-marin a été créé pour découvrir ses 49 espèces protégées dont la posidonie, le corail rouge, la grande nacre et la datte de mer (bivalve), la grande cigale (crustacé), la raie blanche ou le grand dauphin.
Le sentier sous-marin de la Réserve naturelle marine de Cerbère Banyuls. © George George, YouTube.
Espace naturel sensible du marais d'Episy
Sur la liste verte de l'UICN depuis 2014, l'espace naturel sensible du marais d'Episy est situé à proximité de Fontainebleau en Seine-et-Marne. D'une surface de 41 hectares, il est aménagé avec un parcours de pontons de 1.200 mètres ponctué de points d'observation. On peut ainsi y apercevoir des espèces végétales rares, comme le scirpe à écaille ou la sanguisorbe officinale, ainsi que des libellules, amphibiens ou gorges bleues à miroir (petit oiseau ressemblant au rouge-gorge).
Parc national de la Guadeloupe
Créé en 1989, ce site est le premier parc naturel d'outre-mer français. D'une surface de 221 km2, il accueille la plus grande foret primaire des Petites-Antilles et les paysages emblématiques de l'île, comme le volcan de la Soufrière, les chutes du Carbet ou la mangrove du Grand Cul de Sac marin. Menacé encore aujourd'hui par l'urbanisation et la pollution, le parc naturel de Guadeloupe mène un programme volontariste de préservation et de sensibilisation via l'écotourisme.
Le chêne d’Henri IV dans le Tar-et-Garonne Dans les traditions populaires, on retrouve souvent nos vieux arbres comme compagnons provisoires d’un héros de l’histoire de France. Saint Louis rendait la justice sous un chêne, Jeanne d’Arc priait près d’un tilleul et Napoléon observait les champs de bataille depuis des points de vue ornés d’un grand arbre servant de repère. Près de la commune de Merles, dans le Tarn-et-Garonne, une fontaine abreuva en 1579 le bon roi Henri IV, de passage sur ces terres. Le gros chêne, qui domine le site, accueillit-il le Vert-Galant pour un repos réparateur, on peut l’imaginer. Toujours est-il que le chêne est depuis longtemps appelé au pays le chêne d’Henri IV.Cet arbre est un chêne pédonculé, appartenant à la famille des Fagacées, présent dans tout l’hémisphère nord mais préférant les altitudes inférieures à 1.300 mètres. Ce Quercus robur, chêne robuste, peut dépasser les 40 mètres de hauteur et son envergure est tout aussi impressionnante. Il vit gaillardement jusqu’à 500 ans et peut atteindre le millénaire. Le bois de chêne est un matériau majeur dont les qualités sont remarquables en charpenterie, en menuiserie, en tonnellerie ; évidemment, il est incontournable en ébénisterie. C’est un bois de cheminée qui chauffe bien et se consume lentement. Ses fruits, les glands, nourrissent les cochons et les sangliers. Autrefois, les tanneries récupéraient les écorces pour le tannage du cuir. Enfin, la sciure de chêne a fait les beaux jours de l’industrie papetière.© Georges Feterman, Futura
L'Érable de Montpellier dans les Deux-Sèvres La belle forêt de Chizé, établie non loin de Niort, réserve quelques belles découvertes aux visiteurs. Elle abrite notamment l’un des rares parcs animaliers, le Zoodyssée, entièrement dédié à la découverte et à la connaissance des animaux des forêts françaises, des cervidés aux sangliers, des petits mustélidés (belettes, martres, etc.) aux grands prédateurs européens, tels le lynx ou le loup. La particularité écologique du massif de Chizé réside dans la présence des hêtres, préférant les climats plutôt froids et humides, alors que le climat niortais ou poitevin est d’une grande douceur. C’est justement un arbre du sud, aux exigences opposées à celles du hêtre, qui attire l’attention, à quelques centaines de mètres du parc animalier, dans le village de Virollet.L’arbre en question est un érable de Montpellier aux dimensions exceptionnelles (3,45 mètres de circonférence), dont le port est d’une grande régularité et d’une belle esthétique, au milieu d’une prairie. Son âge est difficile à estimer, mais de telles dimensions pour un arbre qui, dans notre pays, reste plutôt à l’état d’arbuste laissent présager un âge de plusieurs centaines d’années.Cet érable est une énigme, tant par son envergure que son âge improbable car c’est un arbuste généralement de petite taille, à l’état naturel d’en moyenne 5 mètres, et de 10 mètres, s’il est cultivé. Et sa longévité n’excède pas 150 ans.L'Érable de Montpellier (Acer monspessulanum L.) est un arbre de la famille des Sapindaceae.On le trouve dans le pourtour méditerranéen, dans la garrigue méridionale, ou sous les climats aux hivers doux. En automne, il se distingue de façon spectaculaire par les couleurs éclatantes de son feuillage, rouge et or.© Georges Feterman, Futura
Les platanes du Musée Pétrarque dans le Vaucluse La jolie commune de Fontaine-de-Vaucluse, installée au bord de la Sorgue, est fière de ses deux célébrités. Le poète Pétrarque y vécut au XIVe siècle, déployant son talent dans ce vallon béni des dieux. Mais la plupart des visiteurs viennent pour admirer la résurgence qui, sortant en flots irréguliers du pied de la falaise calcaire, alimente la rivière Sorgue d’une eau pure, sortie d’un réseau souterrain méconnu.Cependant, en visite dans le village provençal, il ne faut pas oublier de pénétrer, par un discret passage couvert, dans le jardin du musée Pétrarque. Six platanes monumentaux semblent y danser une folle sarabande, les branches disposées vers le haut, comme pour faire la ronde. Leur âge est estimé à 200 ans, et leur disposition laisse entrevoir un choix esthétique du créateur du jardin. Dans celui-ci, d’autres arbres provençaux attirent également l’attention. Après cette visite horticole, celle du musée Pétrarque s’impose, pour connaître les liens entre le poète et le village.Introduit en France en 1660, le platane fait partie de la famille des Platanaceae, qui comprend une dizaine d’espèces, la plus répandue étant celle d’un hybride, le platane commun (Platanus acerifolia), issu du croisement d'un platane d'Occident (Platanus occidentalis), originaire des États-Unis, avec un platane issu d'Asie Mineure et des Balkans (Platanus orientalis). Sa silhouette aérienne nous est familière. On rencontre le platane le long des routes, son tronc poussant bien droit est idéal pour constituer des allées rectilignes ou orner les places de villages. Il tolère bien l’environnement urbain dont il supporte la pollution. D’une croissance rapide en sol profond et humide, le platane peut atteindre 30 mètres de hauteur. Il supporte bien la taille sévère d’où sa présence aussi en ville. Apprécié aussi son bois clair, dur et solide, c’est un matériau intéressant pour l’ébénisterie, d'une combustion propre.© Georges Feterman, Futura
Le hêtre monumental du Tarn La montagne Noire doit son nom à l’impressionnante couverture forestière de ses sommets granitiques arrondis. En liaison avec la rudesse du climat, deux essences se taillent la part du lion : le sapin et le hêtre. Quelques vieux sujets ont échappé à l’exploitation forcenée du XIXe siècle, destinée à fournir du bois aux multiples petites industries installées dans les vallées. L’un d’entre eux dresse sa fascinante silhouette près des ruines de la chapelle de Saint-Jammes de Bezaucelle, sur la commune de Sorèze. Sa circonférence de 6 mètres fait de lui le plus gros arbre de la montagne Noire, laissant imaginer un âge de plusieurs centaines d’années.Comme le chêne et le châtaignier, le hêtre (Fagus sylvatica) appartient à la famille des Fagacées. C’est un arbre élancé, qui peut atteindre 30 à 50 mètres de hauteur, surtout développé en Europe centrale, en plaine et en montagne. Le plus spectaculaire est sa variante, le hêtre pourpre, bel arbre d’ornement, d’une très grande élégance. De rares sujets, millénaires, ont été repérés dans la Marne ; cet arbre s’est adapté aux variations climatiques depuis la nuit des temps, des feuilles fossiles attestant sa présence sur Terre depuis au moins cinq millions d’années. D'un blanc rosé, lourd, dur et homogène, son bois est excellent pour les travaux de menuiserie et d'ébénisterie, ainsi que pour le chauffage.© Georges Feterman, Futura
Le platane du château de la Bûcherie dans l’Oise Caché dans le parc du château de la Bûcherie, qui se visite au moment des journées du patrimoine, un gros platane d’Orient émerveille tous ceux qui ont la chance de l’approcher à cette occasion. Ses dimensions exceptionnelles (8,30 mètres de circonférence) font de cet arbre un des géants d’Île-de-France, qui pourrait approcher les 500 ans. Certaines de ses branches charpentières sont si lourdes qu’elles reposent naturellement au sol, tentant de marcotter, et donc de s’enraciner, comme savent le faire les platanes.Ce Platanus Orientalis a reçu le label d’arbres remarquables par l’association ARBRES. Planté sous Louis XIV, ce bel arbre a une circonférence de 8,30 mètres, une hauteur de 38,40 mètres, avec une emprise au sol 1.500m2. Le platane peut avoir une longévité exceptionnelle pouvant aller jusqu’à 4.000 ans. Introduit en France en 1660, il fait partie de la famille des Platanaceae, qui comprend une dizaine d’espèces, la plus répandue étant celle d’un hybride, le platane commun, issu du croisement d'un platane d'Occident (Platanus occidentalis), originaire des États-Unis, avec un platane issu d'Asie mineure et des Balkans (Platanus orientalis).© Georges Feterman, Futura
Le cèdre pleureur des Hauts-de-Seine Il y a 150 ans, le pépiniériste, Gustave Croux observa, dans ses jardins de Châtenay-Malabry (92), un bien étrange cèdre dont les branches retombaient vers le bas. Lorsque survient ainsi ce que l’on appelle aujourd’hui une « mutation », deux possibilités s’affrontent. La première consiste à éliminer cet arbre laid et bizarre, qui a la mauvaise idée de retomber vers le sol au lieu de se diriger vers la lumière. Le pépiniériste considéra au contraire, deuxième possibilité, que ce variant génétique pouvait avoir un avenir commercial, séduisant les jardiniers par sa forme originale, ce qui se vérifia largement par la suite. L’arbre « originel » est toujours vivant, devenu au fil des temps une merveille végétale, occupant largement l’espace dans l’arboretum du parc de la Vallée-aux-Loups (92). À Orthez (64), un autre cèdre pleureur extraordinaire lui fait concurrence par sa beauté et l’originalité de son tronc tourmenté.Les cèdres sont des conifères de taille imposante de la famille des Pinacées, originaires du Moyen Orient, d’Afrique du Nord et de l’Himalaya. Ce Cedrus atlantica Glauca Pendula (photo) est une sous-espèce du cèdre de l’Atlas, lui-même sous-espèce du cèdre du Liban. Ce Cedrus libani se reconnait par la forme tabulaire au sommet qu’il prend à sa maturité. Il figure sur le drapeau du Liban dont il est l’emblème. Le cèdre du Liban s’est acclimaté en Europe où il a été introduit en 1650. On peut toujours admiré celui qui s’épanouit au jardin des Plantes, à Paris, et qui n’était en 1734, qu’un jeune plant ramené par le botaniste, Bernard de Jussieu. Quant au cèdre de l’Himalaya, il se reconnaît par sa cime conique et ses branches retombantes lui donnent un aspect pleureur. Présent sur Terre depuis la nuit des temps, le cèdre était déjà utilisé par les Égyptiens pour les sarcophages, son bois est quasiment imputrescible, très odorant, et son huile essentielle possède de multiples propriétés.© Georges Feterman, Futura
Les cormiers du Bas-Rhin La commune alsacienne de Marmoutier, blottie aux pieds des Vosges, tente de préserver un patrimoine arboré exceptionnel. Même si de nombreux cormiers ont malheureusement disparu, remplacés par une agriculture dévorante, il reste encore beaucoup de ces vieux arbres, 36 exactement, autrefois rassemblés en vergers de production. L’un d’entre eux est particulièrement spectaculaire, dépassant les 3,50 mètres de circonférence et les 250 ans d’âge. L’utilisation des fruits distillés pour produire du schnaps ne permet pas d’expliquer les nombreux cormiers autour de Marmoutier. Il est probable que le bois de cormier a servi pour les tablettes d’imprimerie des moines de l’abbaye voisine, qui s’étaient spécialisés dans cette activité. Une association locale, « Le bonheur est dans le pré », agit au quotidien pour préserver ce riche patrimoine arboré.Ce cormier, en raison de ses dimensions, de sa taille et de sa grande beauté, a été labellisé « Arbre remarquable de France », en 2016. Le Cormier ou Sorbier domestique (Sorbus domestica L.) est un arbre de plus en plus rare, il est considéré comme une espèce en danger en Suisse et en Autriche. Il fait partie de la famille des Rosacées. Contrairement au sorbier des oiseleurs, cet arbre est une espèce méridionale, originaire du Sud de l'Europe puis, qui s’est dispersée dans le reste de notre continent sous la Rome antique. Autrefois, le cormier était cultivé en tant qu'arbre fruitier, ses cormes étant particulièrement appréciées. Les Romains les faisaient fermenter pour en tirer une boisson ressemblant au cidre. Son bois, très dur et au grain compact, est employé pour réaliser des gravures et dans la fabrication des manches d’outils et des outils de traçage.© Georges Feterman, Futura
Les vieux ifs de la Manche La tradition des ifs funéraires trouve, dans le département de la Manche, son plein épanouissement. Beaucoup de cimetières paroissiaux, tous situés près de l’église du village, possèdent un vieil if, parfois millénaire, témoin de rites ancestraux où l’arbre était planté sur la tombe des notables, bien avant la christianisation de ces lieux de culte.On peut se faire une idée de l’âge de ces arbres vénérables en s’appuyant sur le fait que les ifs grossissent (mais ce n’est qu’une moyenne) d’environ 1 mètre par siècle. Un if de 10 mètres de circonférence approche ainsi le millénaire ! Citons quelques vedettes, perdues entre pays de Vire et Cotentin. À Brix et Montgardon, les ancêtres ont beaucoup souffert, tandis qu’à La Lucerne-d’Outremer, Nicorps et Le Chefresne, ils se portent assez bien. Le plus vieil if du département est sans conteste celui de Saint-Ursin. Entièrement creux, son tronc de 9,3 mètres de circonférence protège les enfants contre les maladies !Souvent considéré comme un résineux, l'if (Taxus baccata) fait partie de la famille des Taxacées. Il mesure entre 8 et 10 mètres, de croissance lente, mais certains sujets ont atteint des hauteurs d’environ 15 mètres et pour certains, l’âge vénérable de 2.000 ans. D’allure trapue et d’un port arrondi, son bois est souple, utilisé autrefois pour la fabrication des arcs. Mais ce que l’on aime plus chez cet arbre, ce sont les réalisations, comme avec le buis, de topiaires qui donnent du rythme et de la vie aux jardins à la française.© Georges Feterma, Futura
Les tilleuls de l'abbaye de Noirlac dans le Cher Ils sont 29, âgés de 300 ans, formant une allée majestueuse dans le parc de l’abbaye cistercienne de Noirlac. Tous ces tilleuls magnifiques ont été probablement taillés en même temps, car ils forment une voûte homogène derrière l’abbaye. En parcourant la nef austère et rigoureuse de l’édifice, soutenue par d’énormes piliers romans, on est saisi par la similitude entre son aspect et celui de l’alignement de tilleuls, rythmé par les troncs imposants des arbres tricentenaires.Certes, chaque arbre n’appartient pas à la famille restreinte des plus vieux arbres de France, mais l’alignement est incontestablement l’un des plus anciens de notre pays. Il est souvent difficile de conserver dans son intégrité un tel ensemble, et le renouvellement s’impose alors comme une nécessité. Si vous passez par Noirlac, recueillez-vous et priez pour que ce bel alignement demeure longtemps encore respecté dans son intégrité.Qui n’a pas en mémoire un tilleul et son parfum au printemps ? Ce tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) est un grand arbre faisant partie de la famille des Tilliacées. Il mesure entre 30 à 40 mètres, son cycle de vie peut aller jusqu’à 1.000 ans ! Poussant dans les régions tempérées d’Europe, il fut longtemps l’arbre du centre des villages, en France comme en Allemagne. Le tilleul est multi-usage : employé pour la petite menuiserie, recherché pour ses infusions et pour son miel, apprécié pour ses propriétés émollientes sur la peau.Son cousin, le tilleul à petites feuilles, (Tilia cordata), poussant lui à l’état spontané, fut choisi en France pour incarner les valeurs de la République à la Révolution française.© Georges Feterman, Futura
Le cade tourmenté de l’Aude Difficile de donner un âge à ce vieux genévrier, perdu dans la garrigue du pays des Corbières. Quand il vit le jour, il y a plusieurs siècles, le paysage devait être bien différent autour de lui. La « patte » de l’homme marquait beaucoup plus les paysages ruraux, dans lesquels chaque parcelle était cultivée. Il y a désormais moins de monde dans les campagnes, et le vieux cade pourrait le raconter. Il cache son tronc tourmenté au milieu des garrigues, prospérant sur un sol maigre et calcaire. Selon les anciens du village, il doit sa forme toute tordue à la neige qui, par son poids, fit rompre la partie supérieure du tronc. Après cette pesante épreuve, l’ancêtre reprit sa croissance de plus belle, en changeant de direction, anticipant peut-être d’autres catastrophes. En 2016, il fut désigné « arbre de l’année » pour le département de l’Aude à l’issue d’un concours local.Le cade (Juniperus oxycedrus) ou genévrier cade est présent dans les zones méditerranéennes, il est caractéristique de la garrigue provençale et du maquis. Il se plait dans les terres rocailleuses et arides, calcaires et acides. Rustique, l’arbrisseau peut atteindre des hauteurs de 14 mètres mais, généralement, il se contente de dimensions plus modestes.Ses fruits sont des baies appréciées pour la fabrication des alcools. Le bois de cade est réputé pour sa dureté et pour être quasiment imputrescible. Il est aussi travaillé en tournerie (tournage sur bois) qui révèle ses veines. Il est utilisé pour la fabrication des becs de flûte. Le cade exhale un parfum typique et était autrefois utilisé pour ses propriétés cicatrisantes, antiseptiques et désinfectantes. L’huile essentielle de cade est utilisée en aromathérapie.© Georges Feterman, Futura
Le châtaignier millénaire du Finistère Le plus gros châtaignier de Bretagne (14 mètres de circonférence) se cache sur un terrain de camping, entre Combrit et Pont-Labbé. Il est indispensable de demander l’autorisation des propriétaires du Camping des Châtaigniers pour approcher le colosse. L’aspect déstructuré de ses tissus végétaux et ses dimensions exceptionnelles plaident pour un arbre millénaire. La surprise est de taille en découvrant les jeunes pousses toutes récentes qui s’échappent du tronc tourmenté. Du jeune sur du très vieux, le monde végétal est vraiment incroyable, d’autant plus que le vieux châtaignier continue à fleurir et à produire des châtaignes, après mille ans de bons et loyaux services. Les anciens propriétaires de cette ferme reconvertie racontaient que l’ancêtre avait brûlé à plusieurs reprises, survivant à chaque fois au désastre avec une incroyable capacité de résilience.Et cela fait plus de 1.000 printemps que ce colosse végétal fleurit ! Estimation faite par dendrochronologie. En France, et probablement dans le monde, on ne connaît pas vraiment de concurrent à ce Castanea sativa, vivant approximativement depuis l’époque de l’empereur Charlemagne, vers l’an 800. Quelle santé ! Au plus fort de sa splendeur, la plus grosse branche mesurait 6 mètres de circonférence. Une petite baisse de régime cependant, avec un tour de taille de 14 mètres aujourd’hui, contre 21 en 1932. Il est difficile de se représenter l’ampleur de sa ramure couvrant une surface de 314 m2 et d’un diamètre d’environ 21 mètres. Son tronc est court, bosselé, craquelé, creusé, brûlé si profondément qu’il a fini par prendre un aspect minéral. Mesurant 16 mètres de haut, il est le dernier survivant de cette châtaigneraie bretonne maintenant disparue qui fut classée, en 1910, Monuments historiques naturels par le président Doumergue. Ses 23 autres congénères furent réduits à l’état de combustible et brûlés durant la seconde guerre mondiale.© Georges Feterman, Futura
Le chêne sur son rocher corse Entre le col de Bavella et le village de Solenzara, sur le bord de la D 268, une étrange chimère attire l’attention. Le couple, il faut l’avouer, est insolite ! Un vieux chêne pubescent s’est implanté dans une fissure d’un bloc de granite. Si la racine principale plonge effectivement dans la terre en étirant au maximum sa structure, l’écorce du chêne pluricentenaire s’est adaptée aux circonstances. Elle enveloppe le rocher comme le ferait un escargot géant avec son pied déformable. Ce lien fort entre le roc et les tissus végétaux n’est pas rare en Corse, où les chaos granitiques abondent, mais un tel étirement des tissus végétaux reste exceptionnel, donnant toute son originalité au site.Ce vieux chêne pubescent (Quercus pubescent), de la famille des fagacées, est une espèce qui favorise le développement des truffes. Il peut mesurer entre 10 et 25 mètres de haut. Son feuillage est marcescent, c’est-à-dire que les feuilles mortes ne tombent pas et sont expulsées par les nouvelles. L'existence de poils courts et mous sur leur face inférieure et sur les jeunes rameaux est une adaptation de l'arbre à la sécheresse, il présente d’ailleurs une bonne résistance aux incendies. Parfois appelé « chêne blanc de Provence », ce chêne ne se rencontre ni en Bretagne, ni dans les Landes. Il est présent surtout dans l'Europe du Sud et le Moyen-Orient.© Georges Feterman, Futura
Les châtaigniers millénaires de la Corse-du-Sud Le village de Zonza est bien connu des randonneurs qui se dirigent vers les sublimes aiguilles de Bavella, autour desquelles on admire d’impressionnants pins Laricio déformés par les vents dominants. De part et d’autre du village, de vieux châtaigniers déploient leur houppier depuis plus de mille ans. Il s’agit certes d’une estimation, mais la circonférence du tronc, plus de 10 mètres, permet de penser qu’il s’agit bien d’arbres millénaires. L’un d’eux se dresse dans une prairie privée (ne pas y pénétrer) face à l’auberge du Mouflon-d’Or. L’autre se situe en contrebas du village, sur la route de Bavella. Il faut repérer une borne rouge d’incendie, et emprunter le petit chemin qui part sur la gauche de la route. Le choc émotionnel est assuré en découvrant le tronc monumental et ses immenses charpentières.Le Castanea sativa, de la famille des Fagacées, est un arbre majestueux, de grande ampleur qui ne fleurit qu’au bout de sa vingtième année. Le châtaignier peut être millénaire. L’Europe est sa zone de répartition ; cette espèce couvre 774.000 hectares du territoire français. Durable et solide, son bois est utile dans la construction, le chauffage, la menuiserie et l’ébénisterie, il est aussi riche en tanins. Sa floraison est spectaculaire ; ses fruits, les châtaignes, sont comestibles ; raison pour laquelle dans certaines régions, comme les Cévennes, le châtaignier fut appelé « arbre à pain » ou « pain des pauvres » car ses fruits remplaçaient la farine de céréales. Celle-ci fut longtemps la base de l’alimentation des Corses. Aujourd’hui, cette farine est utilisée pour la confection de pâtisseries et de crêpes. La culture de châtaigniers et de ses fruits s’appelle la castanéïculture. Les châtaignes se dégustent en hiver sous diverses présentations : marrons glacés, grillés ou rôtis avec la dinde de Noël.© Georges Feterman, Futura
Le pistachier lentisque de la Corse Près d’une vieille bâtisse du joli village de Ghisonaccia, Élise, qui résidait ici depuis quelques années, avait bien repéré quelques branches mortes émergeant d’un sol remblayé par des travaux de terrassement. Poussée par la curiosité, elle fit dégager les remblais en question pour comprendre d’où venaient ces branches. Tel un trésor archéologique, elle venait de découvrir un pistachier lentisque monumental, qui avait survécu malgré l’ensevelissement qu’il avait subi. Le lentisque est plutôt un arbuste du maquis corse, mais celui de Ghisonaccia, avec ses 3 mètres de circonférence, pourrait être millénaire ! Un sacré rescapé, qui échappa ensuite à un incendie, sauvé par les pompiers d’extrême justesse.L’arbre au mastic (Pistacia lentiscus L.) appartient à la famille des Anacardiacées. C’est un arbuste au feuillage persistant typique de la garrigue provençale et du maquis des climats méditerranéens. La taille de cet arbrisseau varie entre de 3 et 6 mètres. Connu depuis l’antiquité, cet arbrisseau est originaire des régions du sud de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, régions où son huile est toujours consommée de diverses façons. Si son petit fruit est comestible et apprécié aussi en confiserie, c’est surtout pour sa gomme naturelle, dégageant une forte odeur balsamique, que cet arbre est réputé. Son efficacité thérapeutique, pour certaines affections, est connue depuis longtemps. Presque 200 grammes de résine, jusqu’à 4 kilos pour les plus exceptionnels sujets, sont récoltés par an.© Georges Feterman, Futura
Les oliviers du Musée Renoir dans les Alpes-Maritimes Dans le jardin de la villa des Collettes, de vieux oliviers accueillent les visiteurs. Ils font face au musée Auguste-Renoir, installé dans la maison où vécut le maître de 1907 à 1919, année de sa mort. Les oliviers en question inspirèrent Renoir, qui les représenta à plusieurs reprises. Il n’est pas rare de voir aujourd’hui de jeunes artistes exercer leur talent devant les troncs noueux des ancêtres végétaux. Il faut reconnaître que les silhouettes étrangement torturées des vieux arbres attirent le regard et suscitent l’admiration. Leur grand âge, estimé à plusieurs siècles, explique sans doute leurs formes étranges, à moins qu’ils n’aient voulu, par leurs torsions émouvantes, se faire aimer des peintres.Pendant les dernières années de sa vie, Auguste Renoir souffrait d’insupportables arthroses, qui lui déformaient les doigts et les articulations, comme autant de branches des oliviers. Il travailla ici jusqu’à ses dernières heures, veillé par les vieux oliviers, dont l’âge est estimé à 400 ans.L’olivier est un arbre fruitier qui, à l’abri du vent, peut mesurer jusqu’à 20 mètres. C’est une sous-espèce de Olea europaea, de la famille des Oléacées. L'olivier sauvage existait au Sahara, il y a environ 11.000 ans avant notre ère, période à laquelle s’est installé le climat méditerranéen. Sa domestication remonterait à 3.000 à 4.000 avant notre ère. Chanté et célébré par les poètes depuis l’Antiquité, l’olivier est un symbole de paix et un arbre sacré dans les religions monothéistes.L’arbre est aussi symbole de vie et de pérennité… Et pour cause, il peut vivre 1.000 ans voire, davantage. Il nourrit le corps, le cœur et l’esprit, avec ses olives, son huile et son bois dur qui fait le bonheur des sculpteurs et des ébénistes.© Georges Feterman, Futura