Le 18 octobre 1685, Louis XIV signe l'édit de Fontainebleau. Cet acte, qui révoque l'édit de Nantes signé le 13 avril 1598 par Henri IV, son grand-père, interdit l'existence du culte protestant en France. Le Roi Soleil, avide d'absolutisme et de centralisation, tente d'étouffer la pratique du culte protestant. Après « la Politique modérée », il autorisera les persécutions, provoquant une hémorragie démographique, désastreuse pour l'économie du pays et qui affaiblira le royaume.

au sommaire


    L'édit de Nantes a mis fin aux guerres de religion (massacre de la Saint-Barthélemy) sans jamais véritablement les éteindre. Toléré, le protestantisme est, malgré tout, toujours perçu comme une menace pour l'ordre du royaume, donc pour sa stabilité politique.

    La révocation de l'édit de Nantes : un instrument d'unification du royaume

    Dès 1661, Louis XIV applique l'édit de Nantes mais de manière restrictive, dans l'attente de la conversion des protestants, dits « les réformés ». Supportant mal que deux cultes religieux cohabitent dans son pays, le roi veut la réunification religieuse du royaume. Il mène alors la « Politique anti-réformée », qui tente d'étouffer « l'hérésie protestante ». Mais ces mesures répressives n'étant pas suffisantes et jugées trop modérées, le monarque prend nombre de mesures très sévères pour exclure les protestants de la vie civile et professionnelle.

    La Révocation de l'édit de Nantes. © Gravure de Jan Luyken (1649-1712), Gallica, BnF, département des Estampes et de la Photographie, DP

    La Révocation de l'édit de Nantes. © Gravure de Jan Luyken (1649-1712), Gallica, BnF, département des Estampes et de la Photographie, DP

    La conversion au catholicisme par la répression

    En 1681, Louis XIV décide d'employer la force pour obliger les protestants à abjurer leur foi. Il fait détruire les temples protestants et les écoles. Les réformés doivent se soumettre au baptême et au mariage catholiques. Il condamne à l'exil les pasteurs et interdit aux protestants, dits les huguenots, d'émigrer sous peine d'être enrôlés dans les galères. Il ordonne de faire baptiser tous les enfants à naître.

    En mars 1681, il autorise les Dragons, un corps d'armée particulièrement féroce, à faire des Dragonnades : les soldats logent chez les réformés, qu'ils maltraitent, dépouillent de leurs biens, pillent et parfois, tuent. Sous l'effet de la peur et de ces violentes répressions, les conversions forcées s'accélèrent.

    Mal informé, Louis XIV est persuadé, à l'été 1685, qu'avec la méthode forte, la pratique du culte a diminué. À ses yeuxyeux, l'édit de Nantes n'a plus raison d'être. Sous l'influence de l'Église catholique et de son entourage, Louis XIV promulgue alors la RévocationRévocation définitive de l'édit de Nantes. Le 18 octobre 1685, il signe l'Édit de Fontainebleau.

    La révocation de l'édit de Nantes : un quadruple échec

    Il est probable que l'entourage de Louis XIV (Madame de Maintenon, le père La Chaize) ait joué un rôle important dans cette décision. En effet, le roi, au début de son règne, n'était pas hostile aux réformés.

    Pourtant, bien qu'averti par ses ministres, Colbert, et Vauban, son architectearchitecte-ingénieur, Louis XIV s'aperçut trop tard des conséquences qui provoquèrent une véritable hémorragie démographique. Près 300.000 huguenots, issus de la bourgeoisie industrieuse et prospère, prirent la fuite clandestinement. Mais aussi les marchands, manufacturiers et artisans, emportant leur savoir-faire. Ils furent accueillis, dans le « Pays du Refuge », terme désignant le pays dans lesquels les protestants trouvèrent une terre d'asile : Suisse, Angleterre et Provinces-Unies des Pays-Bas.

    Cette perte de forces vives a grandement appauvri le pays tant sur le plan démographique qu'économique car les protestants se fondirent ensuite dans leur pays d'accueil qu'ils firent prospérer, que sur le plan religieux et politique.

    La révocation de l'édit de Nantes suscita une vive réflexion sur la tolérance religieuse en France comme en Europe.