Roi de Navarre, prince protestant, il épouse Marguerite de Valois sœur du roi de France Charles IX, le 18 août 1572, soit cinq jours avant le déclenchement de la Saint-Barthélemy. Il devient roi de France après l'assassinat du roi Henri III en 1589. Jusqu'à l'édit de Nantes, son règne est synonyme de reconquête et de pacification du territoire. En 1598, la France d'Henri IV fait exception au milieu d'États qui ont opté pour l'uniformité religieuse : des protestants minoritaires peuvent exercer leur culte dans un pays catholique. Henri IV et ses conseillers économiques vont opter pour une politique de croissance osée : développement de la production agricole et des industries de luxe, choix du mercantilisme, encouragement à l'urbanisme parisien, modernisation des routes, tentative de colonisation nord-américaine... Vaste programme inachevé lorsque le roi est assassiné le 14 mai 1610 à Paris.

Biographie

Né à Pau, le 13 décembre 1553, Henri est le fils de la reine de Navarre, Jeanne d'Albret (nièce de François Ier) et d'Antoine de Bourbon, descendant du roi Louis IX (Saint Louis) et premier prince du sang. Cette filiation fait d'Henri de Bourbon un successeur potentiel des rois de France de la maison de Valois. Baptisé catholique, instruit calviniste par sa mère, il abjure sa foi protestante après le massacre de la Saint-Barthélemy en août 1572, puis redevient protestant en 1576 après sa fuite de la Cour de France. En 1584, il devient l'héritier légitime du trône à la mort de François d'Anjou, frère cadet du roi Henri III. Les troubles religieux s'exacerbent sous la pressionpression de la Ligue catholique (dominée par la famille de Guise) qui refuse de voir un protestant monter sur le trône.

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Portrait d'Henri de Bourbon, roi de Navarre, futur Henri IV, auteur anonyme vers 1575. Musée national du Château de Pau. © Wikimedia Commons, domaine public

Dans les années 1584-1588, s'affirme le charisme d'Henri de Navarre comme chef de guerre et de parti mais également comme héritier légitime au trône de France. En juillet 1585, Henri III accède aux exigences des ultra-catholiques (ligueurs) et conclut le traité de Nemours : la religion réformée est interdite ; ses adhérents doivent choisir entre l'abjuration ou l'exil dans les six mois. Henri de Navarre est déchu de ses droits à la succession. Le traité de Nemours est interprété par les réformés comme une déclaration de guerre et déclenche leur prise d'armes : Elizabeth d’Angleterre inquiète des progrès de la Ligue catholique, contribue au financement des protestants français. Une rencontre décisive a lieu à Coutras en octobre 1587 : l'armée royale affronte l'armée des réformés menée par Henri de Navarre et Henri de Condé qui vont être victorieux.

Après l'assassinat à Blois du chef de la Ligue, Henri de Guise, le 24 décembre 1588, Henri III se range du côté d'Henri de Navarre, en qui il voit un successeur à condition qu'il se convertisse au catholicisme. L'assassinat d'Henri III bouleverse la situation politique : le 2 août 1589, avant de mourir, le roi demande à la noblesse de prêter serment à celui qu'il désigne comme le nouveau souverain. Désireux d'obtenir le soutien des nobles et de l'armée royale, Henri IV publie (le 4 août 1589) la déclaration de Saint-Cloud dans laquelle il s'engage à maintenir la religion catholique dans le royaume et à réunir les États généraux.

Après quatre années de guerres menées contre la Ligue, le roi abjure le 25 juillet 1593 à la Basilique Saint-Denis ; il est sacré le 27 février 1594 en la cathédrale de Chartres, Reims étant encore aux mains des ligueurs. Henri IV reçoit le collier de l'Ordre du Saint-Esprit dont il est désormais le Grand Maître. Le pape Clément VIII lui donne l'absolution en novembre 1595 ; tous les obstacles sont levés pour que les catholiques modérés se rallient à lui.

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Portrait d'Henri IV en Mars vainqueur de la Ligue, par Ambroise Dubois vers 1605. Musée national du Château de Pau. © Wikimedia Commons, domaine public

Les atouts d’Henri IV

Ils sont multiples : le royaume de France reste fidèle au roi et l'attitude de la noblesse évolue ; beaucoup craignent les débordements populaires de la Ligue parisienne et estiment que leur autorité sera mieux assurée dans une monarchie forte. Le combat des catholiques modérés est favorable à Henri IV : ils se présentent comme les « bons François » face aux ligueurs qui se sont alliés à l'Espagne. Ils estiment que la cohésion du royaume ne sera pas ruinée par l'existence de deux confessions. L'obéissance des sujets est nécessaire pour assurer la pérennité de la monarchie, donc le ralliement à Henri IV devient une évidence.

Après deux ans de négociations, l’édit de Nantes (30 avril 1598) couronne l'action des modérés. La légalisation de la religion protestante et l'affirmation de la liberté de conscience n'empêchent pas le traitement inégal des deux religions. La religion catholique doit être restaurée partout dans le royaume et le calvinisme est « territorialisé » : les temples sont admis dans les lieux où le culte a été régulièrement célébré en 1596 et 1597, autrement dit dans toutes les cités du « croissant huguenot » (villes situées sur un arc géographique entre La Rochelle et Montélimar). L'État admet la tenue des synodes et contribue à l'entretien des pasteurs et des écoles mais les protestants doivent payer la dîme et respecter les fêtes chômées catholiques. Ils bénéficient de lieux de refuge et de places de sûreté  et l'accès aux offices leur est de nouveau reconnu puisque le roi refuse toute discrimination fondée sur la religion. Les offices constituent alors la principale voie d'élévation sociale et d'anoblissement. Les protestants forment désormais un « ordre », c'est-à-dire un corps juridique possédant ses privilèges et son droit particulier. En décembre 1599, Henri IV obtient l'annulation de son mariage avec la reine Marguerite de Valois (la « reine Margot ») et épouse Marie de Médicis en décembre 1600. Marie de Médicis met au monde le dauphin Louis (futur Louis XIII) en septembre 1601, assurant ainsi l'avenir de la dynastie des Bourbons.

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Édit de Nantes d'avril 1598 : seconde version adressée au Parlement de Paris pour enregistrement. Archives nationales de France, cote AE/II/763. © Wikimedia Commons, domaine public

Le redressement économique

Le roi et son conseiller Sully sont conscients que l'artisanat d'excellence a un rôle à jouer dans le redressement économique du royaume. Henri IV veut mettre en place un ambitieux programme de développement des manufactures, afin de limiter autant que possible l'achat à l'étranger de produits manufacturés. Les grandes tapisseries qui meublent les intérieurs sont des produits très recherchés : en 1601, le roi fait installer des tapissiers flamands dans les anciens ateliers des teinturiers Gobelin à Paris ; c'est la naissance de la future manufacture royale des Gobelins. Barthélemy de Laffemas, conseiller économique du roi, inspiré par les travaux de l'agronome OlivierOlivier de Serres, joue un rôle majeur dans le développement de l'industrie de la soie, en faisant planter des milliers de mûriers dans le Dauphiné et les Cévennes. Le canal de Briare reliant la Seine à la Loire, est le premier canal de transport fluvial creusé en France.

En 1604, Henri IV institue un impôt de succession sur les offices (charges administratives concédées par le roi et permettant l'anoblissement sous conditions) : l'officier doit verser annuellement un soixantième de la valeur de l'office pour que la charge devienne héréditaire ; ce sont autant de revenus supplémentaires pour le Trésor royal.

Henri IV va soutenir les expéditions maritimes vers la Nouvelle France : dès 1600, le roi accorde le monopole du commerce des fourrures au protestant Pierre Dugua de Mons puis il lui demande, sous les ordres de Samuel de Champlain, d'établir un poste français en Acadie. Ce sera sur l'île Sainte-Croix en 1604 et Port Royal, en Nouvelle France, au printemps 1605. Champlain fonde la ville de Québec en 1608 : c'est le point de départpoint de départ de la colonisation française en Amérique.

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Portrait de Maximilien de Béthune, duc de Sully (1559-1641), anonyme école française XVIe siècle. Musée des Beaux-Arts de Blois. © Wikimedia Commons, domaine public

Épilogue

La reine Marie de Médicis est officiellement couronnée le 13 mai 1610 et le 14 mai, Henri IV est assassiné par Ravaillac, rue de la Ferronnerie à Paris, alors qu'il se rend au chevet de Sully malade. Le roi est enterré à la Basilique Saint-Denis ; sa tombe est profanée en 1793, pendant les événements de la Terreur. Des débats scientifiques ont encore lieu aujourd'hui pour authentifier la fameuse tête momifiée attribuée à Henri IV.

Pistes de lecture

  • Max Gallo, Henri IV. Un roi français, Xo éditions, 2016.
  • Jean-Pierre Babelon, Henri IV, Fayard, 2009.
  • François Bayrou, Henri IV : le roi libre, Flammarion, 1994.