« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, plongeons dans les abîmes pour retrouver un animal drôlement intelligent : la pieuvre.


au sommaire


    La pieuvre est un animal étonnant. D'apparence, déjà, avec ses huit bras et son sang bleu. Un drôle d'habitant des mers. Drôle... et futé. Parce que la pieuvre est l'un de ces animaux auxquels les chercheurs ont, au fil du temps, découvert une intelligenceintelligence tout à fait hors norme.

    Depuis des années maintenant, les scientifiques scrutent la pieuvre sous tous les angles. Avec l'espoir de comprendre enfin comment elle a pu en arriver là. Il ne fait aucun doute que ses quelque 500 millions de neuronesneurones ont aidé. 500 millions, c'est autant qu'un chien. Excusez du peu !

    Mais peut-être que les 33.000 gènesgènes que les chercheurs ont pu identifier pour l'une au moins des 700 espèces de pieuvre qui existent au monde n'y sont pas pour rien non plus. Ou au moins certains d'entre eux. Des gènes pas tout à fait comme les autres. Ceux que les scientifiques appellent des gènes sauteurs. Ou, plus techniquement parlant, des éléments transposables. Parce qu'il est question ici de fragments d’ADN qui peuvent non seulement se copier, mais aussi se déplacer d'un endroit à un autre sur les chromosomeschromosomes de la pieuvre.

    Des gènes sauteurs chez les Hommes comme chez la pieuvre

    Il faut savoir que plus de 45 % de notre génomegénome est composé de tels gènes sauteurs. La plupart d'entre eux restent silencieux. Certains parce que des mutations les ont inactivés. D'autres parce qu'ils sont bloqués par des mécanismes de défense cellulaire. Ils restent toutefois utiles à l'évolution. Comme une sorte de « matièrematière brute » qu'elle pourrait façonner.

    Les Long Interspersed Nuclear Elements (Line), eux, constituent une famille de gènes sauteurs toujours actifs chez les Hommes. Les chercheurs ont découvert que leur activité est finement régulée... dans notre cerveaucerveau. Les éléments transposables Line, particulièrement actifs du côté de notre hippocampe, seraient associés à certaines de nos capacités intellectuelles comme l'apprentissage ou la mémoire.

    Voir aussi

    Bêtes de science : l’intelligence hors norme de la pieuvre

    Revenons maintenant à notre pieuvre. Elle aussi dispose de gènes sauteurs. Pour la plupart inactifs. Mais au moins un gène actif de la famille des Line que l'on retrouve dans le cerveau de l'animal. Les chercheurs l'ont identifié chez deux espèces de pieuvre. La pieuvre commune et la pieuvre à deux points de Californie, et plus exactement dans le lobe vertical de leur cerveau. Une structure qui, à l'instar de notre hippocampe, se trouve être le siège des capacités d’apprentissage et plus largement, de cognitioncognition, chez cet invertébré décidément pas comme les autres.

    Cela constitue possiblement un exemple fascinant d’évolution convergente

    Il n'en fallait pas plus pour que les chercheurs s'enthousiasment, vous imaginez. On peut les comprendre : mettre à jour une telle similitude entre les Hommes et des animaux aussi éloignés -- a priori -- que les pieuvres, ce n'est pas courant. Cela constitue possiblement un exemple fascinant d'évolution convergente. Le genre de phénomène au cours duquel deux espèces génétiquement très différentes développent, indépendamment l'une de l'autre, un même processus moléculaire en réponse à leurs besoins.

    Autre motif d'excitation, le fait que l'identification de ce gène sauteur Line dans le cerveau de la pieuvre le propulse au rang de candidat numéro un des éléments à étudier pour améliorer les connaissances que nous avons sur l'évolution de l'intelligence. Avec la possibilité de comprendre un peu plus encore pourquoi la pieuvre n'est réellement pas si bête !

    Les abysses, ces merveilles des profondeurs, en 40 photos

    La donzelle qui fait toujours grise mineMéli-mélo d'ophiures et de corauxUn Rhinochimaerida au nez bien retrousséLa baudroie des abysses, un poisson effrayantUne ophiure sur son corailCorail champignon (Anthomastus ritteri)Méduse des abyssesLe Saccopharynx ou GrandgousierL'adorable poulpe Dumbo (Grimpoteuthis sp.)Montagnes sous-marines au cœur d'une plaine abyssaleLe grenadier vitrier (Hymenocephalus italicus), un poisson des abyssesL'éponge globe verdâtre (Latrunculia apicalis)Le calamar bijou de l'Acturus (Stigmatoteuthis arcturi) et ses yeux étonnantsZancleopsis, une créature des abysses de 3 cmAequorea victoria, une méduse bioluminescenteRhizophysa, une étrange espèce marineLe ver annélide Tomopteris, une merveille des profondeursUn mollusque éléphant de mer, appelé Carinaria japonicaLa méduse casquéeUn cténophore, appelé Beroe forskaliiMeganyctiphanes sp.Cténophore non identifiéLa méduse Botrynema bruceiPhysophore vahinéLa méduse Pegantha sp.La méduse Atolla WyvilleiLa méduse Mitrocoma cellulariaLimace à nageoires effiléesEponge lampadaireDragon à ventre noirDragon-boaUn ver tubicole géant, Riftia pachyptilaMysidacéLa grande rougePoulpe à ventouses lumineusesPoisson ogreVise-en-l'airMéduse du genre BenthocodonMertensia ovumPoulpe Dumbo
    La donzelle qui fait toujours grise mine

    Les donzelles sont des poissonspoissons abyssaux qui ressemblent un peu aux anguillesanguilles et aux murènes. Ils font partie de la famille des Ophidiiformes. Le spécimen sur cette photo a croisé le chemin des scientifiques a environ 1.585 mètres de profondeur. Il vit dans les mers tempérées et tropicales du monde. Cette donzelle au visage particulièrement renfrogné a été immortalisée dans le golfe du Mexique. 

    © Image courtesy of the Noaa Office of Ocean Exploration and Research, Gulf of Mexico, 2017